L’acquittement prononcé hier par le tribunal militaire de Blida scelle définitivement la fin de l’ère de l’ancien chef d’état-major, le défunt Ahmed Gaïd Salah. Son héritage vole en éclats. Preuve, s’il est besoin, que la logique de la force et la loi des règlements de comptes ne peuvent constituer une politique pérenne. Encore moins construire un État solide dont une justice indépendante serait la pierre angulaire.
Surtout qu’elles ne tiennent pas longtemps. Il faut rappeler qu’à l’époque, rares étaient les voix qui appelaient à la retenue et à la sagesse au moment où la voie de la brutalité forçait son passage au milieu d’une insurrection citoyenne exemplaire. Le bruit de retournement de veste était si assourdissant que la moindre objection était assimilée à de la haute trahison.
Sous la pompeuse rhétorique de “complot contre l’État”, “main de l’intérieur qui pactise avec la main de l’étranger”, et autres “mourtazaka” et “khawana”, des centaines d’innocents furent voués aux gémonies, enlevés dans la rue et jetés en prison. Des discours qui faisaient office de lois implacables expéditivement exécutées en brandissant abusivement le chiffon rouge “d’atteinte à l’unité nationale”.
Voyant irréversible le naufrage du “navire Bouteflika”, l’ancien chef d’état-major le quitte et dresse la liste des hommes et femmes à faire couler pour apparaître ensuite comme le “sauveur” du navire Algérie. Celle qui allait prendre les couleurs idéologiques d’une “Badissia-Novembria”, bricolée avec un amateurisme qui frise le ridicule. Une construction artificielle qui a failli provoquer une guerre civile dans le pays, n’eût été l’intelligence du peuple du Hirak. Une grande supercherie dont tout le monde semble prendre conscience aujourd’hui. À commencer par l’armée qui sort d’une période de tension extrême en son sein. La réhabilitation de Benhadid, l’acquittement du général Toufik et celui probable du général Ali Ghediri doivent aider à asseoir, un tant soit peu, de sérénité.
Mais, cela reste insuffisant sans le rétablissement dans leurs droits des centaines de détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons du pays. Leur libération ne serait que justice rendue à ces citoyens engagés — chacun à sa manière — dans la lutte pour la dignité humaine. Les égarements d’hier doivent être vite corrigés si l’on veut inaugurer un nouveau cycle d’histoire. Les défis de demain sont tellement immenses que seule une Algérie libérée de ses démons pourrait bien relever.
Publié par Hassane OUALI
le 03-01-2021 10:30
https://www.liberte-algerie.com/editorial/une-supercherie-5749
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