Le député Mohamed Bekhadra est menacé d’être privé de son mandat pour avoir été enrôlé dans la Légion étrangère.
Un ancien soldat engagé dans la Légion étrangère élu député en Algérie ? Dans les couloirs du Parlement à Alger, c'est l'émoi après les révélations de médias locaux sur le député Mohamed Bekhadra, élu lors des dernières législatives de juin 2021 dans la circonscription de Marseille.
Selon ces médias, Mohamed Bekhadra, « aurait servi dans la Légion étrangère, combattu dans plusieurs pays d'Afrique du Sahel au nom de la France puis naturalisé en 2006 ».
Pour la précision, un député doit avoir la nationalité algérienne, selon la loi, mais pas de manière exclusive, il peut donc être binational.
Un soldat médaillé
Toujours d'après les mêmes sources, ce député de la communauté algérienne en France se serait engagé dans la Légion de 2002 à 2007 « à Aubagne dans le département des Bouches-du-Rhône » avant d'être « muté au 4e régiment de la Légion étrangère basé sur la route de Pexiora à Castelnaudary dans le département de l'Aude dans le sud-est de la France ».
« Il sera détaché au sein du régiment français d'interventions au Tchad. Au terme de sa mission, il obtient une médaille de bronze. À son retour en France, il est envoyé 1er régiment étranger de génie, dans Laudun-l'Ardoise dans le sud-est de la France », détaille le quotidien Le Jeune Indépendant. Il finira avec le grade de caporal et serait « bien noté par ses supérieurs grâce à la médaille qui lui a été décernée pendant l'intervention au Tchad ».
Ces « révélations » ont poussé le Parlement, selon le quotidien El Khabar, à interdire, la semaine écoulée, à ce député l'accès à l'hémicycle de l'Assemblée nationale populaire en attendant « son exclusion » de l'assemblée. Le ministre de la Justice a également été saisi par des présidents de groupes parlementaires afin de lever l'immunité parlementaire de Mohamed Bekhadra. Une séance du Parlement statuera dans deux semaines sur son sort.
Les précisions du député
« La haute autorité de surveillance des élections chargée de collecter les candidatures ne pouvait rejeter sa candidature compte tenu du fait qu'il était détenteur de la nationalité algérienne et résidait légalement en France et remplissait les conditions exigées pour prendre part aux législatives », explique Le Jeune Indépendant et son propre parti, le Front national algérien – dont il a été exclu pour des raisons internes – s'est justifié en avançant qu'il n'avait pas les moyens pour vérifier le passé de son candidat.
Ce dernier a tenu à répondre à ces accusations dans les colonnes d'El Khabar de ce lundi 18 avril. S'il reconnaît avoir été entendu, le 12 avril dernier, par la commission juridique du Parlement, il explique qu'il avait déjà communiqué des documents sur son engagement dans la Légion aux « autorités compétentes ».
« Fils de martyr »
Il affirme également qu'il n'a jamais été enrôlé dans des unités combattantes, mais en tant qu'infirmier, notamment à Djibouti. « C'est une page de mon passé que j'ai fermée depuis longtemps », témoigne Mohamed Bekhadra, ulcéré par le procès de patriotisme dont il est l'objet alors qu'il un « petit-fils de chahid [martyr, combattant algérien tué durant la guerre d'indépendance] ».
Le député précise également qu'il avait « rejoint l'armée française parce que c'était un moyen d'avoir ses papiers de résidence et de financer, à l'époque, ses études ». L'homme cherche ailleurs les raisons de ce qu'il considère comme une cabale montée contre lui et croit savoir qu'il faudrait chercher du côté du Consulat d'Algérie à Bordeaux qu'il avait critiqué lors d'une plénière du Parlement. Selon le député, c'est d'ailleurs l'ambassade d'Algérie à Paris qui a initié les procédures contre lui. Affaire à suivre…
Par notre correspondant à Alger, Adlène Meddi
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