Extraits de l’entretien avec le commandant Azzedine, chef historique de l’ALN. Un avant-goût de ce hors-série exceptionnel, accompagné d’un DVD de documents réalisés par René Vautier.
Le commandant Azzedine, de son vrai nom Rabah Zerari, né le 8 août 1934 à Bougie (Kabylie), ouvrier chez Caterpillar à Annaba en Algérie, a vingt-trois ans quand il s’engage dans la lutte armée à Alger, en 1955. Chef militaire de la wilaya-IV (Algérois), membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), blessé et fait prisonnier en novembre 1958, il s’évade, rejoint Tunis où il est nommé adjoint du colonel Boumediene, chef d’état-major de l’ALN. En tant que membre de la délégation du FLN, il avait rencontré, en Chine, Mao Tsé-toung et Chou En-lai et au Vietnam, Hô Chi Minh et le général Giap. En janvier 1962, il regagne clandestinement l’Algérie sous une fausse identité, pour réorganiser et diriger la zone autonome d’Alger du FLN et combattre l’OAS. Aujourd’hui, il poursuit le combat aux côtés des forces démocrates et progressistes, pour les libertés et la démocratie, après avoir démissionné du Sénat algérien en signe de protestation contre la répression envers le mouvement citoyen en Kabylie.
Le 19 mars 1962, où étiez-vous ?
Commandant Azzedine. Je me trouvais au PC de l’état-major de la wilaya-IV (Algérois) sur les monts de Lakhadaria (80 km au sud-est d’Alger). C’était la première fois que je dormais dans un refuge construit en dur. On était juste en face d’un poste militaire français, à 200 mètres. Les Français ne savaient pas qu’il y avait le colonel Hassan, chef de la wilaya-IV, les commandants Mohamed Bousmaha et Omar Ramdane.
En 1959, vous avez été blessé, fait prisonnier et vous avez fait la une de la presse coloniale…
Commandant Azzedine. Oui. Mais après, j’ai pris le large et j’ai rejoint la Tunisie où j’ai été nommé à l’état-major de l’ALN (l’EMG) à Ghardimaou, à la frontière tuniso-algérienne. J’étais l’adjoint du colonel Boumediene et aujourd’hui, le seul survivant de l’EMG : Boumediene, les commandants Slimane (Kaid Ahmed) et Ali Mendjeli sont aujourd’hui décédés.
Comment avez-vous fait pour rentrer en Algérie, quadrillée alors par près de 800 000 militaires ?
Commandant Azzedine. D’abord je suis parti avec l’accord du GPRA, de son président, Benyoucef Benkhedda. Et c’est grâce au réseau de Philippe Bernier que je me suis rendu, via la Suisse, en France, à Paris, où j’ai été pris en charge par les réseaux du FLN. De là, muni de faux papiers (je suis devenu Serano Georges, gendarme auxiliaire en permission en France), j’ai pris le vol Paris-Alger, accompagné d’une jeune Française, Claude, la secrétaire de Bernier, qui s’était fait passer pour ma fiancée et qui transportait sur elle les ordres de mission signés par le président du GPRA. L’aéroport d’Alger fourmillait de militaires. Le gendarme Serano est passé comme une lettre à la poste.
Vous avez alors décidé d’organiserla lutte contre l’OAS…
Commandant Azzedine. La mission n’était pas facile. Il y avait une centaine d’attentats par jour commis par l’OAS. Elle organisait des actions meurtrières : journée Fatma, où des dizaines d’Algériennes ont été assassinées, journée des quatre saisons, où les marchands ambulants étaient ciblés, journée des hôpitaux, où ils ont tué des dizaines de malades dans leur lit ; un soir sur deux, c’était des tirs de roquettes sur les quartiers « musulmans ». En parallèle, l’OAS organisait des hold-up en série pour ne rien laisser aux Algériens, des destructions d’usines, de centrales thermiques, des incendies d’hôpitaux, de la bibliothèque d’Alger, des lycées et collèges, etc. L’objectif de l’OAS était de tout détruire et de pousser les Algériens à organiser des expéditions punitives dans les quartiers européens afin de provoquer une réaction de l’armée française et de faire avorter l’indépendance.
Le commandant Azzedine a écrit deux livres : On nous appelait fellaghas et Alger ne brûla pas, Éditions Enag, Alger, 1997.
Lundi 5 Mars 2012
https://www.humanite.fr/sports/19-mars-1962-ou-la-fin-de-la-sale-guerre-491504
@ Voir et @ Lire :
http://setif.info/IMG/pdf/Dossier_El_Watan.pdf
Mohamed, 20 ans, mort sous la torture à la villa Susini
Laissez-passer pour la mort
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