Histoire d’une famille engagée pour la cause algérienne
Dans cet ouvrage de 82 pages, Charlye Buono, sœur de Maurice Audin, revient dans ce récit sur le parcours de cette famille, inscrite sur le registre d’honneur de ceux ayant lutté pour l’indépendance du pays.
Les roses d’Alphonsine, jeunesse errante, de Charlye Audin-Buono, a paru aux éditions Tangerine Nights (France), en mai 2020. L’auteure, sœur de Maurice Audin, dédie ce livre à sa mère Alphonsine, née en 1902 à Berbessa (Bir Bessah), village situé entre Alger et Blida. Le père, Louis Audin, est né à Lyon en 1900.
Il sera envoyé en Algérie dans les tirailleurs au lendemain de la Première Guerre mondiale. Louis et Alphonsine se marient à Koléa en 1923, puis le mari devient garde forestier dans la forêt de Mizrana. La vie paisible du couple sera bouleversée quand Louis “aura de graves difficultés avec des gens de l’administration des Eaux et forêts qui faisaient du trafic de chèvres et de moutons.
Il refusa de fermer les yeux sur des pratiques illégales, certes courantes à cette époque, mais qu’il était trop honnête pour accepter…”. La famille s’installe à Lyon où l’auteure naquit en 1925. Suite à de nombreux bouleversements et changements : nouvelle vie à Béja (Tunisie) où Charlye Audin ira pour la première fois à l’école.
“Tout changea brusquement pour moi. Une date est gravée dans ma mémoire : le 14 février 1932, jour où un petit enfant du nom de Maurice nous fut donné, illuminant notre foyer. Pour nous trois, ce fut une renaissance.” La petite Charlye était loin, dans ces moments de bonheur, de s’imaginer que ce bébé allait un jour devenir l’un des héros de la libération de l’Algérie et qu’une prestigieuse place du centre d’Alger portera son nom après l’indépendance du pays.
De retour en France, à Bayonne, Charlye Audin se prépare au CEPE et dévore les livres de la bibliothèque : Jules Verne, Defoe, Dickens, Kipling, Alphonse Daudet, Alexandre Dumas, Victor Hugo… Mais, la Seconde Guerre mondiale lui ravit son père, jusqu’à l’armistice du 22 juin 1940, où la France démobilisa les militaires de plus de quarante ans. Louis Audin entre dans les PTT. “Alphonsine, qui s’était pourtant juré de ne plus retourner en Algérie où, selon elle, les colons étaient si méchants, changea complètement de point de vue.
Elle persuada mon père de fuir l’atmosphère vénéneuse de la France vaincue, et il demanda un poste à Alger” que la famille rejoint en 1940 : Alger la blanche, émerveillement. “Mon cœur bat plus vite : Alger, ville de ma mère ! Elle m’en a dit tant de choses que je crois déjà la connaître.” Le père travaille à la Grande Poste, les enfants poursuivent leurs études. Déchirement de voir la France humiliée par les Nazis. Difficultés de confronter ses propres idées aux “certitudes” des Européens acquis au colonialisme.
Nous connaissons la suite : l’Histoire inscrira les Audin et leurs beaux-parents, les Buono, sur le registre d’honneur de ceux qui ont lutté pour l’indépendance du pays. Maurice Audin ira jusqu’au sacrifice suprême en 1957. L’amour de cette famille pour l’Algérie est immense. Nostalgie de la terre du soleil, pays des oranges Thomson où l’on se sent vivre. “Ici, et nulle part ailleurs”.
ALI BEDRICI
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