PUBLIC SÉNAT - VENDREDI 26 MARS À 22 H 00 - DOCUMENTAIRE
Albert Camus, mort le 4 janvier 1960 dans un accident de la route à l’âge de 46 ans, est aujourd’hui l’un des écrivains les plus lus au monde. « C’est quelqu’un qui vous donne le goût de la vie, sans jamais vous mentir ni vous rassurer », affirme le philosophe Raphaël Enthoven dans Albert Camus, l’icône de la révolte. Un court documentaire qui revient sur les pas du Prix Nobel de littérature 1957, plus contemporain que jamais en ces temps de pandémie qui ont fait bondir, en 2020, les ventes de son roman La Peste (1947).
Tout commence de l’autre côté de la Méditerranée pour « ce petit Français d’Algérie » qui voit le jour dans une famille « qui ne sait ni lire ni écrire ». Huit mois après sa naissance, la première guerre mondiale éclate, et son père est tué au front. La famille s’installe dans le quartier populaire de Belcourt, à Alger, sans eau ni électricité. « Seuls moi et mes défauts sommes responsables, et non le monde où je suis né », écrit Albert Camus, qui restera nostalgique de cette jeunesse où « les plus grands plaisirs ne coûtent rien » : les bains de mer, les parties de football avec les copains. « Le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les scènes de théâtre et dans les stades de foot, qui resteront mes vraies universités. »
Diplômé de philosophie, il renonce à l’agrégation lorsqu’il contracte la tuberculose, véritable condamnation à mort à l’époque. Son ami Pascal Pia l’embauche alors au quotidien Alger républicain. Il y défendra « un journalisme qui offre une voix à ceux qui n’en ont pas », en premier lieu les Kabyles d’Algérie, marquant l’histoire de la presse.
Pour une réconciliation en Algérie
Résistant, Albert Camus s’impose comme le rédacteur en chef du quotidien clandestin Combat et dénonce la barbarie nazie, les goulags du communisme soviétique, l’usage des armes nucléaires (« Le dernier degré de sauvagerie », écrit-il dans son éditorial de Combat du 8 août 1945, au lendemain d’Hiroshima).
Face aux atrocités de la guerre en Algérie, il se bat pour une réconciliation par le dialogue et des droits supplémentaires pour la population arabe. Mais « il n’accepte pas [l’idée d’une indépendance], c’est charnel pour lui », constate l’écrivain Salim Bachi.
Ponctué de sonores d’Albert Camus, le documentaire ne fait l’impasse sur aucun des paradoxes que l’écrivain assumait – à l’image de Meursault, le héros qui « refuse de mentir » dans son roman L’Etranger (1942) – et déploie efficacement les nuances de sa pensée, hermétique à la diabolisation ou à la déshumanisation. « Lorsqu’il traite de la difficulté qu’on a à dialoguer, parfois on a l’impression qu’il a connu les réseaux sociaux », observe Marylin Maeso, professeure de philosophie et auteure de L’Abécédaire d’Albert Camus (L’Observatoire, 2020). « Nous étouffons parmi les gens qui pensent avoir absolument raison », disait l’écrivain. Contemporain, vous dis-je…
Albert Camus, l’icône de la révolte, documentaire de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler (Fr., 2019, 56 min). Diffusé initialement dans le cadre de l’émission « Un monde en docs ».
Vidéo :
https://twitter.com/publicsenat/status/1293630835036491776
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