Entre les uns et les autres, certains sentiments ont un accent particulier, qui rendent les uns et les autres familiers… liés comme s’ils avaient des liens de famille.
Je m’en vais élucider ce pathos de la familiarité.
Par exemple, lorsque l’autre me plaît, je le trouve sympathique…sympa, se dit-on familièrement. Et réciproquement lorsque je plais à l‘autre, il me trouve sympathique, à son tour et à son goût. Belle et étrange correspondance… étrange et belle convergence.
En revanche, lorsque l’autre me déplaît, je le trouve antipathique et vice versa, quand c’est moi qu’il ne peut pas saquer ou quand c’est lui que j’ai du mal à supporter. Là il n’y a pas de convergence mais une franche divergence qui rend plus que difficile notre correspondance.
Ces deux pathos m’ont toujours paru comiques ou pathétiques, des tics sans aucun lien avec l’éthique… je dirais des sentiments à l’emporte pièces qui ne fondent en droit ni joie, ni tristesse.
Mais il y a un tout autre pathos qui nous rapproche plus les uns des autres qu’on appelle en allemand Einfülhung (du préfixe Ein : « du dedans » et de Gefühl : sentiment) pour signifier que l’extérieur peut colorer mon intérieur, l’impacter en quelque sorte.
Ce mot allemand sera traduit en anglais par « empathy » qui aura un succès fou dans les milieux philosophiques, psychologiques ou même neuroscientifiques.
Cette empathie signifie que nous sommes certes différents mais non indifférents les uns aux autres.
Même déchus, nous pouvons avoir ou concevoir entre les uns et les autres des atomes crochus, comme le pressentaient les atomistes grecs.
Je m’en vais vous dresser un petit tableau pour nous faire progresser plus et régresser moins… disons pour qu’il y ait moins d’agressions physiques ou métaphysiques :
Disons qu’il y a trois sortes d’empathie possibles entre Titi et gros Minet… je choisis ces deux illustres figures pour nous illustrer :
- Une empathie rationnelle
- Une empathie émotionnelle
- Une empathie compassionnelle
Qui pourrait nous reprocher de rapprocher Titi et Gros Minet ? Personne. Donc allons-y !
1- L’empathie intellectuelle :
C’est lorsque Titi « partage » l’avis de gros Minet et l’adopte comme si c’était le sien… il y a entre l’un et l’autre une empathie intellectuelle…
Ca fait tilt, d’avoir le même avis que l’autre, surtout s’il est grand et qu’on est petit comme Titi.
Nous avons l’impression d’avoir encore un peu plus raison, ça nous conforte ou réconforte dans notre for intérieur : empathie rationnelle. Titi se réjouit et commence même à rêver comme Descartes de l’accord de tous les esprits…
Alors que Gros Minet lui, n’en a rien à cirer jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que ça peut lui rapporter puissance, dividendes ou intérêts.
Mais ne soyons pas dupes pour autant : Nous ne serons jamais que deux volontés qui prétendent à la vérité sans être forcément dans le vrai.
Le plus souvent on croit qu’on se comprend alors qu’on ne se comprend pas du tout.
Un petit exemple de malentendu : Sous l’occupation, les Français disaient à celui qui allait se faire gronder : tu vas te faire appeler Arthur… c’est une expression qu’ils croient avoir entendu dans la bouche des soldats allemands qui lorsqu’ils interpellaient un français après 20 heures, l’heure du couvre-feu criaient en fait : acht Uhr (20 heures) et ça coûtait plus cher que 135 euros.
2- L’empathie émotionnelle :
Nous connaissons la chanson : je crois ressentir ce que tu ressens et tu crois ressentir ce que je ressens… fusion et confusion des sentiments entre Titi et Gros Minet qui se contaminent mutuellement, l’un affecte l’autre ou en est affecté, touché en plein cœur… Titi touche Gros Minet… Gros Minet est touché par Titi.
Je t’aime moi non plus… deux cœurs qui puisent dans le même puits, qui s’identifient l’un à l’autre… Parfois ils s’abîment en croyant atteindre le sommet.
C’est Montaigne et La Boétie : je l’aimais parce qu’il était moi, il m’aimait parce que j’étais lui… c’est l’essence de toute poésie. Angélisme et mimétisme à la fois… je ressens ce que tu ressens… je partage ton sentiment lorsque tu dis que la vie est belle… je suis aussi émue que toi… l’émoi renforce nos deux «moi », caprice à deux, caprice des dieux et on en fait tout un fromage : vive le partage, l’amour n’a pas d’âge, on peut s’aimer à en mourir à 7 ou 77 ans… et même davantage. La Covid ne passera pas.
3- L’empathie compassionnelle :
Lorsque je ressens le mal que tu ressens, lorsque je ressens le bien que tu ressens… je pâtis et compatis avec toi… comme toi disait le vieux Goldman. Comme toi, je ferais n’importe quoi pour être comme toi… parce qu’en te découvrant, je me découvre moi-même. Je me sens un peu plus exister en ressentant ce que tu ressens. Je te remercie d’exister. Ta souffrance me fait souffrir, ton mal me fait mal. Je partage ta douleur. On appelle cela : la pitié… qui a une sale réputation, comme la piété. Les deux font partie des bons sentiments qui nous redonnent le moral en nous rendant sensibles les uns aux autres… Humains trop humains ! marocains, trop marocains…
Ne dites surtout pas que je n’ai pas dit un traitre mot sur le Maroc ou sur Israël !
1- Parce que je viens de le dire.
2- Parce que j’ai cru l’avoir dit sous le masque de Titi et Gros Minet.
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