«Les Français quittent volontairement l’Algérie, après 132 ans de vacances...» :-)
Par Kamel Bouchama
Notre Lakhdar Brahimi a déclaré, lors d’un entretien accordé au journal français Le Monde, concernant le départ américain d’Afghanistan, après vingt ans de présence – de 2001 à 2021 –, je cite ses propres termes : «Ce n’est pas une défaite militaire. C’est comme pour les Français et l’Algérie.» Alors, nous devons comprendre, d’après les sages paroles de notre grand diplomate, que pour ce qui est de l’Afghanistan, les Yankees sont partis, tout bonnement, après avoir préparé soigneusement le retour des talibans dans leur pays. Quant au départ des Français d’Algérie, en juillet 1962, après 132 années d’occupation, il n’est pas dû, également, à une défaite militaire. Et il le dit d’un ton affirmatif... En conséquence, et au vu de ce départ volontaire des Français, il n’y a pas eu de guerre, pour ce qui nous concerne, ni de souffrances, ni d’oppression, ni de barbarie et, encore moins, de cortèges de martyrs. Franchement, je reste étonné devant la déclaration du diplomate averti, aguerri qu’est Lakhdar Brahimi. D’abord, parce que ses propos sont antinomiques et diamétralement opposés aux aveux de l’Occident quant à la défaite des États-Unis en Afghanistan, après vingt ans de guerre sans merci contre les talibans. Ainsi, il faudrait être frappé de cécité pour ne pas constater que ces derniers – les talibans – ont fini par prendre les rênes du pouvoir, chez eux. Cependant, ce qui me laisse muet de stupéfaction, c’est son propos concernant l’Algérie..., un propos d’un Algérien, un politique chevronné qui a commencé sa carrière politique pendant la lutte armée, conduite par le FLN. Avait-il donc besoin de comparer notre révolution – la sienne, évidemment –, sacrée grande révolution du XXe siècle par tous les historiens de la planète, à une guerre menée par l’armée américaine en Afghanistan pour réprimer le terrorisme, en réponse aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ? Explorons un peu le passé, pour mieux situer notre diplomate Lakhdar Brahimi qui, me semble-t-il, a oublié qu’il se trouvait en 1955, à l’âge de 21 ans, dans la délégation du FLN, parmi les participants à la Conférence de Bandung. Il était jeune, tout comme Mohamed–Seddik Benyahia et les autres, les Hocine Aït-Ahmed, M’hamed Yazid et j’en passe. Tous ces jeunes de la JFLN d’alors faisaient leur apprentissage aux côtés de leaders du Tiers-Monde, l’Indonésien Ahmed Soukarno, l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, Jawaharlal Nehru, qui avait succédé à Gandhi en Inde, Zhou Enlai, Premier ministre chinois, et le Yougoslave Josip Broz Tito. Je continue sur cette Conférence de Bandung pour vous donner quelques repères afin que vous deviniez pourquoi je l’aboute à la déclaration imparfaite, voire ridicule de Lakhdar Brahimi... En effet, vous devinerez facilement quand vous saurez que cette conférence – la première en son genre dans le Tiers-Monde –, qui s'est tenue en présence de 600 représentants de 29 pays, ce qui constituait pour nous «une participation internationale très importante à l'époque, a été un tournant pour notre diplomatie et, notamment, pour la cause algérienne». Elle a permis en outre, disent nos historiens, «de révéler la lutte du peuple algérien, pour son indépendance, au niveau de l'ONU». Et de poursuivre : «Ce fut une véritable épreuve pour la délégation algérienne qui a su convaincre les organisateurs d'accepter le Front de libération nationale (FLN) comme représentant de l'Algérie.» Mais qu’en était-il des résultats de Bandung ? Deux principaux résultats et pas des moindres, pour conforter notre révolution : le soutien franc et direct à l'Algérie dans sa lutte pour son indépendance et l'engagement à poser le sujet de notre noble cause lors des travaux du Sommet de l'ONU, en 1955, avec, en corolaire, la formulation d’une demande de la part de tous les participants aux autorités françaises pour prendre en considération la cause algérienne. Ainsi, dès l'automne 1955, la question algérienne a été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU, faisant suite à la demande de quinze États du groupe arabo-asiatique. N’était-ce pas une reconnaissance de facto, au cours de ces assises internationales, de la lutte d’un peuple et d’un pays – les nôtres – dont fait partie le diplomate Lakhdar Brahimi ? Et c’est là, où vous devinez pourquoi me suis-je quelque peu appesanti sur Bandung. C’était uniquement pour rafraîchir un peu la mémoire de cet ancien militant du FLN et lui rappeler le contexte d’alors, de la guerre de Libération nationale à laquelle il a amplement contribué, afin qu’il n’aille pas demain, au cours d’un autre entretien, jeter à ses lecteurs, dans la négation des valeurs de Novembre, des inepties comme la dernière de ce mois d’août dans le journal français Le Monde. Et c’est alors que pour tout ce qui précède, je dis : est-il possible qu’un Algérien ayant vécu, sur le terrain, les vicissitudes de notre glorieuse Révolution et connu les affres d’une lutte opiniâtre contre un colonisateur hystériquement furieux et son armée aux formes et aux relents de la barbarie puisse déverser, délibérément, soixante ans après, des propos insensés, désobligeants, malveillants et, on ne peut plus, venimeux à l’égard de l’Histoire, mais aussi des citoyens et des militants qui, eux, ont participé avec engagement et conviction au recouvrement de leur souveraineté nationale, depuis le «Djihad» mené par l’Émir Abdelkader jusqu’à la guerre de Libération nationale... ? Effectivement, la question doit être posée ainsi, en toute clarté, et avec franchise. Car, aujourd’hui, les jeunes qui vivent dans le désarroi, voire un certain désespoir de n’avoir pas trouvé leur équilibre au sein d’une société qui vit le marasme et l’égarement, sont également confrontés aux comportements et aux humeurs difficiles de leurs aînés qui leur font perdre la confiance d’aller vers un avenir meilleur, en leur tenant des discours dans le style insipide et écœurant, quand ce n’est pas dans le mépris, comme celui de notre grand diplomate Lakhdar Brahimi. Ainsi, l’on comprend qu’une véritable distance sépare les deux générations, franchement ! Celle où les anciens s’accrochent mordicus aux responsabilités, hélas, ceux-là qui ont vécu et qui vivent, jusqu’à l’heure, d’égocentrismes, de dissensions et d’aspirations démesurées, quand ce n’est pas de mégalomanie et d’impostures, et la nouvelle génération qui est dans un autre monde, le sien, qui n’a rien de commun avec les orientations qui sont consignées en termes de valeurs et d’objectifs dans les tablettes de Novembre. Alors, allons-nous encore éloigner davantage les jeunes qui vivent leur siècle avec d’autres préoccupations, celles de leur âge, en leur imposant notre morgue, nos ambiguïtés, nos précarités, notre nihilisme, nos amertumes et notre dédain ? Comment allons-nous les instruire, les former et les mobiliser dans une ambiance maussade, comme la nôtre, où les valeurs ancestrales se perdent dans un tourbillon de contradictions et de malaise au pluriel ? Ce n’est pas, évidemment, en les détournant de leur Histoire ou en les traitant avec désinvolture, comme c’est le cas de notre diplomate Lakhdar Brahimi qui intervient en une période difficile, pour la rendre encore plus pénible..., oui, en cette période où l’anarchie s’est imposée pour se répercuter tristement dans la vie de tous les jours. De là, comment une déclaration inopportune comme cette dernière — j’y reviens — peut-elle servir ou, à tout le moins, intéresser la jeunesse, au moment où une flopée d’accusations fusent de partout, et où des symboles de la nation, de notre mémoire, de notre Histoire se voient accusés, à tort, de fautes non commises, ou incriminés carrément de traîtrise envers leur pays ? Oui, et c’est en cette période, malheureusement, que les mœurs se sont corrompues et les langues déliées pour jeter gratuitement l’imprécation et l’opprobre sur des héros nationaux qui ont été ciblés par ces accusations. Des exemples, il y en a à profusion, comme cette grave dérive d'un procureur de la République qui qualifie Abane Ramdane de «traître» et ceux, avant lui, qui ont accusé de la même injure les Massinissa, l’Émir Abdelkader, Ben Badis, et j’en passe... Et la saga continue..., il n’y a plus de limite... On ouvre la bouche et on profère des propos malencontreux, plutôt méprisants, en les jetant en vrac, à cette population qui doit les accepter — pour peu qu’elle soit crédule — comme des versets solennels. Mais comme dit le proverbe danois : «Heureux celui qu'on accuse à faux.» C’est alors, qu’il est inutile, à partir de ce constat, d’en rajouter encore, Monsieur Lakhdar Brahimi. Il en sera inutile, effectivement, dans un climat pareil, que nous vivons présentement et qui n’est pas différent de celui d’avant, dans lequel je dénonçais déjà, dans ma contribution du 14 avril 2014, le IVe mandat de Fakhamatouhou, quelques jours seulement avant les élections... Oui, je dénonçais l’inconscience, l’abandon, l’indifférence et la désuétude chez ceux qui avaient la charge de la gestion du pays. Et j’écrivais avec conviction dans mon style : «Inutile d’aller dans le détail, parce que le bilan est lourd ; il se traduit éloquemment, à forte persuasion et certitude, à travers des mines patibulaires, s’annonçant sur des visages timorés, frustrés et pleins de manques. Notre bilan est tellement lourd qu’il nous semble que notre aéroplane ne peut le porter ni même monter si haut, puisque sa fortune est qu’il doit voler au ras des pâquerettes. Ah! quelle est vache notre inconscience. Oui, et j’ajouterai, quelle est odieuse et froide aux mains de «refoulés» qui, n’ayant pu se voir offrir des jouets pendant leur jeune âge, «sont aujourd’hui en train de jouer avec l’Algérie, son peuple et ce qu’il lui reste des principes de Novembre 54». Je m’excuse, si j’ai repris ces passages, parce que rien n’a changé depuis, hélas ! «Dar Loqmane ‘ala haliha» (la maison de Loqmane n'a pas changé d'un iota !), comme dit le proverbe arabe. Enfin, après cette nécessaire digression, et pour terminer avec toi Si Lakhdar, mon aîné de la «Medersa», ce creuset de patriotes, j’ai beaucoup abrégé ma présente contribution, parce que, te concernant, tout est clair dans ton intervention..., une intervention qui n’a pas mis trop de temps pour que s’installe en nous, et à tous les niveaux, la déception envers toi. Et sinon, comment penses-tu être considéré chez les Algériens quand tu leur lances brutalement, dans le media Le Monde : «Il y a eu un départ volontaire des Français» ! En d’autres termes, un départ volontaire et sans remords de ces indus occupants, après avoir vécu en villégiature pendant 132 années et, un beau matin de juillet 1962, ils ont pris la décision de rentrer chez eux. Ils ont fait leurs valises, pris des souvenirs, sans oublier la main de Fatma, comme talisman bien sûr, et nous ont dit : au revoir ! Ainsi, nos hôtes ont passé un bon séjour en terre algérienne car ils étaient bien installés... Quant à nous, pourquoi nous lamenter, pourquoi mentir, et faire du tapage autour d’une guerre qui n’a pas eu lieu, en racontant à tue-tête les enfumades imaginaires, les massacres commandités et dirigés par les Saint-Arnaud, Cavaignac, Pélissier, Bugeaud et consorts, les victimes innocentes du 8 Mai 1945, et ainsi de suite ?... En effet, il n’y a pas eu de guerre, pour ce qui nous concerne, et par ailleurs pas de sacrifices de notre part. Quant à ta célèbre mission de Bandung, et à d’autres que tu as accomplies, en tant qu’envoyé du FLN, cela était pour toi de beaux voyages d’agrément où tu as parfait et consolidé tes connaissances en Histoire universelle... Là, je me rappelle nos professeurs de la «Medersa» qui nous expliquaient le comportement de gens pénétrés de défaitisme, plutôt de négation, par cette simple petite phrase : «Wa ka ennaka ya Aba Zayd, ma ghazit, wala nghazit ! (Et comme si ô Abou Zayd, tu n’as jamais lutté, et tu n’as jamais été agressé...). En conclusion, Si Lakhdar, je souhaiterais que tu sois conscient de ce grave dérapage qui — à Dieu ne plaise — est loin d’être associé à une quelconque détresse psychique ou, carrément, à une altération des fonctions mentales... ! Dans l’affirmative, et j’en serai heureux, il n’y a pas d’autre choix que de t’amender de cette maladresse auprès de la jeunesse, particulièrement, et de la manière dont tu excelles, depuis des lustres, au sein de notre diplomatie qui était fort performante dans le passé. Dans le cas contraire, je dois te dire ce qu’un habitant bien de chez nous – il aime s’appeler ainsi – m’a prié de te transmettre, au nom des jeunes, ce petit message qui sort de leurs entrailles : «S’il ne sait s’amender, les jeunes, eux, sauront l’apprécier à sa juste non-valeur et... à son ineptie historique.»
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«Les Français quittent volontairement l’Algérie, après 132 ans de vacances...» :-)
Par Kamel Bouchama
Notre Lakhdar Brahimi a déclaré, lors d’un entretien accordé au journal français Le Monde, concernant le départ américain d’Afghanistan, après vingt ans de présence – de 2001 à 2021 –, je cite ses propres termes : «Ce n’est pas une défaite militaire. C’est comme pour les Français et l’Algérie.» Alors, nous devons comprendre, d’après les sages paroles de notre grand diplomate, que pour ce qui est de l’Afghanistan, les Yankees sont partis, tout bonnement, après avoir préparé soigneusement le retour des talibans dans leur pays. Quant au départ des Français d’Algérie, en juillet 1962, après 132 années d’occupation, il n’est pas dû, également, à une défaite militaire. Et il le dit d’un ton affirmatif... En conséquence, et au vu de ce départ volontaire des Français, il n’y a pas eu de guerre, pour ce qui nous concerne, ni de souffrances, ni d’oppression, ni de barbarie et, encore moins, de cortèges de martyrs. Franchement, je reste étonné devant la déclaration du diplomate averti, aguerri qu’est Lakhdar Brahimi. D’abord, parce que ses propos sont antinomiques et diamétralement opposés aux aveux de l’Occident quant à la défaite des États-Unis en Afghanistan, après vingt ans de guerre sans merci contre les talibans. Ainsi, il faudrait être frappé de cécité pour ne pas constater que ces derniers – les talibans – ont fini par prendre les rênes du pouvoir, chez eux. Cependant, ce qui me laisse muet de stupéfaction, c’est son propos concernant l’Algérie..., un propos d’un Algérien, un politique chevronné qui a commencé sa carrière politique pendant la lutte armée, conduite par le FLN. Avait-il donc besoin de comparer notre révolution – la sienne, évidemment –, sacrée grande révolution du XXe siècle par tous les historiens de la planète, à une guerre menée par l’armée américaine en Afghanistan pour réprimer le terrorisme, en réponse aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis ? Explorons un peu le passé, pour mieux situer notre diplomate Lakhdar Brahimi qui, me semble-t-il, a oublié qu’il se trouvait en 1955, à l’âge de 21 ans, dans la délégation du FLN, parmi les participants à la Conférence de Bandung. Il était jeune, tout comme Mohamed–Seddik Benyahia et les autres, les Hocine Aït-Ahmed, M’hamed Yazid et j’en passe. Tous ces jeunes de la JFLN d’alors faisaient leur apprentissage aux côtés de leaders du Tiers-Monde, l’Indonésien Ahmed Soukarno, l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, Jawaharlal Nehru, qui avait succédé à Gandhi en Inde, Zhou Enlai, Premier ministre chinois, et le Yougoslave Josip Broz Tito. Je continue sur cette Conférence de Bandung pour vous donner quelques repères afin que vous deviniez pourquoi je l’aboute à la déclaration imparfaite, voire ridicule de Lakhdar Brahimi... En effet, vous devinerez facilement quand vous saurez que cette conférence – la première en son genre dans le Tiers-Monde –, qui s'est tenue en présence de 600 représentants de 29 pays, ce qui constituait pour nous «une participation internationale très importante à l'époque, a été un tournant pour notre diplomatie et, notamment, pour la cause algérienne». Elle a permis en outre, disent nos historiens, «de révéler la lutte du peuple algérien, pour son indépendance, au niveau de l'ONU». Et de poursuivre : «Ce fut une véritable épreuve pour la délégation algérienne qui a su convaincre les organisateurs d'accepter le Front de libération nationale (FLN) comme représentant de l'Algérie.» Mais qu’en était-il des résultats de Bandung ? Deux principaux résultats et pas des moindres, pour conforter notre révolution : le soutien franc et direct à l'Algérie dans sa lutte pour son indépendance et l'engagement à poser le sujet de notre noble cause lors des travaux du Sommet de l'ONU, en 1955, avec, en corolaire, la formulation d’une demande de la part de tous les participants aux autorités françaises pour prendre en considération la cause algérienne. Ainsi, dès l'automne 1955, la question algérienne a été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU, faisant suite à la demande de quinze États du groupe arabo-asiatique. N’était-ce pas une reconnaissance de facto, au cours de ces assises internationales, de la lutte d’un peuple et d’un pays – les nôtres – dont fait partie le diplomate Lakhdar Brahimi ? Et c’est là, où vous devinez pourquoi me suis-je quelque peu appesanti sur Bandung. C’était uniquement pour rafraîchir un peu la mémoire de cet ancien militant du FLN et lui rappeler le contexte d’alors, de la guerre de Libération nationale à laquelle il a amplement contribué, afin qu’il n’aille pas demain, au cours d’un autre entretien, jeter à ses lecteurs, dans la négation des valeurs de Novembre, des inepties comme la dernière de ce mois d’août dans le journal français Le Monde. Et c’est alors que pour tout ce qui précède, je dis : est-il possible qu’un Algérien ayant vécu, sur le terrain, les vicissitudes de notre glorieuse Révolution et connu les affres d’une lutte opiniâtre contre un colonisateur hystériquement furieux et son armée aux formes et aux relents de la barbarie puisse déverser, délibérément, soixante ans après, des propos insensés, désobligeants, malveillants et, on ne peut plus, venimeux à l’égard de l’Histoire, mais aussi des citoyens et des militants qui, eux, ont participé avec engagement et conviction au recouvrement de leur souveraineté nationale, depuis le «Djihad» mené par l’Émir Abdelkader jusqu’à la guerre de Libération nationale... ? Effectivement, la question doit être posée ainsi, en toute clarté, et avec franchise. Car, aujourd’hui, les jeunes qui vivent dans le désarroi, voire un certain désespoir de n’avoir pas trouvé leur équilibre au sein d’une société qui vit le marasme et l’égarement, sont également confrontés aux comportements et aux humeurs difficiles de leurs aînés qui leur font perdre la confiance d’aller vers un avenir meilleur, en leur tenant des discours dans le style insipide et écœurant, quand ce n’est pas dans le mépris, comme celui de notre grand diplomate Lakhdar Brahimi. Ainsi, l’on comprend qu’une véritable distance sépare les deux générations, franchement ! Celle où les anciens s’accrochent mordicus aux responsabilités, hélas, ceux-là qui ont vécu et qui vivent, jusqu’à l’heure, d’égocentrismes, de dissensions et d’aspirations démesurées, quand ce n’est pas de mégalomanie et d’impostures, et la nouvelle génération qui est dans un autre monde, le sien, qui n’a rien de commun avec les orientations qui sont consignées en termes de valeurs et d’objectifs dans les tablettes de Novembre. Alors, allons-nous encore éloigner davantage les jeunes qui vivent leur siècle avec d’autres préoccupations, celles de leur âge, en leur imposant notre morgue, nos ambiguïtés, nos précarités, notre nihilisme, nos amertumes et notre dédain ? Comment allons-nous les instruire, les former et les mobiliser dans une ambiance maussade, comme la nôtre, où les valeurs ancestrales se perdent dans un tourbillon de contradictions et de malaise au pluriel ? Ce n’est pas, évidemment, en les détournant de leur Histoire ou en les traitant avec désinvolture, comme c’est le cas de notre diplomate Lakhdar Brahimi qui intervient en une période difficile, pour la rendre encore plus pénible..., oui, en cette période où l’anarchie s’est imposée pour se répercuter tristement dans la vie de tous les jours. De là, comment une déclaration inopportune comme cette dernière — j’y reviens — peut-elle servir ou, à tout le moins, intéresser la jeunesse, au moment où une flopée d’accusations fusent de partout, et où des symboles de la nation, de notre mémoire, de notre Histoire se voient accusés, à tort, de fautes non commises, ou incriminés carrément de traîtrise envers leur pays ? Oui, et c’est en cette période, malheureusement, que les mœurs se sont corrompues et les langues déliées pour jeter gratuitement l’imprécation et l’opprobre sur des héros nationaux qui ont été ciblés par ces accusations. Des exemples, il y en a à profusion, comme cette grave dérive d'un procureur de la République qui qualifie Abane Ramdane de «traître» et ceux, avant lui, qui ont accusé de la même injure les Massinissa, l’Émir Abdelkader, Ben Badis, et j’en passe... Et la saga continue..., il n’y a plus de limite... On ouvre la bouche et on profère des propos malencontreux, plutôt méprisants, en les jetant en vrac, à cette population qui doit les accepter — pour peu qu’elle soit crédule — comme des versets solennels. Mais comme dit le proverbe danois : «Heureux celui qu'on accuse à faux.» C’est alors, qu’il est inutile, à partir de ce constat, d’en rajouter encore, Monsieur Lakhdar Brahimi. Il en sera inutile, effectivement, dans un climat pareil, que nous vivons présentement et qui n’est pas différent de celui d’avant, dans lequel je dénonçais déjà, dans ma contribution du 14 avril 2014, le IVe mandat de Fakhamatouhou, quelques jours seulement avant les élections... Oui, je dénonçais l’inconscience, l’abandon, l’indifférence et la désuétude chez ceux qui avaient la charge de la gestion du pays. Et j’écrivais avec conviction dans mon style : «Inutile d’aller dans le détail, parce que le bilan est lourd ; il se traduit éloquemment, à forte persuasion et certitude, à travers des mines patibulaires, s’annonçant sur des visages timorés, frustrés et pleins de manques. Notre bilan est tellement lourd qu’il nous semble que notre aéroplane ne peut le porter ni même monter si haut, puisque sa fortune est qu’il doit voler au ras des pâquerettes. Ah! quelle est vache notre inconscience. Oui, et j’ajouterai, quelle est odieuse et froide aux mains de «refoulés» qui, n’ayant pu se voir offrir des jouets pendant leur jeune âge, «sont aujourd’hui en train de jouer avec l’Algérie, son peuple et ce qu’il lui reste des principes de Novembre 54». Je m’excuse, si j’ai repris ces passages, parce que rien n’a changé depuis, hélas ! «Dar Loqmane ‘ala haliha» (la maison de Loqmane n'a pas changé d'un iota !), comme dit le proverbe arabe. Enfin, après cette nécessaire digression, et pour terminer avec toi Si Lakhdar, mon aîné de la «Medersa», ce creuset de patriotes, j’ai beaucoup abrégé ma présente contribution, parce que, te concernant, tout est clair dans ton intervention..., une intervention qui n’a pas mis trop de temps pour que s’installe en nous, et à tous les niveaux, la déception envers toi. Et sinon, comment penses-tu être considéré chez les Algériens quand tu leur lances brutalement, dans le media Le Monde : «Il y a eu un départ volontaire des Français» ! En d’autres termes, un départ volontaire et sans remords de ces indus occupants, après avoir vécu en villégiature pendant 132 années et, un beau matin de juillet 1962, ils ont pris la décision de rentrer chez eux. Ils ont fait leurs valises, pris des souvenirs, sans oublier la main de Fatma, comme talisman bien sûr, et nous ont dit : au revoir ! Ainsi, nos hôtes ont passé un bon séjour en terre algérienne car ils étaient bien installés... Quant à nous, pourquoi nous lamenter, pourquoi mentir, et faire du tapage autour d’une guerre qui n’a pas eu lieu, en racontant à tue-tête les enfumades imaginaires, les massacres commandités et dirigés par les Saint-Arnaud, Cavaignac, Pélissier, Bugeaud et consorts, les victimes innocentes du 8 Mai 1945, et ainsi de suite ?... En effet, il n’y a pas eu de guerre, pour ce qui nous concerne, et par ailleurs pas de sacrifices de notre part. Quant à ta célèbre mission de Bandung, et à d’autres que tu as accomplies, en tant qu’envoyé du FLN, cela était pour toi de beaux voyages d’agrément où tu as parfait et consolidé tes connaissances en Histoire universelle... Là, je me rappelle nos professeurs de la «Medersa» qui nous expliquaient le comportement de gens pénétrés de défaitisme, plutôt de négation, par cette simple petite phrase : «Wa ka ennaka ya Aba Zayd, ma ghazit, wala nghazit ! (Et comme si ô Abou Zayd, tu n’as jamais lutté, et tu n’as jamais été agressé...). En conclusion, Si Lakhdar, je souhaiterais que tu sois conscient de ce grave dérapage qui — à Dieu ne plaise — est loin d’être associé à une quelconque détresse psychique ou, carrément, à une altération des fonctions mentales... ! Dans l’affirmative, et j’en serai heureux, il n’y a pas d’autre choix que de t’amender de cette maladresse auprès de la jeunesse, particulièrement, et de la manière dont tu excelles, depuis des lustres, au sein de notre diplomatie qui était fort performante dans le passé. Dans le cas contraire, je dois te dire ce qu’un habitant bien de chez nous – il aime s’appeler ainsi – m’a prié de te transmettre, au nom des jeunes, ce petit message qui sort de leurs entrailles : «S’il ne sait s’amender, les jeunes, eux, sauront l’apprécier à sa juste non-valeur et... à son ineptie historique.»
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