- Le sujet de la décolonisation enflamme une nouvelle fois les débats entre les partisans et les opposants à la question de la repentance. L'Indépendant.
Nouvelle présidente nationale du Cercle algérianiste, principale association de pieds-noirs, la Perpignanaise Suzy Simon-Nicaise a adressé une lettre ouverte au président de la République lui demandant le retrait officiel des termes employés par Emmanuel Macron le 15 février 2017 où il juge la colonisation comme un crime contre l'humanité. Elle s'en explique. La réponse d'une association de pieds-noirs progressistes, favorable à la décolonisation, ne s'est pas fait attendre.
Alors que le président de la République doit réunir le 26 janvier l'ensemble des associations de rapatriés à l'approche des commémorations des 60 ans de la fin de la guerre d'Algérie, la principale organisation représentant des pieds-noirs, le Cercle Algérianiste, remet sur le devant de la scène l'intervention d'Emmanuel Macron du 15 février 2017 lors d'une interview donnée à la chaîne d'information Echourouk News.
Il y déclarait : "La colonisation est un acte de barbarie...c'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie". Une intervention télévisée qui déclencha de l'autre côté de la Méditerranée de vives polémiques alors que l'association, aujourd'hui présidée par la perpignanaise Suzy Simon-Nicaise, avait fait le choix d'une opposition musclée en poursuivant judiciairement celui qui n'était encore que candidat à la présidentielle. À l'approche de cette réunion, elle dit qu'elle n'y assistera qu'à la condition que le Président retire ses propos tenus devant le média algérien.
Ce qui demeure du peuple Pied-noir et de sa mémoire, ne saurait s’abaisser devant celui qui l’a accusé, et l’accuserait toujours, du pire des crimes qui puisse être.
"Cette plainte, réglementairement suspendue, attend l'heure où M. Macron quittera l'Elysée", prévient Suzy Simon-Nicaise. Elle confirme, avant la tenue d'une conférence de presse ce lundi 24 janvier à Paris, que son association attend des explications fermes comme elle le précise dans son courrier adressé le mardi 18 janvier depuis Perpignan au Président. "Cette déclaration sur laquelle vous n'êtes jamais revenu constitue une très lourde et très infamante accusation. Contre la France, état colonisateur de l’Algérie. Contre ses personnels civils et militaires, le plus souvent métropolitains, qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour instaurer et faire fonctionner une administration. Enfin, contre les centaines de milliers de civils dont la France a encouragé, facilité et organisé l’installation afin de réaliser une colonie de peuplement, et dont nous sommes les descendants. Une telle déclaration constitue une terrible et inacceptable accusation à notre égard. Nous la ressentons comme une véritable insulte lancée globalement contre nos ancêtres, notre histoire et nous-mêmes".
Expliquant le sens de sa lettre ouverte, Suzy Simon-Nicaise précise ne pas supporter que les pieds-noirs soient considérés "comme les boucs émissaires" de cette guerre d'indépendance. "Pour qu’un dialogue fécond puisse s’installer, nous considérons qu'il doit retirer officiellement, en un impératif et incontournable préalable, les termes odieux qui ont été les siens ce 15 février 2017 à Alger. C’est l’unique et absolue condition de notre présence à cette invitation. Aucune alternative n’est envisageable. Ce qui demeure du peuple Pied-noir et de sa mémoire, ne saurait s’abaisser devant celui qui l’a accusé, et l’accuserait toujours, du pire des crimes qui puisse être".
Réponse cinglante des Pieds-noirs progressistes
Réagissant à cette prise de position du Cercle algérianiste, le perpignanais Jacki Malléa, fondateur de l'association des Pieds-noirs progressistes en 2008, précise qu'il participera bien à la réception de l'Elysée. Il critique ouvertement la démarche du Cercle algérianiste.
"Dans son intervention de 2017, Emmanuel Macron rappelle comment s'est faite la colonisation. Le Cercle algérianiste ne connaît pas l'histoire de l'Algérie et n'a jamais voulu se l'approprier. Moi je suis parti à 22 ans et je ne connaissais rien de l'Algérie et de son histoire, je l'ai appris plus tard". Pour justifier les propos du Président, Jacki Malléa cite les enfumades de 1844-1845. "Des villages entiers ont été envoyés dans des grottes et les habitants ont été asphyxiés. Il ne faut pas oublier cette barbarie et ce crime contre l'humanité". Mais aussi le massacre de Guelma du 8 mai 1945 réprimant des manifestants aux slogans anticoloniaux. Ou encore l'assassinat de Château-Royal où un commando de l'OAS exécute six cadres des centres sociaux éducatifs d'Algérie. "On a eu notre Charlie Hebdo avec l'assassinat de Pieds-noirs et d'Algériens le 15 mars 1962. Ceci n'est rien d'autre qu'une barbarie" répète-t-il.
Concernant l'objectif de son association à l'occasion des commémorations : "Que les archives soient mises à disposition des historiens afin qu'ils puissent travailler. La masse des pieds-noirs, arrivés en 1962, s'est fondue dans la France en s'y intégrant bien. Quant aux Algériens, ils ont acquis ce qu'ils attendaient depuis 130 ans".
Roger HILLEL
Pour m’avoir aidé à construire cet article et aussi pour m'avoir fait parvenir la lettre ouverte au président de la République du Cercle algérianiste à laquelle je mets une vidéo de conclusion… pour faire "plaisir ? " à ses membres nostalgériques.
Michel Dandelot
C'était en 2017
http://www.micheldandelot1.com/
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