C’est une âme qui prend feu et qui se jette à l’eau pour ne pas brûler vive…Harraga !
Elle ne sait pas nager. Elle est enragée. Broyée par le désespoir, elle n’a pas peur de se noyer… Harraga !
Elle est assoiffée.
Elle cherche à franchir le cap de la Nouvelle Espérance en changeant de résidence, en mettant en danger son existence… Harraga !
Elle veut à tout prix atteindre le pays où coulent le lait et le miel et qui s’appelle la France… qui a bercé toute son enfance sur un écran en noir et blanc….
Nagui… Hanouna… lui ont toujours donné envie de griller les frontières… de rêver d’une autre terre… Harraga !
C’est le songe de ses nuits d’été : passer de l’autre côté de la Méditerranée, sur un radeau de fortune, elle va tenter le tout pour le tout, rien que pour toucher du doigt l’autre rive… celle de sa propre dérive.
Renversée par une vague qui divague, elle est, sera emportée par le courant avant même d’avoir achevé la traversée de son désir : Harraga !
Je me recueille sur l’âme parce qu’on n’a jamais retrouvé son corps…
Partir… et ne plus revenir… Harraga, pourquoi tu m’as fait ça ?
Qu’est-ce qui n’allait pas ?
Tu sais, je vais bien défendre ta cause… jusqu’à ce qu’elle soit la mienne… qu’elle soit Algérienne, Tunisienne ou Libyenne… mais encore faut-il qu’elle soit défendable, ou comme on dit : incontournable.
Mais je n’ai pas l’impression que c’est le cas.
Tu fuis le soleil parce que tu crois que la France est la merveille des merveilles ?
Alors que ce n’est pas le cas… le ciel y est trop bas… et la misère pour les gens d’en bas est quasiment la même que la tienne…
Tu fuis le manque de perspectives d’avenir pour un devenir plus qu’incertain.
Mais il n’y a plus d’astres d’un côté comme de l’autre… J’ai même l’intime conviction qu’il y a le même désastre : ici comme là, on cherche une solution matérielle à un problème immatériel.
Qu’est-ce que tu me racontes encore ?
Il faut réécrire ton scénario, au lieu de sombrer pour un vulgaire décor… sans visa ni passeport !
Il y a ce qu’il faut si et seulement si tu sais ce qu’il y a… ce qu’il y a à faire avec un bout de terre ou un coin du ciel…
RESISTER à la tentation du renoncement, de ta démission, de l’abandon…
Si tu pars parce que tu crois qu’ici ton obsolescence est programmée… je te rassure tout de suite… qu’elle l’est aussi ailleurs…. Comme partout !
C’est la définition même de la condition humaine. Finitude comme d’habitude… on n’y échappe pas… et quand tu y échappes, le mauvais sort te rattrape… même si ton dernier morceau de rap t’a incité à brûler les étapes…Harraga !
Qu’est-ce que tu me chantes encore ?
Que tu laisses tomber le soleil extérieur pour faire briller ton soleil
intérieur ?
Là tu dérapes complètement !
Parce que là-bas, tu ne le feras jamais briller, parce que ceux qui ne vont pas te tendre les bras, ne savent pas ce que c’est qu’un soleil !
Malheureux, tu ne vas tout de même pas renoncer à cette véritable source de chaleur ?
Tu ne vas pas l’abandonner aux mains de ceux qui ont ruiné ton pays et son destin ?
Tu ne vas pas faire une fleur à ceux qui ont volé, violé et assassiné ta joie de vivre ?
Reprends ton pays en main….
Et change définitivement de maintien en te disant :
Je suis fière de ce pays qui est le mien.
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