François et Danielle Mitterrand en mai 1981 à leur domicile parisien. Photo AFP/J.C. DELMAS
Elle est parvenue à rester dans l’ombre et à échapper à un infernal ballet médiatique. Près de trois décennies plus tard, Claire, qui fut la dernière maitresse de François Mitterrand, de 50 ans sa cadette, se révèle - anonymement - à la grande reporter du Monde Solenn de Royer dans un ouvrage à paraître le 6 octobre. Et raconte ainsi « Le Dernier Secret »* de l’ancien président de la République, qu’elle a côtoyé au cours des huit dernières années de sa vie, entre 1988 et 1996.
Qui est Claire ?
Selon des extraits de l'ouvrage publiés par Le Monde, Claire a été élevée à Limoges dans un milieu bourgeois et fidèle à la droite, en contradiction avec « des idéaux de gauche séduisants qu’elle n’a pas encore faits siens. » Lorsqu’elle débarque dans la capitale à 18 ans en 1984, François Mitterrand est déjà à l’Élysée. Elle s’émancipe du cadre familial, rejoint le Parti socialiste et le syndicalisme étudiant. Elle parvient à se rapprocher du président en le suivant lors de ses déplacements. « Elle sentait une ferveur autour de cet homme, à laquelle elle désirait communier. Elle voulait faire partie de la famille, du clan. Être adoptée », écrit Solenn de Boyer.
François Mitterrand a incarné la première alternance de la Vème République en étant élu président le 10 mai 1981. Photo : Eric Feferberg / AFP
Comment a débuté leur relation ?
C’est en 1988 que se dessinent les contours d’une relation amoureuse, à son initiative. Elle invite d’abord le chef de l’État dans son appartement parisien, rue du Four, avant d’être conviée à l’Élysée et de devenir une habituée du palais. La garde républicaine finit par ne même plus contrôler ses papiers.
« Il l’appelle tous les jours, au moins deux fois. Le matin et le soir. » Quand elle ne répond pas, il laisse un message sur le répondeur. Claire a enregistré ces conversations sur des dizaines de cassettes. Elle a aussi conservé quelques bibelots offerts à l’époque. Des lunettes, un stylo, du sirop d’érable...
Le couple officieux se chamaille parfois, se retrouve souvent. Et se réfère aux « Lettres à une amie » que Georges Clemenceau avait écrites à Marguerite, 42 ans de moins, à la fin de sa vie. « Cinquante ans d’écart, c’est écrasant, mais, moi, je trouvais ça beau », raconte Claire.
Le cancer, Anne et Mazarine...
Le président garde toutefois ses secrets, même pour sa jeune maîtresse. Ainsi, c'est par un communiqué officiel de l'Elysée qu'elle apprend que François Mitterrand a été opéré d’un cancer en septembre 1992. Quelques mois plus tard, elle découvre dans la presse l’existence d’Anne Pingeot, sa maitresse depuis 1963... Puis, en 1994, celle de Mazarine, « la fille cachée » du chef de l’Etat. Elle s’emporte, avale des couleuvres, mais reste finalement. « Anne a été son grand amour », analyse-t-elle calmement aujourd’hui, toujours selon les bonnes feuilles publiées par Le Monde.
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Claire supporte les caprices puis le déclin d'un chef de l’État rongé par la maladie. Elle l'accompagne lors de ses derniers déplacements et est auprès de lui la veille de son départ de l’Élysée. Elle y partage bien malgré elle un repas lunaire avec Danielle, la femme du président qui s’invite à la table sans piper mot au sujet de la présence de la jeune femme. Le 17 mai 1995, François Mitterrand laisse l’Élysée à Jacques Chirac. Il s'éteint moins de huit mois plus tard, le 8 janvier 1996. Claire a presque 30 ans. Elle en a aujourd'hui environ 55.
*Le dernier secret, de Solenn de Royer, à paraître le 6 octobre aux Éditions Grasset
https://www.ledauphine.com/politique/2021/10/01/qui-etait-claire-la-derniere-maitresse-de-francois-mitterrand
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