Dans son nouveau roman, Un si proche ennemi, Gilles Gauthier raconte sa passion pour l'Algérie
Professeur et ancien diplomate, essentiellement dans le monde arabe (Irak, Algérie, Égypte, Bahreïn, Liban) et ambassadeur au Yémen, Gilles Gauthier est aussi traducteur d’œuvres d’écrivains égyptiens.Son amour pour la culture arabe rayonnait déjà dans une autobiographie Entre deux rives, 50 ans de passion pour le monde arabe chez JC Lattès.
Il vient de lui donner un prolongement sous couvert de fiction dans Un si proche ennemi chez Riveneuve.
L’amour rapproche les hommes
et les femmes par-delà les souffrances...
Gilles Gauthier vit au cœur de deux cultures, occidentale et orientale, au milieu de deux mondes, diplomatique et religieux. Il revient ici sur l’immense amour qui peut rapprocher deux êtres originaires des deux rives de la Méditerranée. L’histoire symétrique de la France et de l’Algérie se poursuit grâce à ces sentiments forts qui relient les hommes et les femmes de ces deux pays. Un si proche ennemi affirme la durabilité de cette réalité par-delà la guerre, les incompréhensions, la radicalité et les souffrances.
Comment votre héros, Marc, professeur de français, a été accepté par la famille de son ami et élève, Noureddine, du sud algérien, dans un univers où cette amitié allait déborder de son cadre classique ?
L’Algérie est comme la totalité des pays du monde arabe qui ont évolué de deux façons : soit vers une islamisation, soit vers une occidentalisation aussi forte. Ces deux situations ont créé des catégories hétérosexuelles et homosexuelles qui n’existaient pas avant. Ce type de relation, je l’ai vécu à Alger et au Caire avec des familles qui, bien sûr, n’expliquaient pas tout mais qui ne faisaient pas obstacle à la relation de leur fils. Il est bien entendu dans la tête des mamans que cette relation n’allait pas durer. Ce sont ces mamans qui disaient à leurs enfants : Soulevez-vous ! Lorsque vous vous soulevez, ils détaleront comme des rats. Nous avons chassé les Français et vous tremblez devant ces misérables, en parlant des responsables corrompus !
Est-ce que le héros de votre roman a réellement existé ?
Le héros est inspiré d’une personne réelle dont j’essaie actuellement de retrouver la trace. C’est quelqu’un de Biskra, une commune du nord-est du Sahara algérien. L’histoire est réelle. C’est celle du basculement sans cause visible et immédiate. C’est effrayant de se trouver face à la personne qu’on connaît, et même dont on est amoureux, un beau jour et tout se casse sans que l’on ne puisse rien comprendre. À cela, s’ajoute ce moment de l’Algérie où les gens désorientés choisissent la voie de la religion.
Connaissez-vous des personnes qui ont basculé dans ce qu’on appelle aujourd’hui le radicalisme religieux ?
Je connais une personne très gentille qui a basculé dans la voie religieuse en Algérie au point de faire disparaître la télévision de sa maison. Cet homme ne voulait pas monter dans ma voiture par peur que j’allume la radio, car c’est « haram », c’est-à-dire interdit par la religion. Ceci dit, j’ai répondu à d’autres jeunes qui se moquaient de lui, qu’au moins il faisait quelque chose…
Dans votre roman, dans les années soixante-dix, on ressent la recherche des jeunes Algériens d’une voie entre le panarabisme de Nacer l’égyptien, le nationalisme et la religion musulmane ?
Le problème, c’est que même les nations arabes n’arrivaient pas à s’en sortir. Les jeunes trouvaient qu’aucun modèle ne marchait. C’est ce sentiment d’échec de la généralisation du modèle égyptien qui a pu pousser les jeunes – mais je ne suis pas historien – à rechercher autre chose dans le modèle religieux.
Publié le 27/07/2021 à 18h37
Ahmed Taghza
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