Entre 2010 et 2020, les films français ont réussi à se faire une place au milieu des blockbusters américains. Ce qui frappe, c’est le pluralisme et la diversité : qu’il s’agisse de premiers longs-métrages ou d’œuvres de réalisateurs déjà confirmés, ils peuvent être drôles ou sombres, exigeants ou légers, académiques ou déjantés. Leur point commun : une qualité et une créativité indiscutables. Voici la liste des 20 meilleurs films que l’on n’oubliera pas de si tôt.
Des hommes et des dieux (2010)
César du meilleur film en 2011, ce film dramatique raconte les interrogations politiques et mystiques des huit moines qui ont vécu dans un petit monastère niché dans les collines d’Algérie, pendant qu’un groupe islamiste semait la terreur alentour. Partir ou résister ? Telle est la question que se pose ce film profond invitant à la réflexion. Le réalisateur Xavier Beauvois s’est inspiré librement de la vie des Moines Cisterciens assassinés à Tibhirine (Algérie) en 1993.
Gainsbourg (vie héroïque) (2010)
Réalisé par l'auteur de bande-dessinées Joann Sfar, ce biopic sur le chanteur réunit un panel d’acteurs et d’actrices de premier rang comme Yolande Moreau, Laetitia Casta, Anna Mouglalis, Claude Chabrol, Philippe Katherine et Eric Elmosnino époustouflant dans le rôle du compositeur de la Javanaise. Un film qui décrit à merveille la vie pleine de poésie et de doutes de Gainsbourg.
Mammuth (2010)
Surprenant au premier regard, Mammuth reste tout de même un film poignant et sensible. On y retrouve un Gérard Depardieu juché sur une moto allemande mythique, la Münch Mammut 1972, parcourant les routes et les villes “à la recherche de sa vie antérieure”. Delépine et Kervern de la maison Groland dressent le portrait touchant de personnages qui n’ont plus les codes du monde contemporain et apparaissent comme les laissés pour comptes des grandes mutations.
Intouchables (2011)
Lors de sa sortie en 2011, Intouchable avait réussi à réunir plus de 20 millions de spectateurs en France. Le film d’Olivier Nakache et Eric Toledano qui met en scène la complicité entre un riche tétraplégique (François Cluzet) et son auxiliaire de vie, un jeune banlieusard (Omar Sy), est devenu l’une des références de la comédie française. Un succès planétaire qui a eu la chance (ou la malchance) d'avoir été adapté pour le cinéma américain en 2017.
The Artist (2011)
Même si les dialogues sont réduits à leur plus simple expression, Jean Dujardin et Bérénice Bejo crèvent l’écran sous la direction de Michel Hazanavicius. Amplement récompensé (105 récompenses pour 183 nominations), The Artist rend hommage aux classiques hollywoodiens des années 1920 tout en surfant sur des codes d’humour contemporain.
Polisse (2011)
Drôle et bouleversant, Polisse nous plonge dans le quotidien d’une Brigade de Protection des Mineurs. Sous l'œil de l’actrice et réalisatrice Maïwenn, on y découvre la dureté d’un métier d’engagement en permanence sous pression. Joeystarr révèle, sous l’uniforme, une facette touchante et sensible qu’on ne lui connaissait pas. Malgré ses 10 nominations à la cérémonie des Césars, le film ne repartira qu’avec deux trophées. Pour autant, il sera très bien accueilli, aussi bien par le public que par la critique.
L'Apollonide - Souvenirs de la maison close (2011)
Le réalisateur Bertrand Bonello filme non sans pudeur mais avec délicatesse le quotidien d'une maison close et de ses employées alors que le monde se prépare à basculer dans le vingtième siècle. Parmi les jeunes femmes, on retrouve une série d’actrices talentueuses comme Adèle Haenel, Hafsia Herzi, Céline Sallette ou encore Noémie Lvovsky. Le contraste est fort entre une esthétique impeccable et une violence qui affleure en permanence.
De rouille et d’os (2012)
Deux ans après le succès de son film Le Prophète, Jacques Audiard met en scène la rencontre entre deux accidentés de la vie écorchés vifs. D’un côté, Stéphanie, une dresseuse d'orques amputée des deux jambes et Ali, un jeune père perdu et bagarreur. Un film profond et touchant. Les prestations de Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts sont remarquables. L’acteur a obtenu pour ce rôle le césar du meilleur espoir masculin 2013.
Les Garçons et Guillaume, à table ! (2013)
Incarnant son propre personnage et celui de sa mère, Guillaume Gallienne a conquis le public grâce à ce premier film drôle et sensible questionnant les relations mère-fils mais aussi celles de l’orientation sexuelle et du genre. Une subtile invitation à la tolérance et au respect du droit à la différence. En 2014, le film reçoit 4 Césars dont celui du meilleur film.
La vie d'Adèle: chapitre 1 et 2 (2014)
Remarqué tout d’abord par les polémiques sur les conditions de tournage qui ont émaillé le festival de Cannes lors de sa présentation en 2013, le film La Vie d'Adèle raconte la romance tumultueuse entre deux adolescentes, magistralement interprétées par Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux. En août 2016, la BBC a considéré que ce film avait sa place parmi les 100 plus grands films du 21e siècle.
Hippocrate (2014)
Sorti en 2014, Hippocrate met en scène les premier pas de Benjamin (Vincent Lacoste), jeune interne plein d'enthousiasme, à l’hôpital public. Mais il sera rapidement rattrapé par la dure réalité du monde hospitalier. Le réalisateur Thomas Lilti décrit avec justesse les problèmes constants auxquels doivent faire face médecins, infirmiers, aides-soignants et patients. Fort heureusement, les scènes qui nous font sourire sont nombreuses et aident à faire passer le message qui nous est envoyé sur l’hôpital public.
Mustang (2015)
C’est l’histoire de 5 sœurs vivant dans un petit village de Turquie qui sont confrontées à la pression familiale alors qu'elles ne rêvent que d’une chose: être libres. La réalisatrice Deniz Gamze Ergüven évoque avec justesse le sort de ces jeunes femmes écrasées par le patriarcat, mais animées d’une ferme volonté de faire bouger les lignes. Un film qui a rencontré un franc succès lors de sa sortie en 2015.
Grave (2017)
Choquant, dérangeant et sanglant, le premier long-métrage de la réalisatrice française Julia Ducournau n’a pas laissé les spectateurs et les critiques indifférents. Grave raconte l’évolution inquiétante de Julie, une étudiante en première année d'école de vétérinaire. Végétarienne au départ, elle se mue progressivement en une carnivore version carnassière. On vous prévient : vous n’allez pas sortir totalement indemne de cette expérience cinématographique.
120 battements Par Minute (2017)
Au début des années 90, Act Up Paris, une association luttant contre le SIDA, décide d'alerter la société en menant plusieurs actions coups de poing. Une histoire que le réalisateur Robin Campillo connaît bien puisqu’il a été lui-même militant d’ Act up à l’époque. Porté à l’écran par Adèle Haenel, Nahuel Pérez Biscayart et Arnaud Valois, 120 BPM s’est vu récompensé par le grand prix du Festival de Cannes en 2017.
Au Revoir Là-haut (2017)
Adapté du livre éponyme de Pierre Lemaitre, Au Revoir Là-haut raconte le parcours de deux rescapés de la Première Guerre mondiale qui décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Pour son sixième long métrage, Albert Dupontel oublie momentanément ses comédies absurdes (Bernie, 9 mois ferme) pour nous proposer un tour de magie qui réussit à concilier une esthétique féérique et la noirceur de la guerre.
Guy (2018)
Pour son premier long-métrage, Alex Lutz a décidé de réaliser un documentaire en trompe l’œil sur Guy, un chanteur de variété française ayant connu le succès entre les années 60 et 90. Il est suivi par un journaliste, persuadé par sa mère d’être son fils, qui décide d’en faire le portrait à l’occasion d’une tournée en province. Un film touchant ou Alex Lutz réussit à provoquer des émotions, à évoquer les craintes du temps qui passe. Le film baigne dans une douce nostalgie.
Jusqu'à la garde (2018)
Cela fait bien longtemps que l’on n'avait pas vu un aussi bon thriller français. Julien, un enfant en résidence alternée chez sa mère (Léa Drucker) et son père (Dénis Ménochet) , devient l’enjeu capital dans la relation pathologique qu’entretient un homme avec son ex qu’il considère comme lui appartenant. Chantage, pression, manipulation, la violence perverse du père prend toutes les formes tout au long du récit. Le réalisme des situations tient souvent du documentaire. Un coup de maître.
Le grand bain (2018)
L’histoire suit les aventures de plusieurs hommes dont la vie personnelle est morose et sans relief. Ils décident alors de s’inscrire au championnat du monde de natation synchronisée amateur. Ils seront entraînés par deux coachs (Virginie Efira et Leïla Bekhti) aux caractères bien trempés. Une comédie émouvante sur le thème des failles masculines autour de la quarantaine et de l’espoir.
Le Daim (2019)
Portant une veste en daim à franges, Georges (interprété par Jean Dujardin) a “un style de malade”. Ce quarantenaire paumé s’improvise cinéaste au milieu des montagnes, sous un ciel bas. Il fait la rencontre de Denise (Adèle Haenel), une serveuse qui rêve de devenir monteuse. Ils s'associent pour produire un film aux allures de snuff movie. Habitué à réaliser des films pour le moins absurdes, Quentin Dupieux parvient encore une fois à nous amuser.
Les misérables (2019)
C’est le film qui a marqué l’année 2019. Les Misérables décrit avec réalisme les tensions qui existent entre les policiers de la BAC et les jeunes de la cité des Bosquets à Montfermeil. Une œuvre portée par le réalisateur Ladj Ly qui connaît bien le sujet car il le met en images depuis des années avec son collectif Kourtrajmé.
par Hugues Pascot
https://www.gqmagazine.fr/pop-culture/article/les-20-meilleurs-films-francais-de-la-decennie
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