Très sollicité en cette année de commémoration du soixantième anniversaire des Accords d’Evian qui ont mis fin à la Guerre d’Algérie, “le” grand historien de l’Algérie, Benjamin Stora, lui-même né en Algérie, à Constantine, très précisément, était à l’auditorium du musée de Saint-Romain-en-Gal, jeudi 12 mai.
L’occasion d’évoquer longuement, dans le cadre d’une semaine séfarade organisée par le restaurant “Mama Trötter”, à Vienne, l’histoire des juifs d’Algérie, ceux que l’on appelle “Séfarades” pour les distinguer des “Askhénazes”, originaires, eux, d’Europe centrale.
Et ce, à travers une Bande Dessinée qui a été consacrée à cette histoire des Juifs d’Algérie dont les auteurs sont Nicolas Le Scanff et Benjamin Stora (“Histoire dessinée des Juifs d’Algérie” aux éditions La Découverte) qui a servi de point d’appui à l’Historien et au dessinateur, pour raconter, illustrer, commenter, détailler, toute une destinée, toute une riche culture qui s’est terminée par un départ de l’Algérie, suite à la signature des Accords d’Evian.
L’occasion de constater, à écouter le passionnant Benjamin Stora que ce que n’appelait à l’époque pas une guerre -400 000 militaires français stationnés en Algérie !- mais “les événements d’Algérie” ont été occultés dans toutes leurs multiples dimensions, des deux côtés de la Méditerranée, tant en France qu’en Algérie. Sûr que ceux qui étaient présents à cette conférence ont appris ce soir là beaucoup de choses qu’ils ignoraient…
Une de ces dimensions pour une grande part perdue est donc celle des Juifs d’Algérie porteurs d’une véritable histoire, d’une véritable culture, indigènes parmi les indigènes en Algérie, avant d’être déclarés Français par la loi Crémieux de 1870, avec toutes les conséquences que cela a impliqué, et dont cette conférence a restitué le parcours au cours des siècles et le riche souvenir.
La suite de cette semaine séfarade à Vienne :
-Cuisine séfarade au restaurant Mama Trötter, 13 rue du collège à Vienne, du samedi 14 au dimanche 22 mai.
-Exposition des dessins de Nicolas Le Scanff avec des planches originales : au restaurant Mama Trötter, également. Les planches resteront exposées jusqu’au 30 septembre.
Photo : sur la scène de l’auditorium du Musée de Saint-Romain-en-Gal, Murielle Gobert (librairie Paserelles) ; Nicolas le Scanff, dessinateur de la BD “Histoire dessinée des Juilfs d’Algérie” ; l’Historien Benjamin Stora ; Fabrice Matron (librairie “Bulles de Vienne”) et Ryma Prost-Romand (restaurant “Mama Trötter”),.
Publié par dominique | 13 Mai, 2022
https://www.vivre-villes.fr/vienne/societe/2022/05/13/benjamin-stora-lhistorien-de-lalgerie-en-conference-a-vienne-cette-guerre-si-occultee/
Histoire dessinée des juifs d'Algérie
De l'antiquité à nos jours
Benjamin Stora, Nicolas Le Scanff
À mesure que les fils des mémoires et de l’histoire se tissent, une fresque civilisationnelle deux fois millénaire apparaît, dont la source remonte à l’exil antique de juifs d’Israël/Palestine et à la conversion de Berbères au judaïsme, suivis de l’arrivée des Séfarades à la fin du XVe siècle. Après la longue domination arabe puis ottomane, la conquête de l’Algérie par la France en 1830 transforme profondément la destinée des « israélites indigènes » : l’attribution de la citoyenneté française par le décret Crémieux en 1870 ne marque pas seulement leur émancipation ; elle crée également une déchirure par rapport à leurs traditions religieuses et culturelles, mais aussi vis-à-vis des Berbères et Arabes musulmans avec lesquels ils avaient partagé des siècles durant une existence commune.
L’assimilation paradoxale des juifs d’Algérie à une identité « pied-noire » après leur exode et leur « rapatriement » en 1962 a enfoui cette mémoire collective. C’est à remédier à sa perte que s’emploie magistralement cet ouvrage, en restituant une histoire largement méconnue.
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