Le roi Hassan II a espionné les Arabes pour le compte d'Israël. D. R.
– C’est devenu un rituel. Hommes politiques, officiers du Mossad, médias et autres universitaires ne manquent pas une occasion pour rappeler le rôle joué par le Maroc dans la victoire d’Israël sur les armées arabes dans le conflit du Moyen-Orient. Cette fois-ci, des journalistes israéliens révèlent les détails de la haute trahison du roi Hassan II qui avait attiré les dirigeants arabes dans un guet-apens à Casablanca où des officiers du renseignement israélien s’étaient rendus pour espionner les travaux d’un sommet qui allait s’y dérouler. Mais le Mossad n’avait pas besoin de fournir autant d’efforts, puisque le monarque chérifien s’était chargé lui-même de la mission.
«Le roi du Maroc, Hassan II, a aussi contribué à la victoire-éclair de l’Etat hébreux», s’enorgueillissent les Israéliens qui affirment qu’il ne s’agit pas là d’une désinformation et y apportent les preuves. «Sans le Maroc, Israël n’aurait peut-être pas gagné la guerre des Six Jours», attestent-ils. Et de rapporter des faits que les Marocains doivent certainement ignorer eux-mêmes : «Tout commence en 1965. On est deux ans avant que débute la guerre des Six Jours. Les grands leaders du monde arabe se retrouvent à Casablanca, c’est le troisième grand sommet de la Ligue arabe. Vous vous en doutez, le Mossad ne fait pas partie de la liste officielle des invités, mais il est là et il va recueillir des informations cruciales.»
Comment ? On eut pu croire que les redoutables services secrets israéliens eussent infiltré la conférence à l’insu de leurs homologues marocains. Mais tel n’est pas le cas. Les Israéliens expliquent : «Il y a un protagoniste, c’est Nasser, le Président égyptien, le leader de la coalition arabe. Dans quel état d’esprit est-il à la veille de cette conférence ? II déclare à Assouan, en février [que] l’année 1965 est la plus dangereuse des années de la lutte arabe, Israël prétend que les Arabes s’apprêtent à perpétrer une agression, cela signifie qu’Israël s’apprête à nous attaquer, nous devons donc être prêts à riposter. En septembre, donc quelques mois après, a lieu ce sommet de la plus haute importance», soulignent les Israéliens.
Et c’est là qu’intervient le roi du Maroc pour offrir la victoire sur un plateau d’argent à l’entité sioniste, en troquant son statut de roi contre celui d’agent de mouchard pour le compte du Mossad. «A l’ordre du jour (du sommet de Casablanca, ndlr), l’état des forces armées des pays de la Ligue arabe, avec cette question : sont-ils prêts à faire la guerre contre Israël ?» poursuivent les Israéliens qui précisent que «l’autre homme-clé de cette histoire, c’est Hassan II, le roi du Maroc, [qui] va permettre aux renseignements israéliens de connaître les ennemis [d’Israël]».
On apprend que le Mossad avait préparé l’opération d’espionnage en amont de la conférence. Plusieurs jours avant, une équipe du Shin Beth, le service de sécurité intérieur israélien, et du Mossad avait occupé le dernier étage du luxueux hôtel à Casablanca, où étaient attendus les dirigeants arabes et où devait se dérouler la conférence. «Mais la veille du sommet, Hassan II est pris de panique et somme les agents israéliens de quitter l’hôtel», révèlent les sources israéliennes qui font remarquer, toutefois, qu’«au terme de cette conférence, il va livrer aux agents israéliens l’enregistrement complet des travaux». Hassan II avait tout enregistré en secret car «il n’avait pas confiance dans les invités de la Ligue arabe».
Que contenaient les bandes sonores remises par le roi du Maroc à Israël ? «Les enregistrements vont révéler qu’il est question de créer un commandement arabe unifié pour mener les hostilités contre Israël et le point crucial, c’est que les rangs arabes sont profondément divisés, ce qui est vraiment important, c’est que les nations arabes ont révélé leur faiblesse», dévoilent les Israéliens qui apprenaient ainsi que les Arabes «n’étaient absolument pas préparés pour une guerre contre Israël». C’est sur la base de ces renseignements que Tsahal lancera les premières opérations de la guerre des Six Jours en 1967. A la question de savoir pourquoi Hassan II a agi ainsi, la réponse est on ne peut plus claire : «Il faut savoir qu’avant ce sommet le Maroc et Israël entretenaient déjà des relations stratégiques. Hassan II avait accepté que des juifs marocains émigrent vers Israël, en échange de quoi Tel-Aviv fournissait une aide logistique au Maroc, notamment en formant ses militaires.»
Les Israéliens considèrent, à ce jour, cette opération comme le «fleuron des renseignements», si bien qu’Israël «est en dette vis-à-vis du Maroc». Cette dette a un nom, précise-t-on, «elle s’appelle Mehdi Ben Barka», farouche opposant au régime monarchique de Rabat, assassiné par le Mossad. «Le Maroc a donc été un allié indispensable à Israël dans la guerre des Six Jours, même si, on voit bien, aucun cadeau n’est gratuit», concluent les sources israéliennes.
Hassan II et le Makhzen ont sur leurs mains maculées par la trahison le sang des soldats algériens, marocains et autres syriens qui ont combattu aux côtés de l’Egypte contre Israël.
Par Kamel M
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