La haine tue
La haine noie
Au long du fleuve noir
Égout gigantesque
Qui charrie l’horreur
La Seine pue
Brahim pleure
Non pas ça !
L’eau charrie des corps
Des corps de jadis
Ceux d’un temps hideux
Non pas ça !
L’eau glauque a pris le sien
D’un tourbillon raciste
La Seine charrie la peur
Sur le quai un rictus
Un regard rageur jouit
Une main satisfaite
Se lève et salue. Heil !
Les mots charrient la haine.
Écrit en mai 1995
Repris dans le recueil « Les ongles sous la peau », de Jean Riboulet
EDITIONS PIERANN octobre 2001
Plainte pour Ibrahim
Staccato de la haine
Rap sinistre de la mort
L’arme hideuse du fascho
Claque vers le dos courbé de peur
Qui pleure la couleur de sa peau
Ténue au pied de l’affiche
Putain de race qui meurt
Qui tremble qui hurle trouille
Se cache fuit et se fuit
Dieu d’ici ou d’ailleurs
Pourquoi as-tu pétri cette différence
Qui attire le crachat
L’opprobre et le néant
Ibrahim le racisme t’a crevé l’échine
Aussi vite que les balles qui le portaient
Flingue contre rap
Grenaille contre jeunesse
Calibre contre les mots.
Équilibre saccadé injuste rap des Comores
Que la légitime défense parait-il
Interrompt vers le silence définitif
Fasciste sur ton crachat puant
Les ricochets de mes armes verbales
Sont inoffensifs
Ma révolte n’est que ventrale
Craint pourtant qu’un jour
L’acier ne s’y glisse
Ta place comme celle de bon maître
N’est pas cathodique
Elle ne mérite que les culs-de-basse-fosse
De l’oubli du mépris de la honte
J’ai envie de vomir et je mue
Je m’assombris je me comorise
Je suis noir dans ma tête
Dans mon cœur et sur ma peau
Ibrahim mon frère mon fils
Tu avais tort d’être jeune black et nocturne
Écoute le rap de mes pleurs
Écrit le 1ᵉʳ mars 1995
Repris dans le recueil « Les ongles
Deux poèmes de Jean Riboulet, adhérent 4acg
vendredi 23 juillet 2021, par
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