Louisa Yousfi © La Fabrique
Autant le dire tout de suite : avec Rester barbare, Louisa Yousfi livre un texte important. Essai littéraire, manifeste politique du décolonial, force de l’écriture devant un monde qui s’effondre, réflexion sur l’intégration et l’assimilation, Rester barbare sonde l’irréductible d’une parole que l’Occident voudrait faire taire. De Mohammed Dib à PNL, de la littérature au rap, Louisa Yousfi pose la barbarie comme puissance esthétique et politique positive contre la rhétorique macroniste, lepéniste et zemmouriste de l’ensauvagement. Une nouvelle voie se dessine pour qui écrit : elle est ici. Autant de nouvelles perspectives sur lesquelles Diacritik a souhaité interroger avec Louisa Yousfi le temps d’un grand entretien.
Ma première question voudrait porter sur les origines de l’écriture de votre vif et nécessaire Rester barbare qui vient de paraître à La Fabrique. Comment vous est venue l’idée d’écrire cet essai qui, de Mohammed Dib jusqu’à PNL, sonde à partir d’une réflexion de Kateb Yacine ce qui « reste barbare » ? Comme s’est élaboré ce livre et comment s’est imposée à vous sa composition par suite de saisies monographies ? Diriez-vous qu’il s’agit d’une manière de manifeste et, si oui, si vous pourriez le qualifier de décolonial ? S’agissait-il de la visée première ?
Tout a commencé avec cet énoncé de Kateb Yacine : « je sens que j’ai tellement de choses à dire qu’il vaut mieux que je ne sois pas trop cultivé. Il faut que je garde une espèce de barbare, il faut que je reste barbare. » En écoutant cette formule pour la première fois, j’ai été traversée par le sentiment qu’elle allait me « délivrer ». C’était la formule d’une condition – celle des populations issues de l’immigration postcoloniale – et d’un processus auquel elles étaient destinées – tragiquement destinées : l’intégration. Pourquoi tragiquement ? Parce que cette intégration repose tacitement sur l’idée que pour se tailler une place dans la société, il faut abandonner, sinon renier, tout ce qui fonde notre être le plus élémentaire : nos traditions, notre religion, notre langue, notre culture. En tant que fille d’immigrés algériens, musulmans, ouvriers, analphabètes, ce processus d’« effacement » de soi, de « domestication », qu’on appelle aussi « acculturation », se rejouait à tous les endroits, et notamment à l’endroit de l’écriture. Plus je me gavais de culture légitime, plus je ressentais une impuissance à écrire, à dire, moins j’avais « de choses à dire ». Quoi de plus normal ? Ne dit-on pas que pour écrire, il faut pouvoir se tenir au plus près de soi, de sa vérité intime, qu’il faut être « authentique » ?
Mais comment écrire lorsqu’on a passé sa vie à empêcher précisément cette « authenticité », à la refouler, parce que le système dans lequel nous sommes condamnés à vivre exige de se conformer à des normes qui s’imposent comme les seules dignes d’être embrassées ? En dehors de la civilisation occidentale, point de salut. C’est la jungle, la zone du non-être. Comment on écrit à partir de ça ? Avec cette formule « rester barbare », un nouvel horizon s’ouvrait. En cela, je crois que oui, on peut parler de « manifeste décolonial » parce qu’il pose un horizon esthétique radical : aller chercher ce qui, en nous, résiste à l’épreuve de l’intégration, cette « friche », ce « fond d’âme », que j’appelle « notre barbarie intime » et dont Mohammed Dib parle comme d’un « grand soleil », à la fois douloureux à regarder en face et propice à des fulgurances de sens libérées de la prétention civilisationnelle de l’Occident ou des passions tristes de nos récits de « mal-intégrés ».
Pour en venir au cœur de votre propos, Rester barbare déploie la question de la barbarie en deux sens que l’ensemble de l’essai va successivement sinon simultanément sonder : un sens esthétique auquel vient s’ajouter une signification politique. Le sens esthétique, tout d’abord. D’emblée, vous liez la barbarie telle que Kateb Yacine l’évoque à une puissance d’authenticité, de vitalité et de vérité. Vous dites ainsi : « La barbarie, une vitalité primitive qui permet l’écriture vraie, le geste pur, la poésie. » Comment se manifeste ainsi, selon vous, esthétiquement cet effort pour rester barbare ? Vous dites notamment qu’il s’agit, pour rester barbare, de lutter contre ce que vous nommez les « bien-parlants » ? « Barbare » serait-il alors la recherche d’une manière de parler au sens étymologique du terme : parler une langue autre ?
Le barbare est une figure qui m’intéresse parce qu’elle nous arrive du futur. Il ne vient pas de ce passé qu’on reproche souvent aux descendants de l’immigration de fantasmer ou de ruminer, pétris que nous serions de ressentiments et de prétentions « identitaires ». Le barbare est toujours appelé à « venir », il est une menace… ou un espoir, selon où l’on se situe. Comme il a été exclu de la civilisation, il en est son produit et en même temps quelque chose d’autre qui a « poussé » dans les confins, sous le contrôle d’aucun empire. Il est un « monstre », un « bug dans la matrice ». On touche ici à la bizarrerie de la condition postcoloniale : des barbares qui parlent la langue de l’Empire, en maîtrisent parfaitement les codes mais qui ont de sérieux comptes à régler avec elle. La barbarie serait effectivement une « langue autre » mais qui se ferait entendre à l’occasion d’un grand saccage, d’un « attentat ». C’est à ça qu’on doit reconnaître le barbare : quand il arrive en littérature, quelque chose se passe. Il faut ajouter : enfin ! Qu’est-ce qu’on s’emmerdait avant, qu’est-ce qu’on étouffait. Dans le poème célèbre de Constantin Cavafy « En attendant les barbares », j’aime l’idée que l’inquiétude suprême, ce n’est pas que les barbares arrivent mais qu’il n’y ait plus de barbares, qu’ils puissent ne pas exister pas et que tout demeurera ainsi. Comme si la possibilité de leur surgissement nous retenait d’être tout à fait foutus. « Qu’allons-nous devenir sans les barbares ? » dit le poème. Je reconduis l’inquiétude à un niveau plus intime : que vais-je devenir sans ma barbarie ?
Le second sens que revêt l’injonction « Rester barbare » se fait plus clairement politique. Dans des pages fortes et vives, vous posez ce rester barbare comme cette part « d’inassimilable en nous », posant également d’emblée une parole située. Cette situation de la parole se fait éminemment politique car à qui, sinon à quelle communauté, renvoie-t-elle ? Ma question suivante voudrait porter plus précisément sur le sens politique lui-même et violemment contemporain par lequel on doit comprendre votre usage de la « barbarie ». En effet, si ce mot prend un sens, c’est contre l’usage d’un autre terme : « ensauvagement » qui inonde le discours politique. En quoi ainsi poser le terme de « barbarie », c’est lutter, selon vous, contre la notion d’extrême droite, celle d’« ensauvagement » ?
Kateb Yacine était un « barbare » parce qu’il était Algérien. Le terme est donc d’abord une offense, une insulte lancée par la civilisation occidentale à l’ensemble des peuples colonisés et que Kateb Yacine se réapproprie, par le truchement d’un retournement du stigmate. Aujourd’hui, les barbares sont entrés, du moins certains d’entre eux. Malgré cela, ils demeurent des barbares, des êtres mal assimilés qui font peser sur l’Empire la menace constante d’une sédition – le séparatisme – ou d’une contamination morale. C’est le sens du mot « ensauvagement », formulé par l’extrême-droite, repris au sein même du gouvernement Macron, pour évoquer « l’insécurité » dans les banlieues françaises, visant les hommes noirs et arabes des quartiers. C’est eux la figure de l’altérité radicale, les « irrécupérables ». Plutôt que de se lancer dans une démonstration inverse en prouvant notre respectabilité, notre humanité – attitude où l’on risque de s’épuiser sans grand succès – il est préférable de lire le stigmate autrement. « Barbare », ce qui a été ainsi nommé par le civilisateur, c’est notre part d’altérité et d’inassimilable, c’est-à-dire cette part qu’il craint parce qu’elle menace ses ambitions totalitaires, véritablement « identitaires », qui n’acceptent pas qu’on puisse habiter ce monde autrement et en égale dignité. Cette approche permet de sortir de la posture défensive qui impose de montrer pattes blanches, de rassurer ceux qui estiment qu’il y a matière à douter de notre humanité. Elle dit « oui et alors ? ». C’est une stratégie de la rupture, à partir de laquelle il devient possible de créer une résistance en pure positivité. En ce sens, on pourrait effectivement dire que la « barbarie » est le pendant positif de la rhétorique raciste de l’ensauvagement.
S’agissant toujours de l’usage politique du « rester barbare » que vous invoquez, son usage permet de mieux distinguer le fonctionnement du racisme dont vous souligner le socle discursif, parlant du racisme comme d’un discours de haine qui s’auto-réalise dans la haine et le meurtre. En quoi « rester barbare » permet de lutter contre le racisme ? Plus largement, faut-il lire votre titre comme une injonction militante ?
J’ai une conviction intime : le véritable sens des choses est caché dans leur envers. C’est pourquoi je procède successivement à des retournements discursifs, comme celui qui consiste à affirmer que « l’ensauvagement est un processus intégrationniste ». Cela signifie que l’intégration nous abîme non pas seulement parce qu’elle nous oblige à abandonner une partie de notre identité, mais parce qu’elle nous fait endosser le crime dont nous souffrons nous-mêmes. S’intégrer dans ce système racial, pyramidal, c’est forcément chercher à ne pas se retrouver tout en bas, chercher quelqu’un sur le dos duquel on va pouvoir négocier un privilège. Endosser le crime de l’Europe, c’est ça le sens de l’intégration. Au moment de passer la frontière symbolique de l’Empire, comment ne pas la reconduire derrière soi ? Comment ne pas trahir cette communauté de destin que constituent tous les peuples du Sud dont nous sommes issus ? Ce sont là des questions qui doivent nous empêcher de considérer la question de l’intégration comme allant de soi, comme un processus salutaire et progressiste. Il faut résister à ces chimères et se permettre un horizon différent qui conjure cette position uniquement « protestataire » consistant à négocier notre part du gâteau. Rester barbare, c’est dire : nous portons en nous la possibilité d’un projet qui déracine les mauvaises herbes du monde. Un projet qui pourrait tous nous sauver, et qui appelle à la fois sa traduction politique – que je situe personnellement du côté du mouvement décolonial – et esthétique : que j’appelle de mes vœux.
Ce qui ne manque pas de frapper au cœur de vos brillantes pages, c’est combien dans Rester barbare la littérature occupe pour vous une place centrale pour ne pas dire essentielle dans le rapport politique qui se tisse au monde. On comprend même, partant le plus souvent d’un écrivain, qu’il s’agisse de Kateb Yacine ou Mohammed Dib, que vous expliquez le monde par la littérature dans un effort considérable pour dépayser la littérature et s’en servir de manière heuristique. En quoi existe-t-il selon vous une nécessité impérieuse à proposer du monde une lecture politique par la littérature ? Qu’est-ce la littérature offre de la saisie politique que la politique n’offre pas notamment ?
Une idée comme « l’ensauvagement est un processus intégrationniste », il faut faire beaucoup d’efforts d’abstraction pour tenter de la saisir correctement. On a besoin de la déployer, d’élaborer toutes les étapes de sa formulation pour en comprendre la logique, en valider la cohérence. Dans le roman de Chester Himes auquel je consacre un chapitre, on comprend l’idée d’un seul morceau. Elle nous arrive comme un poing dans la gueule. C’est le surgissement du réel, sa vérité nue. On est forcé de l’accepter. C’est ça la force de la littérature, son espèce de barbarie. Habiter les idées sans avoir à les clarifier, à les expliquer. Comme on se tient sur un point de basculement, on est saisi de vertige parce qu’on a un accès direct à ce que ces idées engagent véritablement avec elles. C’est là que la politique prend sens, que les lignes de fractures qu’elle opère se comprennent. Pas grâce à une clarification mais au contraire à l’occasion d’un trouble qui permet ce que l’analyse politique seule ne pourrait faire advenir : une saisie du réel par ses effets immédiats, par l’intranquilité qu’il provoque en nous. Néanmoins, je ne suis pas convaincue par l’idée que la littérature serait un espace de liberté absolue tandis que la politique constituerait un surmoi castrateur, qui brimerait la créativité de l’écrivain en le soumettant à un impératif de justesse idéologique. Nous sommes forcément pétris d’idéologie et ne pas le savoir, c’est simplement être pétri de l’idéologie dominante. Ce que permet une littérature « politique », c’est une littérature qui incarne dans sa forme – pas seulement dans le contenu – un nouveau rapport au monde, qui tâche de ne pas reproduire certaines formes hégémoniques tellement ancrées en nous qu’on ne les questionne pas. C’est le souci constant du juste – j’allais dire de la justice : le mot juste, la forme juste. À condition bien sûr que par « politique », on n’entende pas cette espèce de vitrine consensuelle des luttes passées à la moulinette intégrationniste mais plutôt comme la capacité toujours renouvelée d’affûter les antagonismes, d’assumer les conflictualités, de créer de nouvelles lignes de fractures qui sont à l’origine de trouvailles formelles et littéraires.
Pour demeurer sur l’usage de la littérature, vous avancez une idée neuve et forte qui consiste à condamner l’usage même de la littérature comme outil de légitimation. La littérature serait l’anti-barbarie, la preuve même d’une assimilation : l’usage bourgeois assimilationniste qui réduit toute différence et permet de compter de civiliser ceux qui ne le seraient pas selon eux. Vous en parlez notamment à partir de Booba dont, bien évidemment, la critique littéraire bourgeoise a tout de suite déclaré qu’il s’agissait d’un poète, ce qu’a refusé avec force Booba en réponse dans l’une de ses chansons. En quoi assimiler Booba à un poète est-il une manière de nier son identité selon vous ?
« Va t’faire niquer toi et tes livres », c’est la réponse à laquelle vous faites référence. C’est important de le rappeler parce qu’elle se suffit à elle-même ! On comprend tout ce qu’elle veut dire : qu’on ne lui l’a fait pas. Ceux qui prétendent le consacrer en le faisant entrer sous le giron de la littérature avec un grand L ne sont que des « domesticateurs » qui voudraient ainsi pouvoir l’attraper dans leurs filets, en le forçant à entrer dans leurs catégories de jugement, leur grille d’analyse. Certains gardiens du « temple » de la littérature ont toujours eu des vues sur les marges qui prétendaient la menacer. Ils y voient une occasion de se renouveler, de se « régénérer » au contact de ses émeutiers. L’objectif est lié à « l’élucidation » du sujet barbare : plus on en sait à son sujet, plus il est cerné, plus il est neutralisé. Sa puissance est détournée à l’usage de l’Empire. C’est un point important dans mon exploration du « rester-barbare ». C’est dans le rap que j’ai trouvé la traduction esthétique de cette formule. Les rappeurs que j’analyse ont su inventer une forme, un lieu d’énonciation à partir duquel ils se sont soustraits à l’injonction de l’exemplarité, où ils se permettent de ravager la langue. On a alors l’impression qu’elle prend vie, qu’elle va venir frapper la matière. Comment imaginer un destin littéraire du rap ? C’est le chantier qui nous attend.
En contrepoint à l’usage bourgeois et néocolonial de la poésie tel qu’on vient de l’évoquer, vous consacrez de belles pages à l’analyse précise et percutante du projet de PNL dont la vie, la carrière et les textes entrent selon vous dans le cœur même du projet de Rester barbare. Vous dites ainsi : « Se raconter en barbare devient une façon paradoxale de se raconter en humain sans se livrer aux bons sentiments de la civilisation, à son misérabilisme pervers. » En quoi rester barbare comme le montre PNL, c’est être pour toujours irrécupérable ?
Chez PNL, il y a une sophistication de la formule « rester barbare », qui touche à la spécificité de la domination raciale, domination pas seulement structurelle mais intime. En s’immisçant dans tous les recoins de l’existence, le racisme fait de tout ce que nous sommes une terre de conquête. Face à cela, le geste émancipateur, paradoxalement, c’est de clôturer, de fermer la porte, de sécuriser un lieu, pour protéger nos derniers trésors. Mais dès lors que la porte est fermée, tout devient possible. On peut être tout ce qu’on veut. Chez PNL, c’est très clair. Il faut d’abord poser le QLF (Que la famille), qui délimite un cercle très restreint, pour se permettre de vivre enfin, se permettre de pleurer, de s’aimer. Ce « sectarisme esthétique » est passionnant à analyser notamment parce qu’il parvient à toucher des millions d’âmes. Il est construit sur une tension que tout écrivain rêve de tenir : la volonté d’atteindre les masses tout en protégeant son œuvre de la prédation du monde moderne qui engloutit tout sur son passage.
Ma dernière question voudrait enfin porter sur vos très fortes pages de conclusion. Notamment sur une phrase qui me paraît synthétiser la puissance esthétique et politique que le rester barbare suppose et entend déployer : « Nous ne marcherons pas dans la combine. » De quelle combine s’agit-il et pourquoi rester barbare consiste à s’en soustraire ?
J’ai voulu effacer ma position d’énonciation, à l’endroit où on m’attendait : que j’écrive en tant que femme issue de l’immigration…
C’est une position piégée, minée, parce qu’elle trimballe avec elle toute une histoire malheureuse : ce que j’appelle le récit de « la Beurette contre les Barbares ». Ce dont je me félicite, c’est qu’à la faveur d’une politisation intense et d’une radicalisation de la lutte antiraciste, cette ère est finie. Il n’est plus question de détourner nos intérêts de genre sur le dos de notre communauté, de faire de nous des grandes prêtresses de l’intégration républicaine. Mais en même temps, je repère un loup. Ce geste qui accompagne un élan émancipateur rejoue toujours la dichotomie du bien et du mal en fonction de nos degrés d’intégration, en valorisant notamment les aspects les plus avenants, plutôt exemplaires de nos vies. Par ailleurs, il s’inscrit également dans une forme très classique. En tentant de réparer nos représentations, on s’est rendus inoffensifs aux yeux du pouvoir qui constate ceci : si nous détestons le mot « intégration », ce n’est pas que nous répugnions au projet politique qui le porte, c’est que l’on s’offense d’avoir encore à prouver une loyauté dont nous avons déjà déployé toutes les manifestations. Ne nous parlez plus d’intégration, puisque nous sommes déjà intégrés ! C’est là notre seule ligne de défense ! L’Empire nous a gobés comme des mouches, nous en sommes devenus ses serviteurs zélés tout en se convaincant d’être à la pointe d’une démarche libératrice. Ce que j’appelle « la voie du blâme », ce n’est pas seulement une voie par laquelle nous revendiquerons notre droit à la laideur. C’est une invitation à « se méfier des apparences » pour le dire simplement : ce qui nous apparaît laid et indigne ne l’est qu’à partir d’un certain regard. Il suffit d’enfiler ces nouvelles lunettes du « rester barbare » pour voir cette barbarie sous un jour nouveau. Derrière chacune de nos barbaries, il y a toujours quelque chose qui mérite d’être sauvé, qui pourrait nous sauver. Et ce quelque chose « fait monde » : il est l’utopie qui manque à nos imaginaires pour se raconter avec puissance dans un monde qui nous ratatine.
Louisa Yousfi, Rester Barbare, La Fabrique, mars 2022, 112 p., 10 €
Entretiens, Livres
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