Un hommage à Shireen Abu Akleh, figure du journalisme palestinien tombée en martyr le 11 mai dernier sous les balles de l'armée sioniste à El Qods Occupée, été organisé mercredi soir à Alger en commémoration du 40e jour de sa disparition.
Organisé à la Villa Abdeltif par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et le Centre National de cinéma et de l’audiovisuel (Cnca), l'hommage a été marqué par la projection du long-métrage palestinien "Palestine Stéréo" de Rachid Masharawi, un récital musical avec le luthiste Sensabyl Baghdadi en plus de témoignages de collègues et amis de la défunte.
Placé sous le signe "Rose et Bougie pour Shireen", l'évènement a été entamé par la projection d'une interview avec la journaliste, réalisée par la chaine Al Jazeera, dans laquelle elle revient son long parcours professionnel et ses expériences sur le terrain comme reporter dans les territoires palestiniens occupés.
Livrant des témoignages sur leur collègue de la chaine qatarie, Samir Abu Shamala qui a partagé des moments avec la défunte au bureau de Palestine, a décrit Shireen comme une collègue exemplaire et une référence dans le travail journalistique.
Pour sa part, son collègue Wissam Hemmad a déploré la perte d'une journaliste courageuse et une amie. Visitant le bureau de la défunte, il a fait part d'un projet de musée où seront accueillis tous les objets personnel et professionnel de Shireen.
Le directeur du bureau d'Al Jazeera en Palestine, Walid Al Oumri, a qualifié l'assassinat de Shireen Abu Akleh de "perte" sur le double plan professionnel et personnel. Son assassinat par les forces d'occupation est, dit-il, " une affaire d'opinion publique et une question humanitaire".
L'évènement a été également ponctué par la projection du long métrage de fiction "Palestine Stereo" du réalisateur palestinien Rachid Mashrawi. D'une durée de 120 mn, cette fiction raconte l'histoire de Sami, un jeune palestinien et son frère ainé, Milad, alias Steréo, qui décident d'immigrer en Australie. Suite à un bombardement par l’armée coloniale de l’immeuble dans lequel ils habitaient, Sami est devenu sourd-muet et Stereo a perdu sa femme. "Palestine Stereo" décrit l’absurdité de la vie en Palestine, en dressant avec dérision un tableau de situations à la fois cocasses et dramatiques.
Des représentants du ministère de la Culture et des Arts et de l'ambassade de Palestine en Algérie ont assisté à cet évènement en hommage à la journaliste vedette d'Al Jazeera, tuée alors qu'elle couvrait une opération des forces d'occupation sur le camp de réfugiés, dans le nord d'El Qods Occupée.
Indispensable instrument de travail, cet atlas aux 135 cartes commentées et accompagnées d’illustrations, commis par Karim Chaïbi, un chercheur spécialiste de la Sétif romaine et de la guerre d’indépendance. Un article de nos confrères du journal « le Matin » à Alger.
Isoler l’Algérie dans une approche exclusivement nationaliste serait négliger les ensembles maghrébin, méditerranéen, saharien, africain, mais aussi les apports orientaux et occidentaux contenus dans ce guide.
Dans une lumineuse préface Jacques Frémeaux rappelle combien l’espace et le temps, c’est-à-dire l’histoire et la géographie, permettent de situer les événements marquants de l’histoire et du devenir de la nation algérienne. Et ce, du paléolithique aux conséquences du Hirak et de la pandémie. Et de poser, évidemment, la question de l’unité de cette longue histoire. C’est dire l’actualité de cette recherche essentielle à partir d’une interrogation sur l’unification du Maghreb central avant l’occupation ottomane. En fait, souligne Jacques Frémeaux, l’histoire algérienne progresse par ruptures, sur le substrat d’un vieux fond ethnique et religieux.
L’étude de Karim Chaïbi débouche aussi, à travers toutes les couches de l’histoire algérienne, sur le rapprochement des mémoires. En bref, sur l’humus à nul autre pareil de l’Algérie, cet ouvrage synthétique, si bien écrit, enrichit l’avenir par la richesse d’un passé à nul autre pareil.
En tenant compte de tous les Atlas disponibles, depuis celui de Ptolémée ou ceux des cartographes arabes et ottomans, cette cartographie historique s’articule en onze chapitres. La genèse du territoire fait notamment référence à l’apport phénicien plaqué sur le substrat berbère, dont Utique et un port environ tous les 40 kms de côte, témoins des liens des souverains massyles avec Carthage. Le riche chapitre consacré à la civilisation romano-africaine n’oublie ni Massinissa, ni Jugurtha en montrant comment l’Afrique devient une terre d’enjeux, autant politiques qu’économiques, pour le pouvoir romain. On suit César face à Pompée, puis la vassalisation des derniers souverains locaux, dont le savant Juba II.
L’Africanova, grenier à blé de Rome, produit aussi vin et huile et attire des colons romains qui sont souvent des vétérans des légions, dont la célèbre IIIe Legio Augusta qui, depuis Lambèse, ceinture l’Aurès (fondation de Timgad sous Trajan) et contrôle les pistes caravanières. C’est l’âge d’or de l’Algérie sous la Pax romana, malgré la révolte des Bavares matée par Hadrien dans le centre et l’Est.
Les empereurs multiplient les fondations de cités comme Sétif ou Djamila (en tout 500 cités de 5 000 à 10 000 habitants, administrées par des magistrats élus, symboles de « l’intégration » par la naturalisation des Maures et des Numides).
Les cartes sont d’une grande utilité pour comprendre, après l’apogée au début du IIIe siècle, les soubresauts de l’Algérie romaine au temps de la christianisation et des révoltes berbères.
A juste titre, l’auteur rappelle l’antériorité de la diaspora juive en Algérie et la richesse de l’église que Dioclétien n’arrive pas à contrôler. Les donatistes finissent d’ailleurs par s’armer et, au IVe siècle, coupent l’approvisionnement de Rome en blé. Saint Augustin n’est pas oublié, jusqu’à sa mort en 430 dans Hippone assiégée par les Vandales.
Ces derniers ne contrôlent qu’une partie Nord et Est de l’Afrique romaine, laissant subsister des royaumes romano-berbères qui résistent, sous Justinien et le général Solomon, à une tentative de reconquête byzantine.
Mieux connue, la deuxième partie consacrée à la civilisation arabo-musulmane est tout aussi bien illustrée. Il est toutefois dommage que la grande figure de la Kahina n’ait pas été évoquée car, de 670 à 698, la résistance des royaumes berbères à l’invasion arabo-syro-libyenne fut acharnée. Parmi les rubriques originales, les chemins du prédicateur chiite Abu Abdullah originaire de Syrie (fin IXe siècle), la révolte d’Abu Yazid liée à la doctrine kharidjite finalement vaincue par une armée fatimide vers 960, tandis que, neuf ans plus tard, une armée « algérienne » (les Kotama et des Ziride de l’Ouest) fonde Le Caire.
Des photos complètent cartes et commentaires, dont celle de la page 77 d’un des plus vieux minarets d’Algérie. A noter l’itinéraire algérien du grand Ibn Khaldoun qui eut le courage de rencontrer Tamerlan.
La troisième partie concerne l’Empire ottoman et le pachalik d’Alger. Un souffle braudélien anime les rubriques consacrées à la Méditerranée en 1492, les conquêtes des Espagnols et des Ottomans de 1509 à Barberousse en 1534, et Alger et la Méditerranée au XVIe siècle (1541 et non 1571, bataille d’Alger contre Charles-Quint). La description de l’Algérie ottomane du XVIIe au début du XIXe siècle tient compte des relations internationales et de la pression européenne cherchant à annihiler les forces « barbaresques » par le blocus maritime. L’auteur rappelle le nombre des révoltes tribales en Kabylie entre 1810 et 1824, ce qui remet en cause l’idée d’une unité algérienne sous l’égide de la Sublime Porte et relance l’interminable débat sur l’antériorité de la nation algérienne.
La quatrième partie reprend en les illustrant nombre de travaux fondamentaux sur la conquête française, la colonisation et l’acculturation. La difficile conquête est bien soulignée (dont les expéditions contre la Constantine d’Ahmed Bey et la Kabylie). Une des cartes les plus novatrices évoque les campagnes de 1871 à la suite de la Grande révolte, régions de Miliana et Ouargla entre autres. Un texte précieux concerne la diaspora des prisonniers algériens dans le monde (Guyane, Nouvelle-Calédonie et Obock entre 1852 et 1953).
Les quatre parties suivantes tiennent compte des travaux les plus récents pour illustrer fort à propos la période allant de 1914 à 1962, de la montée du nationalisme algérien à l’exil des Français d’Algérie et des harkis.
A retenir : l’offensive des troupes algériennes en Alsace et Allemagne en mars-avril 1945, la carte et le texte sur les « exécutions sommaires préventives à Guelma » en mai-juin 1945, l’ALN à son apogée en 1957, le texte relatif à tous les centres de rétention, y compris les sinistres 47 DOP, mais aussi la clarté de la carte du plan Challe, les sites français du Sahara et le plan de Paris lors de la « ratonnade » du 17 octobre 1961.
L’auteur fait preuve d’une courageuse sérénité dans les deux dernières parties consacrées aux trente ans de reconstruction autoritaire suivant la liesse de l’indépendance algérienne, puis les années de sang de 1991 à 1999 avant l’ère Bouteflika précédant le Hirak.
Les cartes des années Ben Bella comportent les attaques de l’ALN contre les groupes politiques dissidents et la « guerre des sables » de 1963. La carte des années Boumediene contient les phases du projet de « barrage vert » (Nord Sahara, hauts plateaux) illustrée par des timbres d’époque. Le précis des années Chadli évoque la montée du FIS et les premiers maquis islamistes depuis 1985 (dont la région de Larbaâ et le MIA ou Mouvement islamique armée).
La carte « guerre civile et massacres (1996-2001) » rappelle que pour la seconde fois de son histoire au XXe siècle l’Algérie a connu des flux migratoires à l’intérieur de ses frontières et vers la Tunisie.
L’analyse du l’ère du clan Bouteflika contient les principales opérations militaires de 2001 à 2006 (Ouest, Kabylie et Sud-Est du pays), des divers trafics (drogues et cigarettes), des flux migratoires transsahariens et des ressources en hydrocarbures et minerais.
En bref, ce guide précieux est un des plus importants ouvrages jamais consacrés à l’Algérie.
Karim Chaïbi¸ Atlas historique de l’Algérie, préface de Jacques Frémeaux, Nouveau Monde Editions, février 2022, 414 p., 27,90 euros.
Le 5 juillet prochain, le pouvoir algérien devrait procéder à une large amnistie dont bénéficieront la plupart des trente généraux placés en détention depuis la démission de l’ex Président Boutefika en 2019. Il s’agit surtout pour ce régime terriblement affaibli de retrouver un consensus au sein de son armée, d’élargir sa base sociale et de rallier quelques personnalités indépendantes de la société civile algérienne et du Hirak. Un vaste programme !
Les hommes du général Mohamed Mediène, dit « Toufik », le véritable patron de l’Algérie pendant un quart de siècle (1990-2015) sont revenus aux afaires. Pour le meilleur et e pire.
» Si les clans militaires continuent à régler leurs différents en envoyant leurs pairs en prison, l’institution militaire risque l’implosion, et le pays avec », explique un homme d’affaires français très lié aux militaires algériens. Et le même d’ajouter: »Au moins trente généraux sont aujourd’hui détenus. Plus personne n’ose bouger. Il est urgent de retrouver un consensus au sein de l’armée et d’élargir la base sociale du régime algérien ». En d’autres termes, la politique répressive qui n’a jamais cessé depuis le début des mobilisations du Hirak voici trois ans et les règlements de compte au sein des élites ne suffisent plus à garantir la stabilité du pays. » Dans les hautes sphères du pouvoir algérien, il y a le feu au lac.
« Primus inter pares » d’une institution militaire restée collégiale, le chef d’état major, le général Chengriha n’est pas un perdreau de l’année. Formé à l’ancienne en ex Union Soviétique et patron de l’armée de terre, le corps le plus puissant et le plus traditionnel de l’institution militaire, ce haut gradé possède une vision strictement sécuritaire de son pays. Face à un Maroc renforcé par des liens très forts avec Israel et les Émiratis et qui a vu les Américains reconnaitre la marocanité du Sahara, les généraux algériens ont le sentiment non feint que le pays serait véritablement encerclé par des forces hostiles. Ce qui n’est pas forcément faux à en juger par les succès diplomatiques marocains.
Du coup, l’État Major a renforcé son alliance stratégique avec la Russie et affiche une hostilité résolue à l’égard du frère ennemi marocain. D’où l’éviction brutale et récente du général Mohamed Kaidi, interface décisive entre les régions militaires et l’État Major et possible successeur de Chengriha. La faute principale de cet officier reconnu et populaire aura été d’afficher des positions pro occidentales et modérées à l’égard du Maroc. Pour autant, le général Chengriha et ses pairs, hantés par le spectre des émeutes d’octobre 1988 où l’armée algérienne avait du tirer sur les jeunes en colère, sont en quête d’une feuille de route crédible qui ne peut se résumer à la lutte contre l’ennemi intérieur, de préférence islamiste.
Le président Tebboune, simple façade civile du pouvoir militaire, a tenté une alliance au long cours avec l’État Major, sans véritablement peser sur les choix diplomatiques et stratégiques de l’Algérie
Terre brulée
Dès son arrivée au sommet de l’institution militaire au début de 2020, le général Chengriha a cherché à reconstituer l’unité d’une armée secouée par les purges successives de son prédécesseur, feu le général Gaïd Salah. Lequel avait tenté d’éradiquer les réseaux de l’ex DRS, ce puissant service secret créé par le fameux général Toufik, l’homme fort du système algérien pendant un quart de siècle évincé en 2015. Les hauts cadres de ce service secret, dont plusieurs avaient été placé en détention en 2019, ont été rappelés par le général Chengriha et nommés à des postes stratégiques.
Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier minsitre et ex ambassadeur à Paris, est une des personnalité spolitiques les plus reconnues en Algérie
Nettement plus avertis que les généraux blanchis sous le harnais sur les mouvements de la société algérienne et connus pour leurs relais dans le monde associatif et politique, les hommes de l’ex DRS, souvent passés par la case prison, sont aujourd’hui à la manoeuvre pour définir la nouvelle feuille de route du pouvoir. Ce sont eux qui poussent désormais à un sursaut au sein de l’Institution menacée d’implosion: décréter une amnistie générale; mettre fin à la guerre des clans; à tendre la main à des personnalités politiques reconnues comme l’ancien ministre des Affaires étrangères Taleb Ibrahimi ou l’ex Premier ministre Sid Ahmed Ghozali; diviser le Hirak pour mieux éteindre la contestation; ramener au bercail les brebis égarées de l’islamisme violent; et enfin, pour ces gardiens du temple étatique, dissuader l’actuel Président Tebboune, vieux, fatigué et marginalisé, de se présenter pour un deuxième mandat. « On ne peut pas écarter l’hypothèse, dit-on au Quai d’Orsay, que certains clans au sein de l’armée cherchent également à pousser le général Chengriha vers la sortie, à en juger par les campagnes orchestrées contre son fils, payé par l’ambassade algérienne et qui mène joyeuse vie à Paris ». ».
Brillant, expérimenté, proche de l’ex DRS et au mieux avec les Russes comme avec les Français, l »actuel ministre des Affaires Étrangères, Ramtane Lamamra, ferait en effet un Président très comestible aux yeux de beaucoup. On l’a vu récemment venir au secours du « Haut conseil de sécurité de l’armée », l’instance clé su système de pouvoir en Algérie qui avait adopté une position très agressive à l’égard de l’Espagne en se mettant ainsi à dos l’ensemble de l’Union Européenne.
La bande des quatre
Quatre hauts gradés, issus des services secrets algériens, tentent chacun dans sa sphère d’influence, d’occuper le terrain politique. Le général Toufik qui reçoit beaucoup de monde dans sa villa d’un quartier résidentiel d’Hydra, en compagnie du général Nezzar, l’ancien ministre de la Défense des années noires, joue un rôle de parrain attentif, mais sans vraiment arbitrer entre ses anciens collaborateurs revenus aux affaires.
–Le colonel Djebba Menah, qui dirige une discrète direction centrale du renseignement taillée sur mesure pour lui, est un ancien collaborateur de Toufik en charge aujourd’hui de la lutte contre l’action subversive. Longtemps, ce militaire sans états d’âme s’appuyait sur le colonel Hocine Boulahya, un ancien du DRS rattaché aux services extérieurs (DDSE). Lequel montait des « opération spéciales » contre les opposants à l’étranger. Trop brutal et incontrôlé, ce dernier a été remercié, voici deux mois, par le général Chengriha qui tente, non sans mal, de maintenir un certain légalisme dans les initiatives de la barbouzerie algérienne
–Le colonel Chafik Mesbah, ancien du DRS et conseiller aux affaires réservées du Président Tebboune, joue un rôle majeur pour débaucher des personnalités politiques reconnues et ou servir de trait d’union entre la Présidence et l’État Major
–Le général Abdelaziz Medjahed, un ancien également du DRS et l’actuel directeur de l’Institut des Hautes Études Stratégiques (INSEG), joue le rôle d’une utile boite à idées auprès de l’institution militaire sur les terrains les plus variés, politique, économique ou diplomatique
-Le patron de la DCSA (renseignement militaire), le général Sid Ali Ould Zemirli, est à priori l’homme de confiance du chef d’état major, le général Ghengriha. Encore que ce gradé a été en 1988 le chef de cabinet du général Toufik, nommé à l’époque à la tète de la DCSA avant de prendre deux ans plus tard la tète de l’ensemble des services du DRS. Cette double allégeance ainsi que la place dominante qu’occupe désormais le renseignement militaire donnent au général Zemirli un rôle clé dans l’État profond algérien.
Plus que jamais, la formule du Président Boumedienne selon laquelle « l’armée est la colonne vertébrale de l’État et les services sa moelle épinière » reste d’actualité.
Cette décision peut être lue de deux manières : la première est que les relations franco-algériennes vont mal et la seconde, est que la génération arabisante semée par Boumediene est en pleine floraison.
Le changement de cap (s’il n’y en a jamais eu) est survenu, un beau matin, à la suite d’une énième saute d’humeur des dirigeants algériens après le tour de vis sur les visas, voulu par le gouvernement français, pour forcer la partie algérienne à reprendre ses « rebuts humains ».
Manque de bol, le régime algérien avait la main sur un autre levier important : celui de l’espace aérien qui fut provisoirement interdit aux avions militaires français en partance au Sahel avant qu’il ne soit réouvert après moultes courbettes macroniennes. Trop de cartes entre les mains de la partie algérienne font basculer le jeu en sa faveur.
Les « Algériens » ne décolèrent pas pour autant et foncent, tête baissée, dans la logique de la boudeuse offusquée et annoncent en grande pompe la décision de « relibérer définitivement » le pays de la langue du toujours colonisateur français.
Une « décision » plébiscitée par tous les arabistes, courant devenu ultra-majoritaire, et tous les derniers de la classe qui pensent reprendre enfin les dernières positions qu’ils ne tiennent pas encore dans l’enseignement et les administrations. Une revanche sur l’insolente réussite des francisés dans les domaines des sciences et technologies. Place aux ratés de la République et à leur idéologie arabo-islamiste mortifère. Place aux frérots-salafistes et à plus d’opportunisme.
L’arabe n’étant toujours pas une langue de science (et ce, malgré tous les milliards dépensés par les 25 « zaïms » arabes depuis 60 ans), on a, za3ma, choisi l’anglais, pour tenter une nouvelle aventure de vol plané en attendant l’inévitable crash à venir. Un vol sans préparation, ni cap, ni pilote, ni accompagnateurs, ni plan de vol.
Au moment où des centaines de fifilles et fifils à papa voleurs (qui ont chacun une mainmise sur un bout d’Algérie) courent, haletant, derrière le bac français au lycée français du coin, le reste du pays se prépare à faire un plongeon dans un inconnu connu, celui de l’échec recommencé.
L’échec n’engendrant que la faillite et le délitement. De l’immobilisme à la cryogénisation. On progresse!
Il est « profondément troublant que les autorités israéliennes n’aient pas ouvert d’enquête judiciaire » sur la mort de la journaliste palestino-américaine, a souligné la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Des Palestiniens rendent hommage à la journaliste d’Al Jazeera assassinée Shireen Abu Akleh dans la ville de Gaza, le 17 mai 2022 (AFP)
« Toutes les informations que nous avons recueillies – y compris de l’armée israélienne et du procureur général palestinien – corroborent le fait que les tirs qui ont tué Mme Abu Akleh et blessé son collègue Ali Sammoudi provenaient des forces de sécurité israéliennes et non de tirs indiscriminés de Palestiniens armés comme l’affirmaient initialement les autorités israéliennes », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat, lors d’un point de presse à Genève.
« On a délibérément tenté de nous tuer » : un témoin oculaire raconte la mort de la journaliste d’Al Jazeera
« Nous n’avons trouvé aucune information suggérant qu’il y ait eu une quelconque activité de Palestiniens armés à proximité des journalistes », a souligné la porte-parole, estimant qu’il était « profondément troublant que les autorités israéliennes n’aient pas ouvert d’enquête judiciaire ».
La journaliste vedette de la chaîne Al Jazeera portait une veste pare-balles sur laquelle était inscrit le mot « PRESS » et un casque de protection lorsqu’elle a été atteinte d’une balle juste sous la coupe de son casque. Elle se trouvait aux abords du camp de réfugiés de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes où les forces israéliennes menaient un raid.
« La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, continue d’exhorter les autorités israéliennes à ouvrir une enquête pénale sur le meurtre de Mme Abu Akleh et sur tous les autres meurtres et blessures graves commis par les forces israéliennes en Cisjordanie et dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre à Gaza. »
58 Palestiniens tués par les forces israéliennes en 2022
Selon le Haut-Commissariat, depuis le début de 2022, les forces de sécurité israéliennes ont tué 58 Palestiniens en Cisjordanie occupée, dont 13 enfants.
« Le droit international des droits de l’homme exige une enquête rapide, approfondie, transparente, indépendante et impartiale sur tout recours à la force entraînant la mort ou des blessures graves. Les auteurs doivent être tenus responsables », a souligné Ravina Shamdasani.
Mort de Shireen Abu Akleh : les vidéos et la géolocalisation réfutent les allégations israéliennes
« Conformément à notre méthodologie mondiale de surveillance des droits de l’homme, notre Bureau a inspecté du matériel photo, vidéo et audio, s’est rendu sur les lieux, a consulté des experts, a examiné les communications officielles et a interrogé des témoins », a souligné la porte-parole.
Les services de Mme Bachelet ont conclu que les journalistes avaient choisi une approche « les rendant visibles aux forces israéliennes déployées dans la rue ».
« Nos conclusions indiquent qu’aucun avertissement n’a été émis et qu’aucune fusillade n’avait lieu à ce moment et à cet endroit », a précisé la responsable, indiquant que les journalistes portaient des équipements de protection clairement marqués.
C’est à ce moment-là que plusieurs tirs au coup par coup et en provenance des forces israéliennes les ont visés, a-t-elle précisé.
La journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh a été tuée le 11 mai par un tir des forces de défense israéliennes a conclu le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, a annoncé vendredi une porte-parole.
«La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, continue d'exhorter les autorités israéliennes à ouvrir une enquête pénale sur le meurtre de Mme Abu Akleh et sur tous les autres meurtres et blessures graves commis par les forces israéliennes en Cisjordanie et dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre à Gaza».
Considérant que les cimetières sont « en proie à une forme de séparatisme religieux », un ex-élu de Savoie a saisi la justice. La balle est désormais dans le camp du Conseil d’État, qui tranchera sur la possible interdiction des carrés musulmans.
À Thiais, en région Île-de-France, un des rares cimetières à disposer de carrés musulmans où les défunts peuvent être inhumés la tête en direction de La Mecque (AFP/Joel Robine)
C’est une nouvelle charge dont les musulmans de France se seraient bien passés.
Une affaire peu banale qui a tiré sa source en Savoie, et dont a fait écho le journal Le Figaro : un ancien conseiller municipal de Voglans, à l’occasion de recherches sur l’inhumation d’un réfugié syrien dans le carré musulman du cimetière de Chambéry, en est venu à cette conclusion irrévocable : les cimetières français seraient « en proie à une forme de séparatisme religieux ».
Ainsi, afin d’étayer son propos, l’ex-élu a dénoncé au journal une « vision religieuse ségrégationniste et discriminatoire » qui porterait atteinte « aux principes essentiels de neutralité laïque et d’égalité devant la loi que prône la République française ».
Les carrés musulmans en question
Destinés à accueillir les défunts de la communauté dans les pays non musulmans, ces carrés ont pour vocation de rassembler les croyants dans un même périmètre, avec des tombes orientées vers la ville de La Mecque, en Arabie saoudite.
Une coutume qui n’est pas nouvelle : le premier carré musulman a ouvert en 1857 à Paris, au Père-Lachaise.
Aujourd’hui, le nombre de carrés musulmans varie selon les sources : sur les 35 000 cimetières que compte le pays, ils seraient environ 300 selon le Conseil français du culte musulman (CFCM), tandis que la plateforme L.E.S. Musulmans n’en recensait en 2020 que 205.
Les deux structures s’accordent néanmoins à dénoncer le manque de places disponibles, qui serait, selon le CFCM, « la cause majeure de l’expatriation d’environ 80 % des corps des personnes de confession musulmane décédées [en France] ».
Pour sa part, l’ex-élu de Voglans s’est insurgé auprès du Figaro contre une circulaire du ministère de l’Intérieur de 2008 demandant aux préfets « d’encourager les maires à favoriser la création de carrés confessionnels » afin de « favoriser l’intégration des familles issues de l’immigration ». Ce qui serait, selon lui, « contraire au code général des collectivités territoriales ».
La balle dans le camp du Conseil d’État
Saisi par le tribunal administratif de Paris, le Conseil d’État a ainsi examiné une requête en annulation de deux chapitres de cette circulaire relative à « l’aménagement des cimetières et aux groupements confessionnels des sépultures ».
« La France, je l’aime mais je la quitte » : ces musulmans qui ont choisi l’exil
Selon Le Figaro, il devrait rendre sa décision d’ici « deux à trois semaines ».
Une affaire qui a suscité un fort émoi sur les réseaux sociaux : « Un musulman qui veut être enterré au bled, on nous dit que c’est un manque d’intégration. S’il veut être enterré dans un carré musulman en France, c’est du "séparatisme" », a ainsi résumé sur Twitter le compte lorientxpress.
Le porte-parole de la plateforme L.E.S. Musulmans Marwan Muhammad s’est indigné sur le même réseau. « Le verdict du Conseil d’État tranchera de manière claire et décisive : si les musulmans ne peuvent pas être respectés par la France dans leur mort, comment espérer qu’ils soient traités dignement dans leur vie… », a-t-il observé.
« Le ministère de l’Intérieur a exactement la même position : dans sa note contre la mosquée de Pessac [qu’il voulait fermer, une ordonnance suspendue par le Conseil d’État], il considérait le simple fait de vouloir enterrer les musulmans conformément aux rites comme un acte de “séparatisme”», a-t-il ajouté.
Université d'Evry-Val d'Essonne, sciences politiques et philosophie politique
Louis Aliot, dirigeant bien connu du Rassemblement national et maire de Perpignan, a décidé de soutenir politiquement et financièrement la 43ème réunion hexagonale du Cercle algérianiste qui se tiendra au Palais des congrès de cette ville, du 24 au 26 juin 2022. Au menu : apologie de la colonisation, révisionnisme historique et glorification des généraux qui, pour défendre l’Algérie française, ont pris les armes contre la République, le 21 avril 1961.
Il a décidé de soutenir financièrement, à hauteur de 100 000 euros, la 43ème réunion hexagonale du Cercle algérianiste (1), et d’accueillir ses membres et les participants au Palais des congrès de cette ville, du 24 au 26 juin 2022. Il se confirme que la loi scélérate du 23 février 2005, jamais abrogée faut-il le rappeler, qui établit une interprétation officielle et apologétique de la colonisation française en Algérie et dans le reste de l’empire, n’était pas l’épilogue d’une entreprise de réhabilitation de ce passé mais le prologue bien plutôt. Le discours du candidat Nicolas Sarkozy affirmant, à la veille des élections présidentielles de 2007, que le « rêve de la colonisation » n’était pas un « rêve de conquête » mais « un rêve de civilisation », celui de François Fillon quelques années plus tard et, plus généralement, les positions de la direction des Républicains en témoignent. Fustigeant une prétendue « repentance » et vantant les aspects supposément « positifs » de la colonisation de l’Algérie, les responsabilités de ces derniers sont majeures, établies et accablantes (2). De même celles de certains intellectuels, chroniqueurs et bateleurs médiatiques qui, au nom de la lutte contre « la pensée unique » hier, contre le « décolonialisme » aujourd’hui, redécouvrent les « beautés » de la colonisation aux couleurs de la France.
N’oublions pas l’un des pionniers de cette réhabilitation, A. Finkielkraut, qui déclarait doctement que l’entreprise coloniale « avait aussi pour but d’éduquer » et « d’apporter la civilisation aux sauvages. » (Haaretz, 18 novembre 2005). Indigne philosophe et vrai idéologue qui, sur ce sujet entre autres, débite des opinions rebattues en les prenant pour de fortes pensées. A l’instar des personnalités politiques précitées, il ressasse les trivialités mensongères de Malet et Isaac, ces historiens officiels qui, de l’entre-deux-guerres au début des années soixante, n’ont cessé de contribuer à l’élaboration et à la diffusion de la mythologie impériale-républicaine ; celle-là même qui, depuis plus d’une décennie, est désormais reprise par les différentes forces que l’on sait à des fins partisanes et électoralistes. En ces matières, les uns et les autres ne sont que les piteux ventriloques de discours élaborés par les élites politiques – mention spéciale à Jules Ferry, cet ardent promoteur de l’empire et du racisme élitaire de saison – et académiques de la Troisième République pour légitimer « la course à l’Afrique » et les guerres de conquête menées en Cochinchine et à Madagascar.
Sur ces sujets en particulier, il y a longtemps que le prétendu « front républicain » a disparu au profit de convergences et de compromissions toujours plus graves et toujours plus assumées avec l’extrême-droite, les partisans de l’Algérie française et les soutiens des généraux putschistes. Dans ce contexte, auquel s’ajoute la spectaculaire progression politique du Rassemblement national, sinistrement confirmée par les résultats des élections présidentielles et législatives qui viennent d’avoir lieu, la tenue du Congrès du Cercle algérianiste dans la ville de Perpignan ne saurait surprendre. Le soutien apporté par le maire à cette initiative est parfaitement conforme aux orientations défendues depuis toujours par le Front national et le Rassemblement qui lui a succédé. Apologie de la colonisation, révisionnisme historique, mensonges par omission, minorisation et dénégation des massacres, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les armées françaises entre 1830 et le 19 mars 1962, tels sont quelques-uns des piliers idéologiques de cette extrême-droite qui demeure fidèle à ses traditions.
Il faut y ajouter la glorification des généraux qui, pour défendre l’Algérie française, ont pris les armes contre la République, le 21 avril 1961. En élevant « au rang de citoyens d’honneur de la ville des représentants des familles d’Hélie Denoix de Saint-Marc, des généraux Edmond Jouhaux et André Zeller… (3) », Louis Aliot persévère dans cette voie, ce qui jette une lumière pour le moins singulière sur la conversion des dirigeants du RN aux « valeurs républicaines ». Commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes, Denoix de Saint-Marc a joué un rôle de premier plan lors de la tentative de coup d’Etat à Alger, ce qui lui a valu d’être condamné à dix ans de réclusion criminelle par le Haut tribunal militaire. Ayant réussi à s’échapper, Jouhaud a poursuivi son combat au sein de l’organisation terroriste, OAS, laquelle est responsable de l’assassinat de 2360 personnes, auxquelles s’ajoutent 5419 blessés, majoritairement algériens (4). Arrêté le 24 mars 1962, Jouhaud est condamné à mort puis gracié par le général de Gaulle, et sa peine commuée en détention à perpétuité. Zeller, qui a rejoint le « quarteron de généraux » putschistes, écope lui de quinze ans d’emprisonnement. Signalons enfin que le programme officiel des journées perpignanaises du Cercle algérianiste prévoit que l’ancien membre d’un commando de l’OAS à Oran, Gérard Rosenzweig, impliqué dans plusieurs attentats, remette le « Prix universitaire algérianiste » en tant que président du jury. Tels sont quelques-uns des multiples honneurs qui seront rendus à des hommes, anciens criminels lourdement condamnés par la justice, décédés ou vivants, dont le point commun est d’avoir défendu l’Algérie française, par tous les moyens, y compris les pires.
Un scandale, assurément. Nonobstant l’initiative locale et courageuse du « Collectif 66 pour une histoire franco-algérienne non falsifiée », ce scandale ne semble pas, à l’heure où ces lignes sont écrites, susciter l’indignation et la mobilisation nationales que l’on serait en droit d’attendre des gauches partisanes, syndicales et associatives pour s’opposer à cette nouvelle offensive de l’extrême-droite. Non seulement, cette dernière ne désarme pas mais, plus grave encore, elle se sent pousser des ailes en raison de la conjoncture politique que l’on sait. Une telle situation devrait obliger celles et ceux qui ne se résignent pas à cette progression, jusqu’à présent irrésistible, et à ses conséquences depuis longtemps désastreuses sur tous les plans. Eu égard à l’importance politique et stratégique que le RN accorde à ce 43ème Congrès du Cercle algérianiste, une riposte d’ampleur s’impose. Organisons-là lors des prochaines commémorations des massacres du 17 octobre 1961 en en faisant une initiative unitaire, anticoloniale et antiraciste, pour la vérité historique, la justice et la reconnaissance des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie et dans les autres territoires de l’empire.
Le Cour Grandmaison, universitaire. Derniers ouvrages parus : « Ennemis mortels ». Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, La Découverte, 2019 et avec O. Slaouti (dirs), Racismes de France, La Découverte, 2020.
(1) Créé le 1er novembre 1973 pour réhabiliter les combats des partisans de l’Algérie française et la colonisation de ce territoire, ce Cercle, qui se présente comme une « association culturelle des Français d’Afrique du Nord », n’a cessé de rendre hommage aux anciens terroristes de l’OAS et aux généraux putschistes, entre autres.
(2) Avec la finesse qui le caractérise, L. Wauquiez livre aux Français ébahis cette analyse dont la profondeur et la rigueur laissent pantois : « Ajoutez (…) une repentance systématique et vous comprendrez pourquoi des jeunes issus de [ l’] école en viennent à prendre les armes contre leur propre pays. » Le Figaro, 14 février 2016.
(3) Cf., le programme : 43ÈME CONGRES NATIONAL DU CERCLE ...
(4) Y. Benot, « La décolonisation de l’Afrique française (1943-1962) », in Le Livre noir du colonialisme, XVIe-XXIe siècle. De l’extermination à la repentance, sous la dir. de L. Ferro, Paris, R. Laffont, 2003, pp. 517-556.
Soixante ans après la fin du conflit algérien, les rancœurs demeurent, des deux bords de la Méditerranée. Cette série, écrite par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora, tente de réconcilier les mémoires. Elle n’exonère aucun des belligérants. Les exactions et les massacres commis des deux côtés ne sont pas éludés. Chaque témoin apporte son point de vue, avec ses souvenirs heureux et ses traumatismes. La vérité apparaît complexe. Elle n’est jamais tout à fait blanche ou noire, mais se situe plutôt dans des zones grises.
Le mythe du colon
Bien éloigné du « riche colon faisant suer le burnous des musulmans », la majorité des pieds-noirs était d’origine populaire. Aux déportés communards, aux Alsaciens et aux Lorrains, se mêlent des immigrés italiens, espagnols et maltais. Ils créent une culture originale et parlent un français au phrasé arabe. « On vivait à l’algérienne […]. Les mœurs des Algériens avaient largement “contaminé” les populations occidentales », se souvient la réalisatrice, Nicole Garcia, fille d’un
petit commerçant d’Oran.
La voix de Benoît Magimel
Les commentaires sont dits par le comédien Benoît Magimel. Un choix qui ne doit rien au hasard. Dans Ennemi intime, de Florent-Emilio Siri (2008), il a incarné un jeune lieutenant idéaliste, pris dans la tourmente algérienne.
Une série documentaire de France 2, diffusée lundi 14 et mardi 15 mars retracera l’histoire de la guerre d’Algérie. Une fresque historique écrite par Benjamin Stora et Georges-Marc Benamou.
C’est l’histoire d’une plaie qui n’est toujours pas refermée. Et ce même si des actes politiques forts ont été posés notamment par Emmanuel Macron. Le président de la République avait parlé "d’un crime contre l’humanité" posant ainsi ses intentions mémorielles. Depuis son élection, les actes se sont multipliés comme l’ouverture des archives concernant les actes commis en relation avec la guerre d’Algérie.
"Faire découvrir la naissance de la conscience algérienne"
Le journaliste Georges-Marc Benamou, auteur de cette série-documentaire, a souhaité révéler l’existence de mensonges dans ce conflit. "Il n’y a que des mensonges et des tabous dans cette guerre", explique-t-il. Il ajoute qu’il a fallu attendre 2002 pour que la France reconnaisse qu’il y avait eu une guerre. À travers ce documentaire, il a évoqué une volonté "de faire découvrir les aspects méconnus de la naissance de la conscience algérienne".
Sélection. En cette année 2022 marquée par le 60e anniversaire des accords d’Evian et du cessez-le-feu (18 et 19 mars 1962) qui ont mis fin à la guerre d'Algérie, une sélection d'émissions pour aborder, en sept films emblématiques, la façon dont le cinéma a proposé une vision subjective de ce conflit.
La guerre d’Algérie est une guerre à part dans l’histoire de France. On a pu même parler à son sujet de "guerre sans nom", une formule que le cinéaste Bertrand Tavernier a reprise pour titrer le documentaire qu'il lui a consacré en 1992. En effet, la période de 1954 à 1962 a longtemps été évoquée en France par l’expression "les événements", et le terme de guerre n’a commencé à remplacer celle-ci de manière officielle qu’en 1999. A ces éléments de singularité s’ajoute le fait que la guerre d’Algérie a aussi été une guerre sans images. L'Etat français a en effet longtemps exercé une puissante censure, empêchant les médias en général, et les cinéastes en particulier, d’en rendre compte. Une situation que l’on a souvent comparée à la façon dont le cinéma américain s’est au contraire emparé de la guerre du Vietnam. Autre guerre d’indépendance menée par un mouvement nationaliste et qui visait à se libérer de la tutelle d’une puissance occidentale, le conflit qui a opposé les Etats-Unis au Vietnam de 1963 à 1975 a offert à de nombreux grands réalisateurs un matériau narratif qui leur a permis de signer des films marquants du cinéma de guerre.
En France, le cinéma a donc traité de la guerre d’Algérie de façon beaucoup plus discrète. Dans les années 1960, les rares cinéastes qui le font, mettent en scène de façon récurrente la figure du soldat, appelé ou officier. Mais que ce soit au travers de son départ, ou de son retour et des éventuels remords et blessures psychologiques qui l’accompagnent, ces réalisateurs sont contraints de procéder par allusion pour échapper à la censure. Dans les années 1970, des cinéastes comme René Vautier ou Yves Boisset adoptent un ton plus politique, voire militant, au message plus directement anti-colonial et mettent en scène de jeunes appelés pacifistes, révoltés et profondément traumatisés par l’expérience de la guerre. Avant que, presque soixante ans après la signature des Accords d’Evian, le cinéma français se penche de nouveau sur cette période de l’histoire, en abordant cette fois les traces que la guerre d’Algérie a laissées dans les mémoires, en tentant de donner à voir le traumatisme collectif qu'elle a représenté, les secrets de famille et le poids du silence qui a profondément marqué ceux qui l'ont vécue. Cette sélection d’émissions propose d’écouter les témoignages de sept réalisateurs français qui se sont attelés à rendre compte de la guerre d'Algérie, de René Vautier à Lucas Belvaux, en passant par Bertrand Tavernier.
Film emblématique de la Nouvelle Vague, Adieu Philippine raconte les dernières semaines de la vie civile d’un jeune appelé, en 1960. Un été marqué notamment par des vacances en Corse qui réunissent un jeune machiniste à la télévision qui s'apprête à partir en Algérie effectuer 27 mois de service militaire et deux jeunes femmes, amies inséparables. Au cours de cet entretien, Jacques Rozier précise le contexte politique dans lequel il a tourné, et la forte censure qui s'exerçait à l'époque. Une censure qui l'a contraint à procéder par allusions, les adieux de Michel à Liliane et Juliette n'étant en réalité pas de ceux que l'on s'échange à la fin des vacances, mais ceux, plus sombres, qui préludent à un départ pour la guerre. (Projection privée, 38 min)
Sur le tournage d'Adieu Philippine de Jacques Rozier (1960)
Les Parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy (1964)
Deux ans après la fin de la guerre d'Algérie, Les Parapluies de Cherbourg sortent au cinéma. Le film raconte l'histoire d'un jeune couple séparé par la guerre d'Algérie, d'adieux déchirants sur le quai d'une gare, et de retrouvailles plus tristes encore, quelques années plus tard... le tout en chansons. Film français le plus connu sur la guerre d’Algérie, Palme d’Or à Cannes en 1964, Les Parapluies de Cherbourg a permis à certains critiques de voir dans la séparation de Guy et Geneviève une parabole de celle opérée par la guerre entre la France et l’Algérie.
Signé Gillo Pontecorvo, cinéaste italien proche du Parti Communiste, La Bataille d'Alger est tourné trois ans après l’indépendance algérienne. Son scénario est inspiré d’un livre de souvenirs de Yacef Saâdi, ancien chef du FLN. A travers la figure d’Ali la Pointe, il retrace la lutte entre les militants algériens nationalistes et l'armée française, au moment où débarquent à Alger les hommes de la 10e division parachutiste commandée par le général Massu, venus rétablir l’ordre dans la Casbah. Censuré en France, jugé propagandiste (il restera censuré à la télévision française jusqu’en 2004), il est devenu un film culte en Algérie. Largement diffusé au cinéma et à la télévision (deux fois par an, les 1er novembre pour commémorer le déclenchement de la révolution en 1954, et le 5 juillet, date de commémoration de l’indépendance en 1962), La Bataille d'Alger a marqué toute une génération d'Algériens qui en connaissait les dialogues par cœur ou en rejouait les scènes enfant. Ce documentaire retrace l'histoire de ce tournage. (La Fabrique de l'histoire, 52 min)
Avoir vingt ans dans les Aurès, de René Vautier (1972)
Figure du cinéma militant, réalisateur parmi les plus censurés de France mais peu connu du grand public, René Vautier (1928-2015) s'est engagé en tant que cinéaste dans la guerre d’Algérie. Dix ans plus tard, après avoir enregistré près de 800 heures de témoignages de 600 appelés, il signe Avoir 20 ans dans les Aurès. Un film qui raconte l’aventure d’un commando de jeunes appelés bretons, pacifistes avant leur départ et que la guerre va transformer. Au cours de cet entretien réalisé en 2010, cinq ans avant sa mort, René Vautier revient sur le tournage de ce film, tourné en seulement 9 jours, et qui recevra le Grand Prix de la critique internationale au Festival de Cannes en 1972. (Sur les docks, 53 min)
Après Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier, R.A.S. est l’un des tout premiers films français à décrire en détail le quotidien d’une violence extrême des soldats français et leur sentiment de livrer une guerre "absurde". Depuis leur débarquement à Alger jusqu’à la confrontation avec la mort au fin fond d'un djebel, le film rend compte de l'expérience traumatique vécue par une génération d'appelés. Un film au propos dérangeant que certains critiques ont comparé à Full Metal Jacket de Stanley Kubrick (1987). Au cours de cet entretien, le réalisateur Yves Boisset revient sur la sortie de R.A.S, et sur la censure qui l'a contraint à couper de nombreuses scènes. (A voix nue, 29 min)
La guerre sans nom, de Bertrand Tavernier et Patrick Rotman (1992)
Cinéaste engagé, surtout connu pour ses films de fiction historiques comme La Passion Béatrice (1980) ou Capitaine Conan (1996), Bertrand Tavernier (1941-2021) a été l'un des premiers à recueillir la parole d'anciens soldats de la guerre d'Algérie dans le documentaire La Guerre sans nom co-réalisé avec Patrick Rotman. (Mauvais genres, 1h59)
Adapté du roman de Laurent Mauvignier, Des Hommes montre le surgissement brutal du souvenir de la guerre d'Algérie au sein d'une famille française, après plus de trente ans de silence. Et montre la façon dont la société française a essayé de tourner la page après le traumatisme qu’a représenté cette guerre, un refoulement qui a conduit la très grande majorité des appelés à taire, à leur retour en 1962, les violences commises ou dont ils ont été témoins. A cours de cet entretien, Lucas Belvaux explique avoir voulu réaliser un film réparateur, et, en confrontant les points de vue et les vécus des personnages, à apaiser les discours et les mémoires, près de soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie. (La Grande Table, 27 min)
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