Liberté je n’écris pas, je crie ton nom… m’a dit une écrivaine algérienne dont je tairais le nom par compassion.
Je lui ai laissé entendre que je ne pouvais me mettre à sa place ni la remettre à sa place parce que nous n’avons ni le même désir, ni le même délire. Ni la même volonté, ni la même visibilité.
En Algérie, la liberté a un certain poids, parce que l’individu là-bas ne pèse pas lourd. En France c’est le contraire, la liberté est un universel sans concept, elle sert mais on ne sait pas à quoi elle sert. On laisse faire les journalistes parce que plus personne ne les prend vraiment au sérieux. L’Etat n’a aucune raison de les faire taire.
En Algérie c’est le contraire, l’individu est sans importance collective. Ce qui rend sa liberté autrement plus significative, plus corrosive même… révolutionnaire dirait le Hirak qui réclame ou acclame cette liberté à cor et à cris.
Tous les vendredis il retrace une ligne de démarcation entre enfer et paradis. L’Algérie vit en ce moment une période transitoire entre sommeil et réveil. C’est son purgatoire.
Elle veut donner à la démocratie un accent algérien non en la surévaluant mais en lui ordonnant de distinguer entre le prix et la valeur des choses : la liberté n’a pas de prix mais une valeur, si.
La liberté ne vaut rien, mais rien ne vaut la liberté se dit l’Algérien qu’on bâillonne ou qu’on emprisonne pour tout et pour rien.
Pour lutter contre la dépression institutionnelle ou constitutionnelle, la cinquième roue de la charrette algérienne, c'est-à-dire la presse, a besoin de liberté d’expression et non de compresses…
Le Hirak est désormais l’une de ses nouvelles adresses… parce que le peuple en a assez de braire ou d’être pris pour une vache à traire. Il a ruminé depuis longtemps entre le front de libération national et le front islamique du salut, il a compris qu’il n’est plus qu’un masque sans rien derrière… et il a décidé de retrouver son vrai visage, un étrange mélange d’orgueil et de dignité. Ce sera tout ou ce ne sera rien. C’est tout à fait algérien.
Est-ce que seulement tu vois ce que je vois m’a dit l’écrivaine Algérienne ? Certainement pas… parce que ta France s’interposera toujours entre ton regard et le mien…
Et puis, je vais te le dire sans ambages, même moi, j’ai du mal à me mettre à ma propre place… je ne sais comment je réagirais demain si on me privait encore plus de pain… je ne sais pas dans quel état je serais si on m’ôtait mes plus beaux refrains…
En vérité je ne sais plus qui je suis, peut-être parce qu’il y a un trait d’union entre le verbe être et le verbe suivre.
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