Blessures du corps, mais aussi blessures de l’âme.
Ces poèmes avaient été confiés à ses amis qui avaient combattu en Algérie.
Il est temps maintenant de les faire connaître à un cercle plus élargi.
Merci Jean Marc d’avoir eu, à 20 ans, le courage d’écrire ton ressenti.
Les jeunes générations comprendront mieux aujourd’hui.
POEMES de JEAN-MARC
« Petite Kabyle »
Elle n’était qu’une enfant
J’avais à peine vingt ans.
Le lourd hélicoptère
A porté en sa terre
Sa puissance mitraille
Qui déchire les entrailles
Faisant couler le sang.
Cette femme, sa maman
Voulant la protéger
Face au monstre s’est levée
Mais l’obus éclatant
A la mère et l’enfant
A retiré la vie.
Sous le frêle taillis
Vous étiez allongées.
Cessez le feu, cessez
Le sergent s’affolait.
Mon dieu, qu’avons-nous fait
Qu’ai-je fait petite fille ?
Toi morte et moi en vie
Portant jusqu’à ma mort
Le poids du petit corps.
Que ce jour soit maudit
Où pour tout ennemi
Nous n’avons affronté
Que la honte d’être nés.
AFN 1960
« Retour de Permission »
Nous quittions résignés
Nos parents bien aimés
Montagnes et vallées
Nous cachant pour pleurer.
Vivant mal l’instant
Où s’efface au levant
L’ultime épaulement
Qui conduit au Mont-Blanc
Ce terrible voyage
Avec pour tout bagage
Quelques belles images
De nos hauts pâturages
J’ai retrouvé au port
L’ami venu du nord
L’amitié quel trésor
Demain il sera mort
AFN 1959
« Garde de nuit »
Tu portes le fardeau
Tu le portes sans dire mot
De ces longs mois passés
D’une guerre désespérée
A faire ton quotidien
De tout et puis de rien
Du danger invisible
De l’ennemi, la cible,
Du drapeau dans le vent
Et le vent en hurlant
Ajoutant à la nuit
Ta peur jusqu’au cri
Tu le sais, tu le sens
Accroupi il t’attend
Dans le noir, il se fond
Est-ce une arme, un bâton
Qu’il cache sous son burnous
Toi la folle montre nous
Montre-toi, ose enfin
A l’angoisse mettre fin
On ne m’a pas appris
A comprendre les bruits
Les formes et le silence
Dont on sait l’insolence
A tout interpréter
Ces pas, c’est la relève
Rien, la nuit s’achève
Et dans l’aube naissante
II va ombre fuyante
Quelque repos trouver
Et comme toi rêver
De paix...
AFN 1959
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