Je crois utile de reprendre ici le commentaire que j’ai posté sur le site « L’Algérie d’hier et de demain » qui aborde, c’est tout à fait dans sa fonction, le travail de mémoire sur le colonialisme et la guerre d’Algérie.
Il me semble que Benjamin Stora a pleinement conscience de ce qu'était le colonialisme. Il juge aussi la nature de la guerre d'Algérie que la France a menée avec pour objectif de perpétuer un tel système. Un système fondé sur l'exploitation renforcée du capitalisme.
Je considère que les appelés du contingent qui ont été enrôlés dans ce conflit anachronique, injuste et sans autre issue prévisible que l'indépendance de l'Algérie, doivent se saisir de l'opportunité qui s'offre à eux pour témoigner avant de disparaître de ce qu'ils ont vécu.
On peut également évoquer les victimes de l'OAS, tant civiles que militaires, qui devraient se manifester dans les circonstances du travail de mémoire qui est à l’ordre du jour.
Que cherche Macron à travers son opération ? Il est probable qu'il doit y avoir des intérêts économiques, idéologiques et électoraux. Ceci étant, j'estime qu'il faut profiter des circonstances pour avancer dans la voie de la reconnaissance de la vérité historique. Il faut aussi démonter les ambiguïtés qui demeurent, tel le refus de rouages de l'administration d'accéder aux archives. Il y a également à solder la question des essais nucléaires au Sahara.
L'ensemble participe des problèmes de notre temps avec le racisme, la xénophobie, l'islamophobie qui accompagnent la crise socio-économique que nous vivons ainsi que la signature et la ratification du Traité d'Interdiction des Armes Nucléaires. Plutôt que de bouder les possibilités qui se présentent, engageons-nous résolument pour les exploiter.
La droite et son extrême se mettront en travers ? C'est dans l'ordre des choses. La gauche non révolutionnaire n'est pas partie prenante dans le débat ? Effectivement elle a une responsabilité dans ce qui s'est passé à l'époque du colonialisme et des guerres coloniales. Elle est par ailleurs traversée par le courant des idées les plus nocives en matière d'égalité ? Certainement, mais ne jetons pas le manche après la cognée et prenons notre place dans le travail de mémoire qui se développe avec côté français la compétence reconnue d'un historien de la dimension de Benjamin Stora.
Reste aussi la situation actuelle en Algérie. Elle est à l’image de ce que nous connaissons en France. C’est évidemment l’affaire des Algériens mais mon opinion est que ce qui est en jeu là-bas a les mêmes racines que chez nous, à savoir les limites historiques sur lesquelles butte la logique qui prévaut et qui est fondée sur la loi du profit.
Publié le 05/10/2020
http://cessenon.centerblog.net/6574049-faisons-le-point-sur-le-travail-de-memoire-
Lire aussi en pdf :
Algérie, 1962-1965 - A contre-courant
Martine Timsit-Berthier évoque les premières années de l’indépendance : d’immenses espoirs, puis
des désillusions. Elle en garde cependant un souvenir heureux.
file:///C:/Users/Dhamane/Downloads/timsit-berthier_pdf.pdf
En mai 1962, alors que vers l’aéroport d’Alger s’allonge une file interminable de voitures
chargées de milliers de personnes qui se retirent de l’Algérie française, un des premiers avions de médecins atterrit au Rocher Noir, où siège l’ Exécutif provisoire de la future Algérie indépendante.
Période étrange où se croisent deux histoires, l’une en train de s’éteindre et l’autre en train de naître...
Les commentaires récents