Le Raïs voudrait mettre fin au règne des Narcisses qui ont terni l’image du pays des délices. Au fond de lui-même, il les prend pour les incarnations d’Iblis d’où son refus de les comprendre et son désir de les confondre. Kaïs Saïed n’a pas remis l’Etat en cause mais seulement démis du pouvoir ceux qui l’ont mis dans un mauvais état: celui d’un ordre apparent qui simule et dissimule un désordre réel.
Première interrogation
Que reproche le premier des tunisiens aux derniers des tunisiens ?
De ne pas avoir la fibre patriotique, d’être fébrilement narcissiques. Leur erreur est une faute, leur bonheur porte malheur, non parce qu’ils s’aiment plus que de raison, alors qu’ils n’ont aucune raison de s’aimer, non, mais parce qu’ils passent leur temps à s’admirer.
Miroir, mon beau miroir, c’est moi que je cherche quand je gratte le fond des tiroirs, moi, tout moi mais rien que moi.
Kaïs en est persuadé : il n’y a pas plus laid que le reflet. Tous les loups ou les voyous tunisiens en ont fait leur métier. Nuire pour luire et luire pour ravir les cœurs et gravir les marches du pouvoir, du sexe et de l’argent.
Ils sont tous devenus apôtres : leurs têtes passent avant toutes les autres. N’importe que ce qui rapporte, non pas l’essentiel mais les légendes personnelles. Celle de Narcisse n’a donc rien d’exceptionnel!
Voilà ce que leur reproche le Cid : de se nourrir, de se vêtir, de s’enrichir aux dépens de leur propre pays, de le trahir au lieu de le servir. Vol de jour et de nuit.
Deuxième interrogation
Combien de temps va-t-il falloir geler les institutions pour éradiquer le virus qui prive depuis fort longtemps Tunis de son tonus ?
Le vice est partout et à part Dieu, nul ne pourrait y mettre fin du jour au lendemain. Et pourtant c’est cet élan divin qui semble animer notre leader qui ne voudrait pas voir son peuple se laisser faire. Il joue les garde-fous pour que les jeunes tunisiens ne soient plus pris entre deux feux : le feu de l’exil, la nouba et le feu de l’asile : la Manouba.
Kaïs el Raïs sait plus que n’importe qui qu’il ne peut exercer ce pouvoir mal fichu qu’au péril de sa vie. Il ne cèdera ni aux dérangés qui l’entourent de toute part ni aux étrangers qui ne distinguent toujours pas le cochon du lard… en feignant d’oublier que la politique est avant tout un Art, l’art de se gouverner avant de gouverner les autres.
L’homme de Carthage ne voudrait surtout pas redorer l’image de son pays comme l’ont fait ses voisins marocains, mais montrer son visage, son vrai visage qui n’adore et ne peut adorer que le vrai.
Et qu’est-ce que le vrai pour un vrai tunisien ?
C’est la mesure du Bien, le bien comme unité de mesure : Kaïs el Khir qui n’est rien d‘autre que le souci des autres. C’est facile à comprendre mais difficile à faire comprendre : un hôpital qui soigne, une école qui instruit, une entreprise qui offre une prise sur le réel au lieu de promettre un paradis artificiel.
Ça prendra le temps que ça prendra, le Raïs ira au bout et ne se rendra pas.
Troisième interrogation
Si l’appât du gain gangrène tous les bien-lotis, où va-t-il trouver les hommes qui veulent bien voler au secours des mal-lotis ? (les mal-nourris, les mal-logés, les mal-instruits, les mal-soignés, les mal-informés… la liste des maux est longue)
Mais Kaïs Saïed est persuadé que son pays dispose des hommes qu’il faut, mais que son pays ne fait pas ce qu’il faut pour les chercher, trouver et éprouver.
Des hommes de bonne volonté qui n’ont d’autre parti que leur patrie… qu’ils aiment, admirent et adorent avant eux-mêmes et après Dieu. Ya Ilahi laka al hamd.
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