Les phénomènes d'émigration et de mouvement de population ont toujours existé, à travers l'histoire de l'Humanité. L'Algérie, de par son histoire, sa géographie et sa proximité avec l'Europe, n'échappe pas à ce phénomène.
Néanmoins, l'émigration multiforme de citoyens algériens de tout âge et de toute catégorie sociale, s'est beaucoup accélérée, ces dernières années, et constitue une préoccupation majeure. D'abord, c'est l'émigration clandestine de nombreux jeunes, appelée dorénavant « harga », qui interpelle le plus les dirigeants du pays et la société toute entière, de par la violence et le drame qu'elle génère au sein des familles. Des sociologues, psychologues et autres spécialistes traitent régulièrement de ce sujet, dans les médias, tentent de comprendre les raisons de ce drame et sensibilisent à sa prise en charge. Ensuite, dans ce contexte national marqué par une situation socioéconomique difficile, notamment par le chômage des diplômés, et compliquée par une pandémie mondiale qui impacte nos modes de vie, les analystes se saisissent, aussi, de la question de l'émigration « régulière » des étudiants, des médecins spécialistes, d'universitaires hautement diplômés et de cadres dans divers domaines. En 2019, l'Index mondial pour la compétitivité pour les talents, GTCI (Global Technic Competitiveness Index) indiquait que l'Algérie est classée 105ième sur 125, c'est-à-dire parmi « les pays qui ne savent pas retenir leurs talents ».
Il est, alors, légitime qu'on s'intéresse à l'émigration de notre potentiel humain, formé en Algérie au prix d'énormes sacrifices, à un moment où le savoir conditionne toute politique de développement, dans un environnement mondialisé. Nombreux sont ceux qui qualifient cette composante de notre émigration de « fuite des cerveaux ». Mais il n'est pas sûr que les dirigeants du pays et les nombreux analystes qui s'intéressent à la question, attribuent le même sens à cette notion. Car s'agit-il de fuite de cerveaux quand on parle du départ d'étudiants en graduation à l'université, ou quand il s'agit de jeunes enseignants encore en formation doctorale ? Et puis s'agit-il de fuite des cerveaux, de fuite des compétences, ou peut-être d'émigration de « potentiels cerveaux » ? Ces questions se posent parce qu'elles conditionnent la manière à adopter pour maintenir cette matière grise, en contact avec le pays. Les sociologues, les démographes et autres spécialistes répondront, certainement, à ces questionnements. Pour notre part, et sur la base d'expériences de terrain, cette réflexion se veut être une contribution à la compréhension de la problématique et une proposition de quelques voies qui faciliteraient l'intervention des leaders parmi nos concitoyens vivant à l'étranger, au développement scientifique et technologique de leur pays.
Car l'exode de cette catégorie de concitoyens peut être préjudiciable, si elle s'isole et ne participe pas aux activités d'enseignement, de formation, de recherche et d'expertise, en Algérie. Nous considérons, également, que dans la plupart des cas, les élites algériennes de l'étranger souhaitent participer à la vie de leur pays, mais n'envisagent pas le retour définitif, dans les conditions actuelles ; Mohamed Saib Musette du CREAD (centre de recherche en économie appliquée, Alger) estime, dans une étude récente, que pour les élites vivant en France, 78% déclarent ne pas vouloir retourner définitivement en Algérie. Le bon sens, alors, serait de transformer cette situation en avantages, en organisant leur intervention dans l'enseignement et la recherche, à partir de leurs établissements d'accueil à l'étranger.
S'agissant des étudiants, il est vrai que ces dernières années, malgré la pandémie et les fermetures de frontières, qui ont réduit la mobilité des étudiants dans le monde de 60%, nombreux sont les bacheliers ou ceux, à peine diplômés de graduation de l'université algérienne, qui ont émigré au Moyen-Orient, au Canada ou en Europe, et essentiellement en France. Ce pays, ne se contentant pas uniquement d'utiliser les émigrés arrivés sur son sol, mène une offensive pour détourner les diplômés algériens candidats au départ ; les représentations diplomatiques françaises sont mobilisées pour choisir les profils qui intéressent leur pays, en leur accordant des visas de longues durées, des établissements d'accueil, des fois des bourses et bien d'autres facilitations. Alors qu'on s'interroge sur l'importance de ce phénomène d'émigration des étudiants, les chiffres évoqués par les médias n'inspirent pas, à notre avis, d'inquiétude particulière, quand ils indiquent que 25% des étudiants algériens souhaitent émigrer, mais seulement 29000 d'entre eux ont réellement émigré en 2018, en France, alors qu'ils étaient 22000 en 2013. Rappelons à ce sujet qu'en 2018, ce sont 1.700.000 étudiants qui étaient inscrits dans les universités algériennes, qui reçoivent quelques 300.000 bacheliers, annuellement, et seulement 190.000 étudiants en sortent, diplômés. Ainsi, « l'inquiétude » exprimée dans certains médias, au sujet de cette émigration, semble inspirée par l'observation des longues files d'attente de demandeurs de visa, devant les consulats ; des visas que nombreux n'obtiennent pas.
Car en l'absence de données officielles, les chiffres rapportés dans de nombreux écrits restent de l'ordre de ceux enregistrés chez nos voisins maghrébins. En fait, toutes ces statistiques montrent que ce n'est pas le nombre d'étudiants qui émigrent, qui inquiète, mais leurs profils ; d'autant que l'exode des étudiants a toujours existé et reste conforme à la tendance mondiale à la mobilité, observée dans de nombreux pays. Bien au contraire, l'Algérie a intérêt à s'inscrire dans les programmes d'échanges internationaux. En tout cas, la situation de l'université algérienne et la recherche de la qualité des études, n'expliquent pas, à elles seules, l'émigration des étudiants algériens. Cette dernière est multiforme : elle peut être justifiée, pour les uns, par la recherche de compétences et de spécialisations particulières n'existant pas en Algérie. Pour d'autres, c'est la recherche d'un épanouissement personnel, souvent encouragé par la famille, qui explique le départ à l'étranger. Mais, une fois installés à l'étranger, la plupart de ces étudiants ne poursuivent pas des études supérieures de troisième cycle, et intègrent la vie active dans le pays d'accueil, où ils sont généralement sous utilisés, au vu de leurs diplômes et compétences. En cela, le départ à l'étranger d'une partie de ces étudiants relève du même caractère que la « harga » des autres jeunes. Les uns tentent les visas et l'avion et les autres tentent la clandestinité et les embarcations de fortune. Et tous disent émigrer pour échapper au mal-être ambiant et au chômage des diplômés, qui les attendrait.
La fuite des cerveaux, généralement comprise comme l'émigration des plus qualifiés, est un vieux phénomène universel qui a généralement accompagné des conflits et des instabilités de sociétés. Pour ces raisons et tant d'autres, l'Algérie, à l'instar d'autres pays, connait une émigration de son potentiel humain, parmi les scientifiques, les managers de l'économie et d'autres universitaires et experts. Cette modeste contribution s'intéressera aux universitaires et chercheurs confirmés et à tous les Algériens de l'émigration, qui émergent au niveau scientifique international, pour suggérer quelques démarches qui faciliteraient leur participation à l'édification du pays. En effet, la question de savoir comment les intégrer dans la vie du pays est devenue récurrente, alors que nombreux parmi eux souhaitent apporter leurs aides au développement socioéconomique, à un moment où le besoin en compétences est le bienvenu. A ce propos et dans le discours, tous les gouvernements qui se sont succédé se sont engagés à répondre favorablement au vœu exprimé par les scientifiques et technologues expatriés, pour faciliter leur participation à l'enseignement supérieur et à la recherche, dans leur pays. Alors que de nombreux indices montraient qu'il n'y avait pas de raison de douter de la sincérité des engagements des uns et des autres, les mesures tentées n'ont pas donné de résultats probants, en dehors de quelques initiatives personnelles. Tous les intervenants potentiels pensent qu'on peut mieux faire, et s'interrogent sur les raisons de l'échec renouvelé.
Alors, se posent les questions de savoir si les mesures prises n'ont jamais été les bonnes et les mieux adaptées ? Ou s'il y a eu un mauvais choix du niveau hiérarchique des personnes chargées du suivi ? Y a-t-il eu sabotage des tentatives de rapprochement des scientifiques algériens de leur pays ? A notre avis, c'est la conjugaison de plusieurs facteurs qui a fait que la situation générale du pays ait impacté négativement, la situation particulière qui concerne la participation des élites expatriées, au développement : Le premier facteur à intégrer dans la définition de la stratégie à mettre en œuvre, est d'admettre que l'option du retour définitif de ceux qui émergent à l'étranger, n'est ni demandée, ni viable, en ce moment, au vu des conditions actuelles des universités et laboratoires de recherche algériens.
Il est, alors, intéressant de mettre en place les conditions favorables à la participation des leaders scientifiques expatriés, au développement de leur pays d'origine, à partir de là où ils se trouvent, et sur la base de partenariat entre les universités, laboratoires, et entreprises. L'autre levier est l'adoption de solutions qui tiennent compte des raisons qui ont amené à l'émigration de ces élites ; ces raisons relèvent, à notre sens, de plusieurs ordres : le mal-être social ressenti, les conditions de travail difficiles, la mauvaise gouvernance du pays, la place des élites savantes dans la société, etc. Ainsi, dans la plupart des cas, l'émigration d'un chercheur ou d'un universitaire n'est pas due aux conditions de sa propre vie sociale, mais de celles qui entourent l'exercice de son métier. Il est vrai que les pouvoirs publics, considérant que la question n'est pas prioritaire, ont souvent observé un désintéressement à l'endroit du potentiel humain scientifique national, souvent amené à s'expatrier pour faire valoir son savoir-faire. Le chercheur algérien n'intéresse pas tant qu'il est en Algérie, même quand il publie dans les revues les plus prestigieuses, ou qu'il enregistre des brevets. De plus, l'évaluation des ressources humaines dans le système sociopolitique de l'Algérie ne repose pas uniquement sur les rendements et le mérite, et donc ne révèle pas les plus performants. Une des manifestations les plus plausibles de cet état d'esprit, était l'acquisition de « technologies clef en mains », et l'octroi de projets et contrats d'études et de réalisations à des sociétés et bureaux d'études étrangers, qui sous-traitent au bout du compte, avec des scientifiques et experts algériens locaux. L'autre exemple, plus récent, est la sous-utilisation de l'académie algérienne des sciences et des technologies, qui est tout à fait significatif du niveau de crédit qu'on accorde aux savants algériens, tant qu'ils sont encore en Algérie. Alors qu'elle peut constituer une cellule de veille, et peut être consultée sur de nombreux sujets, cette institution est restée ignorée pendant longtemps, même si ses premiers membres ont été sélectionnés par un jury international formé des cinq plus prestigieuses académies, au monde. C'est tout récemment que le Président de la république a ordonné la mise en place des conditions de son implication dans la vie scientifique du pays.
Mais curieusement, dès que le scientifique algérien devient « visible » à l'étranger, tout le pays s'intéresse à lui. Des émissions de télévision et des articles de presse, vantant la réussite des « cerveaux algériens vivant à l'étranger », sont souvent suscités par les pouvoirs publics pour servir « d'exemple de réussite ». Dans cette opération de communication, les médias algériens, sans doute de bonne foi, présentent des fois, des profils d'expatriés que rien ne distingue des centaines de leurs collègues d'ici.
L'opinion publique exprime légitimement sa fierté à l'endroit de cette élite émigrée, mais ne retenant que le qualificatif « cerveaux vivant à l'étranger », s'installe dans un malentendu qui considère que « seuls les bons s'en vont à l'étranger ». Cette attitude erronée disqualifie l'enseignant-chercheur resté en Algérie ; comme si nos compatriotes devenus visibles à l'étranger, y sont nés, ont étudié à l'étranger et ont construit (toute) leur réussite à l'étranger. Or la réalité est que cet aboutissement est, souvent, le résultat d'un processus qui a commencé en Algérie : les Algériens qui font le bonheur des universités, des laboratoires de recherche et des hôpitaux à l'étranger sont, quasiment, tous partis d'ici, déjà diplômés. Ce sont ceux-là qui sont devenus visibles par leur réussite, quand ils sont dans de bonnes conditions de vie et de travail. Il est rare, par exemple, de rencontrer un compatriote né en France, faire des études doctorales ; les Européens n'investissant pas beaucoup dans ce créneau de formation à la recherche pour les étrangers, choisissent ceux déjà formés dans leur pays d'origine. En témoigne la politique de l'immigration choisie des pays européens et la proportion de chercheurs étrangers activant dans les laboratoires de recherche des universités françaises.
Aujourd'hui, tout en respectant les choix de chacun, il s'agit de faciliter le retour des universitaires souhaitant revenir définitivement au pays, et de dégager la meilleure stratégie afin d'organiser l'apport au développement, de ceux plus nombreux, qui n'envisagent pas de retourner. Il y a surement de nombreux avantages à rationaliser leurs interventions à partir de leurs laboratoires et universités d'accueil. D'abord, il est important de prendre en charge, correctement, l'aspect matériel de leur déplacement et leur séjour en Algérie, ainsi que la rétribution du travail fourni. Il est, bien entendu, nécessaire d'assurer les meilleures conditions de travail dans les universités et les laboratoires algériens qui les accueillent, pour rendre efficace leur intervention, pendant leurs courts séjours dans le pays. Avec les nouveaux moyens de communication rapides, il devient facile d'organiser la coordination qui leur permet de contribuer à l'encadrement des thèses de doctorat menées dans les universités nationales, d'intégrer ou d'initier des projets de recherche, et de participer activement aux activités scientifiques, tenues en Algérie. Également, les universitaires de l'émigration pourront recevoir dans leurs établissements, encadrer et suivre les étudiants et enseignants chercheurs, en stages à l'étranger. Cette démarche a déjà bien fonctionné par le passé, à partir d'initiatives individuelles ; il s'agit de la formaliser et de la généraliser. D'un autre coté, l'implication des scientifiques de l'étranger dans la recherche et le développement technologique, autour de sujets de recherche qui intéressent le pays, est nécessaire ; en particulier, quand les travaux débouchent sur des publications originales et des brevets, cosignés par les deux parties : l'expérience, l'environnement et le savoir-faire des scientifiques de l'étranger, faciliteraient l'opération, difficile, de transformation des inventions (en laboratoires) en productions dans des start-ups et des entreprises économiques naissantes. Également, ceux parmi nos expatriés qui peuvent apporter une plus-value en matière d'organisation peuvent faire partie des conseils scientifiques, et autres structures de management de la recherche. Aussi, des activités et conférences internationales peuvent se tenir en Algérie, sous leur responsabilité, pour mieux assurer le transfert de connaissances et de technologies vers le pays.
Ce serait, également, un avantage, que d'articuler les coopérations scientifiques internationales entre établissements, autour des élites savantes algériennes implantées à l'étranger. La mobilisation de ces élites expatriées permet au pays de construire « le pont » nécessaire pour s'ouvrir sur le monde et « coller » aux évolutions des sciences et de la connaissance ; car sur ce plan, l'université algérienne, restée repliée sur elle-même pendant longtemps, connait de nombreux déficits et retards, qu'elle doit rattraper.
Sur un autre plan, pour rendre utile l'intervention des compatriotes de l'étranger, il est essentiel de valoriser la recherche et les chercheurs au niveau national ; l'efficacité de la démarche ne sera que plus grande, si l'enseignant-chercheur local est l'interlocuteur direct de son compatriote de l'étranger, et non l'administration, comme ça se pratique actuellement. Il n'y a pas d'opposition entre les universitaires locaux et émigrés, comme le soutiennent certains. Il suffit de s'intéresser à ceux qui émergent et qui s'imposent à tous par les résultats obtenus au niveau international. Ceux-là apportent une valeur ajoutée, au pays. Également, donner de la considération à ceux d'ici, diminue les raisons de leur exode et aide à faire participer les scientifiques de l'émigration, à l'effort de développement, de manière plus rentable. Les chercheurs algériens locaux méritent le respect, car malgré les difficultés, ils contribuent à la découverte et à la production de la connaissance, avec des performances non négligeables dans les sciences sociales, en médecine, dans les sciences et la technologie et dans de nombreuses autres disciplines. Ces résultats sont encore plus méritoires quand on connait les difficultés quotidiennes du chercheur algérien : environnement défavorable, mobilité limitée, coopération insuffisante avec des équipes et laboratoires étrangers, accès difficile à l'information scientifique, faiblesse des moyens de calcul et autres problèmes. Cette situation spécifique aux pays en développement, a justifié dans une large mesure le départ à l'étranger, de nombreux scientifiques.
Pour conclure, nous rappelons que le phénomène d'émigration de diverses couches de la société ne cesse de s'amplifier dans notre pays, et qu'il concerne, aussi, de nombreux diplômés et cadres qualifiés dans différents domaines. Face à cette situation, les pouvoirs publics en Algérie, conscients de la difficulté à faire revenir ce potentiel humain devenu visible par sa réussite, tente de créer l'environnement qui donne la possibilité à nos élites scientifiques émigrées, de participer au développement de leur pays, à partir de l'étranger. Dans ce cadre, l'affirmation des libertés académiques, d'opinion, de recherche, d'expression, est nécessaire pour protéger les enseignants-chercheurs algériens locaux et émigrés, et leur permettre de mieux exprimer leurs capacités de création et d'innovation. Mais de leur coté, les élites intellectuelles et scientifiques restées souvent en retrait par rapport à la société, doivent faire l'effort de s'impliquer pleinement dans la vie du pays. Également, malgré leur nombre important, les élites algériennes de l'étranger ne constituent pas une vraie « diaspora de l'intelligence », qui intervient dans un cadre organisé et reconnu, ou qui fait du lobbying au profit du pays. Il est, alors, utile que les termes de la coopération avec les pays qui choisissent leur immigration parmi les plus qualifiés, intègrent dans la balance des échanges, l'apport des compétences algériennes formées en Algérie, à leurs économies. C'est une manière de faire « payer » les pays employeurs de cette composante de la communauté algérienne. Enfin, il serait juste d'encourager l'initiative, récente, des autorités supérieures de l'Etat qui manifestent la volonté d'imprimer de nouvelles façons de faire la diplomatie, pour assurer la promotion des questions économiques, commerciales, mais aussi, pour se préoccuper des élites scientifiques algériennes vivant dans l'émigration, afin de faciliter et favoriser leur intervention dans la vie du pays. La comparaison avec l'équipe nationale de football peut paraitre approximative, quand il s'agit de parler des scientifiques, mais la réussite en football montre que toute démarche qui implique les Algériens les plus performants dans la conduite du pays, quel que soit leur lieu de résidence, est une démarche toujours rentable.
par Mohammed El Akerm
Cadre en retraite
Jeudi 20 janvier 2022
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