À toutes ces vagues qu'on nous envoit comme des radeaux pourris,
nous répondons par la chaude affirmation du sable et des soleils dansant dans nos veines, l'immensité bleue d'un mouvement chevauchant la courbe infinie de la beauté,
en feu et en crue, pour tracer derrière les barrières des rondes de la mort,
la soif verticale des passions.
Elle est là, la terre que je foule parmi le fleurissement des carcans et autres pollens empoisonnés, les rudes montagnes d'un homme cherchant la trace où la liberté a tourné le dos à la science absurde d'un monde où l'on fait miroiter aux enfants des marelles sans ciels, des sources mêlées aux égoûts de ceux qui ne savent plus rêver.
Magique a été et sera la marche folle du sang qui avance sous toutes les latitudes, comme une île qui chante sa sève enfouie dans les brutalités factuelles, des oiseaux délaissant leurs plumages aux fuselages de la honte,
du mépris qui cogne à mon littoral en relents esclavagistes, des messies qui rivalisent de compassion au chevet d'une plaie qu'ils ont entretenue depuis quatre cents ans, pénurie d'oxygène qui n'est autre que le résultat d'un trop-plein de leurs expirations malsaines.
Mon corps qui sait de quelles racines a poussé sa frondaison, la rosée des transpirations quand les chiens fourraient leurs museaux dans la nuit lourde de sa fuite, les cases tremblant sur leurs rochers, dans la misère et la bénédiction froide des injonctions.
J'appelle de mes vœux la posologie d'une autre vision, d'une rébellion nourrie aux fruits qui ne sont pas encore arrivés à leur pleine maturité, mais sûrs de la mémoire où toutes les forces seront glanées pour changer cette face abétissante dans laquelle nous ne nous sommes jamais reconnus.
Vivre libre ou mourir n'est pas une devise inutile au fronton d'un hautain paternalisme, mais une vigilance se devant d'être accrue pour ne pas vendre son âme au comptoir des dénis entonnés à tue-tête, des rires de ces pitres quand on veut vous faire danser sur le tempo de votre propre malheur.
À tous les croque-morts des temps nouveaux,
je vous défie de me faire tomber là où vous avez failli !
THIERRY MATHIASIN
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