Cela fait maintenant 29 ans que Chérif Hamia a rejoint notre Créateur à la suite d’une crise cardiaque à l’âge de 60 ans. Qui se souvient encore de ce grand champion et de ce grand patriote en dehors de sa famille et de ses admirateurs encore de ce monde ?
Cette pensée qui lui est consacrée est également destinée à rappeler que l`Algérie a enfanté le plus talentueux et le plus titré des boxeurs algériens de tous les temps. Il était la fierté de tous les Algériens et de tous les musulmans. Aujourd’hui, il est opportun de rappeler surtout aux jeunes très brièvement les étapes de sa prestigieuse carrière sportive.
En boxe amateur, Chérif Hamia (Rahimahou Allah) a remporté de 1948 à 1953 plus de 200 combats sur 215. Il a été tour à tour champion d’Algérie, champion d’Afrique du Nord, champion de France, champion d’Europe et enfin champion du monde amateur en remportant en 1953 les Golden gloves (gants d’or) à Chicago (Etats-Unis) dans la catégorie poids plume.
Il a entamé, par la suite, sa carrière professionnelle et a remporte 32 combat sur 35 (dont 1 nul et 2 défaites) et devient en 1955 champion de France. Après cela, il fait une campagne américaine et bat tous les meilleurs boxeurs américains qu’on lui a présentés, que ce soit à New York (Madison Square Garden), à Washington, à Montréal (Canada) et ailleurs.
Revenu en Europe, il remporte pour l’honneur son plus prestigieux combat face à Robert Cohen (originaire d’Annaba), champion du monde en titre d’une catégorie supérieure (poids coq) par KO en janvier 1955, au lendemain du déclenchement de notre glorieuse Révolution. Dans la foulée, il bat le Belge Sneyers et devient champion d’Europe en janvier 1957.
Ne manquait à son prestigieux palmarès que le titre mondial qui était très largement à sa portée contre le Nigérian Hogan Kid Bassey, c’était en 1957, alors que la guerre pour l’indépendance de l’Algérie battait son plein même en France. Quelque temps avant le Championnat du monde tant attendu, une femme se présentant comme envoyée par le FLN de France demande à Chérif Hamia de perdre le combat et de priver ainsi la France d’une autre couronne mondiale grâce aux talents d’un jeune Algérien considéré à l’époque comme français-musulman.
Chérif Hamia prend acte de cette demande, en se disant que perdre un titre mondial n’est rien à côté de ceux qui perdent la vie pour libérer l’Algérie sous la torture, fusillés ou guillotinés.
C’est ainsi qu’après avoir étalé toute sa classe lors des 2 premiers rounds en envoyant par 2 fois son adversaire au tapis, il baisse la garde et offre sur un plateau la victoire au Nigérian qui n’en revenait pas. C’était la consternation et surtout l’incompréhension pour tous. C’était aussi un cas unique en son genre dans les annales du sport mondial.
Ce sacrifice consenti a évidemment détruit toute la carrière sportive de Chérif Hamia, alors qu’il n’avait que 26 ans, avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer pour le restant de ses jours.
Dans l`émission télévisée «Les Gloires du passé» de feu Rabah Saâdallah, un interviewé se présentant comme l’un des responsables de la Fédération de France du FLN de l’époque soutient que Chérif Hamia aurait mieux servi la cause algérienne dans le monde avec un titre de champion du monde, à l’instar de la glorieuse équipe FLN de football.
Cette petite rétrospective permettra peut-être de rendre à notre regretté Chérif Hamia la place qu’il mérite au panthéon de l’histoire du sport de son pays et à le sortir de l’oubli inexplicable qui l’entoure. Une salle de sport ou un trophée en son nom serait la moindre des choses pour ce grand champion.
Puisse Allah accorder à notre cher disparu son Pardon, sa Clémence et sa Miséricorde et lui ouvrir les portes de son Vaste Paradis. A Allah nous appartenons et à Lui nous retournons.
Saïd Benaïssa
Gendre de Chérif Hamia au nom de toute la famille
*Né à Guergour le 23.03.1931
Décédé à Paris le 24.06.1991
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