Le virus Covid-19 a été détecté en tant que tel sur le marché de Wuhan, en Chine, lieu à partir duquel il s’est répandu. Effectivement, on connaît son point d’arrivée, mais on cherche à comprendre comment ce virus, qui infectait seulement des animaux sauvages, a pu infecter les humains.
« Ce qui est sûr, c’est qu’on trouve chez la chauve-souris un virus très proche à 96%, donc la chauve-souris peut être un réservoir de ce virus. Mais 96%, ça ne fait pas la totalité du virus, explique Éric Delaporte, spécialiste du VIH, chercheur à l’Institut de la recherche pour le développement et praticien au CHU de Montpellier. Qu’est-ce qui a dû se passer ? Là, il y a eu une publication très intéressante qui a relancé la piste du pangolin. On a retrouvé des traces de virus chez le pangolin. Les pangolins sont des pangolins de la région de la Malaisie qui ont été étudiés. Et chez ces pangolins, on a retrouvé un virus très proche également. L'hypothèse qui fait jour aujourd’hui, c’est que le virus de la chauve-souris qui, naturellement, ne pouvait pas contaminer l’homme, en allant dans un hôte intermédiaire, le pangolin - les pangolins sont eux aussi infectés par les coronavirus - et en se recombinant, le virus de la chauve-souris a acquis la clé nécessaire pour pouvoir infecter l’homme. C’est l’hôte intermédiaire. »
Le pangolin serait donc l’hôte intermédiaire, mais on ne croise pas des pangolins à tous les coins de rue, même en Chine.
Le pangolin est un animal en voie d’extinction, on ne devrait pas le croiser du tout en ville, mais c’est le mammifère le plus vendu illégalement dans le monde.
De de façon surprenante, les contacts entre humains et animaux sont de plus en plus étroits. Et pour Serge Morand, écologue de la santé au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), c’est un problème : « D’une part, c’est une augmentation énorme de la quantité d’animaux pour l’élevage, ça a augmenté de façon considérable. On a les bovins, les poulets, les porcs, donc tout ça, ça fait une masse considérable d’animaux qui sont de plus en plus nombreux, parce qu’aussi on a une alimentation, et surtout dans les pays émergents, une demande forte d’alimentation carnée. C’est la première chose. La deuxième chose, il y a aussi une demande, pour différentes raisons, notamment avec une classe moyenne dont les moyens augmentent un peu, d’animaux issus de la faune sauvage. Donc, ça peut être l’animal de compagnie, c’est énorme, ce qu’on appelle les néo-animaux de compagnie, les NAC, et le commerce aussi pour la viande de brousse illégale, le commerce aussi souvent illégal pour la médecine traditionnelle chinoise, vietnamienne et autres. Donc, tout ça finalement fait qu’on a un problème réellement avec les animaux, qu’ils soient domestiques ou qu’ils soient élevés ».
Mais dans cette épidémie, il y a un autre fait remarquable :sa rapidité d’expansion. Le virus a voyagé très vite.
« Avec ce qu’on en sait maintenant, dit Serge Morand, il était tranquillement dans une chauve-souris au mois d’octobre, quelque part en Asie, et cinq mois plus tard, il est dans toutes les populations humaines sur toute la planète. C’est absolument incroyable et invraisemblable cette rapidité. Donc, c’est peut-être ça aussi, nous avons une empreinte humaine de plus en plus importante, du fait d’un changement complet de notre relation à la planète, du fait aussi d’un accaparement des ressources naturelles, pas que vivantes, qui est liée à une globalisation. Et cette globalisation aussi, en retour, fait que les risques deviennent systémiques, ils deviennent finalement pandémiques, et ça s’accélère dans les dernières décennies. »
Pour résumer, donc, si l’origine du -19 est animale, c’est nous humains, et notre mode de vie, qui sommes responsables de sa propagation.
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