JE ME SOUVIENS...
Il y avaitdes nuits où ils entendaient le cliquetis des armes. Ils voyaient même luire les couteaux des égorgeurs. Ils étouffaient. Ils éructaient. Ils toussaient. Ils bavaient. Ils étaient en sueur. Alors, les « bougnoules », la « gégène », les « ratonnades » et les viols ! Tout se mélangeait dans leur tête. Chut ! secret défense. Vive la quille bordel ! et Moi, RAB ! (Je n’en ai plus rien à branler !)
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Hugues Aufray:Fleur D'Oranger
Elle avait à peine quinze ans
Elle jouait encore à la poupée
Elle avait de grands yeux d'enfant
Je l'appelais "Fleur d'oranger"
Quand nous sommes venus au pays
C'était la saison des lilas
Je ne savais rien de la vie
Bien que je sois déjà soldat
Dans ces montagnes isolées
Des dissidents, y en a partout
C'est pas facile pour les trouver
L'armée n'en vient jamais à bout
Au cours des tout derniers combats
Nous fûmes pris entre deux feux
Et nous perdîmes pas mal de gars
Au fond d'un ravin rocailleux
Trois soldats de ma compagnie
Un soir sont sortis des camions
C'était un peu après minuit
Sous le ciel chantaient les grillons
Le ciel sentait bon le jasmin
Dans la nuit brillait un croissant
Il avait le blanc de tes seins
Un vent chaud soufflait du levant
Ils ont surgi soudain tous trois
Par la porte de sa maison
L'un d'eux lui attacha les bras
Un autre arracha son jupon
On l'a trouvée dans son lit bleu
Pâle et vidée de tout son sang
Les larmes collaient ses cheveux
Le soleil baignait le couchant
On a vite étouffé l'affaire
Personne n'a rien su à Paris
Ce ne fut pas même un fait divers
Qu'un incident en Algérie
Elle avait à peine quinze ans
Elle jouait encore à la poupée
Elle avait de grands yeux d'enfant
Je l'appelais "Fleur d'oranger "
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