Le président de la République veut montrer qu'il sait prendre du temps. Mardi 4 décembre, il était à Tipaza, dans les ruines de l'ancienne cité romaine.
Il sait s'arrêter, prendre du temps, réfléchir. Et il veut le montrer. Les voyages de Nicolas Sarkozy comportent une étape culturelle, à l'instar de ceux de son prédécesseur Jacques Chirac : il y a quelques jours à Xian (Chine) devant les vestiges de l'armée enterrée; mardi 4 décembre, à Tipaza, dans les ruines de l'ancienne cité romaine.
"Il faut ralentir le président", ont décidé ses conseillers en communication, las des sempiternelles images du "20 heures" : le président participe à une table ronde, le président fait un discours, le président s'entretient avec son homologue carré dans un fauteuil de mauvais goût. Place à la contre-programmation.
A Tipaza, M. Sarkozy a convoqué cinq des neuf ministres qui l'accompagnent en Algérie. Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara, Christine Albanel et Bernard Kouchner. Le chanteur Didier Barbelivien, les cinéastes Alexandre Arcady et Constantin Costa-Gavras se sont joints à cette sortie culturelle, aux sources de l'inspiration d'Albert Camus.
Mot d'ordre : tout est magnifique. "C'est beau, hein ?", ne cesse d'interroger le président : "Depuis que j'ai lu Noces j'avais envie de venir ici. Camus, c'est le lien entre les deux rives de la Méditerranée."
"L'HISTOIRE N'EST PAS MORALE"
"J'aurais mieux fait de mettre des rangers", peste Mme Dati, qui tord ses talons dans les pierres. Premier arrêt devant l'allée romaine aux pavés dodus. "On se croirait à l'époque romaine", dit M. Sarkozy. "Ici, il y avait une arche", précise le guide. "C'est là que tu aurais arrêté ton char", lâche M. Kouchner qui ajoute, flagorneur : "Comme Ben Hur."
Parfois la réflexion se fait grave : "Pourquoi les hommes ont-ils un jour abandonné cet endroit ?", questionne Henri Guaino. "Parce que c'est devenu un site touristique protégé", répond la guide. Frustré, le conseiller continue son chemin.
Arrêt photos. M. Sarkozy pose au milieu des colonnes tronquées. M. Arcady lit un passage de Noces dans une collection de poche. M. Kouchner se fait philosophe à propos des "excuses" demandées par l'Algérie : "L'Histoire n'est pas morale."
Le président interroge les journalistes sur son intervention à la télévision, le 29 novembre. "C'était bien, hein ? J'ai dit des trucs." David Martinon, porte-parole, s'amuse : "A l'Elysée, les RTT, c'est quand on peut prendre un jour férié de temps en temps."
Quarante minutes sont passées à ne rien faire, sinon des images. Plus tard, revenant sur cette visite face à la presse, il redit son bonheur d'être en "Afrique du Nord" : "Moi je n'ai pas voulu aller à Tipaza parce que j'ai gagné un concours sur radio Nostalgie. Mais parce que j'ai lu Noces."
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