Le général Chengriha, chef d’état major algérien, a chois Paris pour les études de son fils malgré son attachement proclamé à la Russie.
Le patron de l’armée algérienne et à ce titre l’homme fort du pouvoir à Alger qui affiche résolument ses liens avec Moscou, a pourtant installé son propre fils, Chafik Chengriha, à Paris où ce dernier est cornaqué par quelques hauts gradés, notamment le colonel Omar Zemirli.
Le commandant Chafik Chengriha, fils du général Said Chengriha, chef d’état major de l’armée algérienne, a la formation d’un ingénieur informaticien. Depuis 2020, le jeune Chafik réside à Paris pour les besoins d’un stage qui serait indispensable … à sa formation. Un stage? Quel stage? Le fils de Chengriha est en fait rattaché au bureau militaire de l’ambassade d’Algérie à Paris, l’un des services les plus discrets de la diplomatie algérienne rattaché directement au ministère algérien de la Défense nationale.
Ce bureau gère depuis Paris et en toute opacité des budgets de plusieurs millions d’euros. Ces fonds servent à financer les soins médicaux des hauts responsables militaires algériens nombreux à venir se soigner en France. Ce bureau prend en charge également les formations des rejetons de la nomenklatura dans les établissements civils ou militaires français.
Autrement dit, le chef d’état major algérien n’est pas à l’abri d’une contradiction. L’homme fort du pouvoir algérien ne manque pas une occasion d’affirmer sa fidélité à la Russie, principal fournisseur d’armements à l’Algérie, qu’il soutient notamment dans son conflit avec l’Ukraine. Mais le même fait en sorte que son fils vive à Paris, aux frais du contribuable algérien. Et qui plus est au sein d’un département qui gère le véritable scandale des soins dispensés en France aux gradés algériens et autres privilégiés du système.
La sinécure parisienne est confortable. Le propre gendre de Gaïd Salah, le prédécesseur de Chengriha à la tète de l’armée, jusqu’en décembre 2019, date de son décès brutal est suspect, occupait pratiquement les mêmes fonctions à l’ambassade d’Algérie en France
Le fils Chengriha bien encadré
A Paris, la route de Chafik Chengriha a croisé celle d’un colonel devenu depuis 2021 un des lobbyistes les plus influents du sérail militaire algérien en France. Il s’agit du colonel Omar Ould Zemirli, un ex-haut responsable de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), le tout puissant bras armé de l’armée algérienne. Rattaché au célèbre DRS du fameux général Toufik du moins jusqu’à l’éviction progressive de ce dernier en 2015, ce service de renseignement s’est peu à peu approprié les principales prérogatives de l’appareil sécuritaire algérien (sécurité de l’armée naturellement, mais aussi enquêtes financières, surveillance des journalistes…etc)
Le colonel Omar réside entre Paris et Lille au nord de la France. Ses adversaires au sein de l’institution militaire n’hésitent pas à envoyer en France quelques barbouzes qui scrutent la moindre de ses initiatives. L’irrésistible ascension du colonel Omar a démarré lors de la nomination de son propre frère, le général Sid Ali Ould Zemirli à la tête de la DCSA à partir de fin avril 2020. De nombreux officiers ayant fait l’objet d’une purge profonde menée par le défunt Ahmed Gaid Salah dés 2013-2014 pour mettre fin au pouvoir du général Toufik, ont pu ainsi regagner des postes importants grâce aux interventions de notre colonel.
Le pouvoir d’influence du colonel Omar s’est accru par le fréquentation de Chafik Chengriha qu’il a hébergé chez lui à Paris. C’est ainsi que le colonel a pu peser sur les promotions, les réhabilitations et nominations de plusieurs officiers. Un véritable clan s’est constitué au coeur de l’institution militaire algérienne qui a pour but d’en devenir l’épicentre, comme le fut le DRS des belles années 1990-2015.
Mais les interventions intempestives du colonel Omar ont fini par irriter à Alger et éveiller les soupçons de l’entourage du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Lorsque le scandale a éclaté en janvier dernier après la publicité donnée aux enregistrements des vidéos de Ghermit Bounouira, l’ex-secrétaire particulier de Gaid Salah pourtant détenu dans une prison de haute sécurité à Blida, le général Said Chengriha se retrouve sous le feu des révélations sur les réseaux sociaux. Plus que jamais menacé de déstabilisation, Said Chengriha demande alaors à son fils de cesser toutes relations avec le colonel Omar.
Nouvelles guerres de clan
Le fils Chengriha prend ses distances avec son mentor, mais ne reste pas inactif dans les coulisses. Cette situation risque de braquer à nouveau les projecteurs sur Said Chengriha qui, lors des promotions qui auront lieu comme chaque année début juillet au sein de l’armée, risque de se retrouver affaibli face au Président Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier tentera de peser sur les nominations pour nouer des alliances avec une partie de l’armée. De belles chicayas en perspective. « Si le général Chengriha ne fait pas le ménage dans son entourage, explique un ancien ministre algérien, il risque d’y laisser des plumes ».
De nombreux medias algériens mènent une campagne féroce de dénigrement contre le colonel Omar Zemirli et son protégé. Derrière Chafik Chengriha, c’est clairement son père qui est dans le collimateur de clans puissants.
Des enquêtes, dit-on, seraient menées par la Direction Générale de la Lutte contre la Subversion (DGSLS), dirigée par le puissant général-major M’henna Djebbar, un poids lourd de l’armée algérienne et ancien du DRS du général Toufik, qui cherche à imposer une nouvelle configuration au sein du pouvoir algérien.
https://mondafrique.com/algerie-la-confortable-sinecure-a-paris-du-fils-du-patron-de-larmee-said-chengriha/
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