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Entends-tu ? LĂ , juste lĂ . Ce bruit, ce murmure, ce fracas. Ce vent de libertĂ© qui souffle fort sur toi. Respire-le Ă pleins poumons. Ce sont des youyous, ce sont des slogans, ce sont des cris, des hurlements de joie, des pieds qui battent le pavĂ©, câest la liesse de tes filles, de tes fils. Câest ce peuple que tu as enfantĂ©. Maintenant, câest lui qui accouche de son destin.
Entends-tu ? Câest ce peuple quâon a voulu faire te tourner le dos. Mais câĂ©tait ignorer tout ce que vous vous ĂȘtes donnĂ©. Il a souffert, longtemps souffert, puis il tâa libĂ©rĂ©e et de nouveau souffert sans jamais tâabandonner. Tu lâas comblĂ© de richesses, tu lui as donnĂ© ta terre, fertile, puissante, gĂ©nĂ©reuse. Tu lâas Ă©duquĂ©, instruit, guidĂ©.
Entends-tu ? Ce sont les murs de tes palais qui tremblent. Câest le vernis de leurs dorures qui craque. Ce sont leurs lustres qui vacillent. Ce sont leurs grilles qui sâouvrent pour laisser pĂ©nĂ©trer les cortĂšges populaires. LĂ est leur place, dans la grandeur, pour admirer les portraits de leurs hĂ©ros, de leurs martyrs.
Câest notre Nation que nous nous approprions.
Entends-tu ? Câest ton hymne que nous chantons, câest ton drapeau qui flotte, qui fouette lâair fiĂšrement, ce sont tes chaĂźnes que nous brisons.
Entends-tu ? Ce sont tes filles, tes femmes, tes vieilles, tes garçons, tes hommes, tes vieux, tes enfants, tes couples, tes familles, câest notre union, câest notre Nation que nous nous approprions enfin.
CâEST LA PEUR QUI SâEN VA, CâEST LE SILENCE QUI SE TAIT, CâEST LA LUMIĂRE QUI REVIENT. SOUS NOS PIEDS, Ă CHAQUE PAS, RENAĂT LA DIGNITĂ !
Entends-tu ? Câest la peur qui sâen va, câest le silence qui se tait, câest la lumiĂšre qui revient. Sous nos pieds, Ă chaque pas, renaĂźt la dignitĂ©. Dans nos cĆurs revient lâespoir, lâhonneur dĂ©savoue lâinfamie et la honte laisse place Ă la fiertĂ©. La fiertĂ© dâĂȘtre AlgĂ©rien, dâhĂ©riter de ton histoire et de ta terre, la fiertĂ© de continuer lâĆuvre de nos ancĂȘtres, la fiertĂ© de rendre hommage Ă nos morts qui sourient tendrement en nous regardant de lĂ oĂč ils sont.
Entends-tu ? Le peuple libĂ©rĂ©, partout rassemblĂ©, criant sa volontĂ©. Il impose, par milliers, par millions, sa prĂ©sence attendue. Il rĂ©clame ses droits en exerçant son devoir le plus vif : sâindigner. Calmement, pacifiquement, il triomphera comme il lâa toujours fait. Et toi, courageusement, tu lâaideras. Car quand il manifeste pour lui, il manifeste pour toi.
La renaissance algérienne tant espérée est là !
Entends-tu ? Ils reviennent. Ces cohortes de jeunes qui partaient, te tournant le dos Ă contrecĆur, les larmes aux yeux et la gorge nouĂ©e, en quĂȘte dâĂ©lĂ©vation que tu es en mesure de leur offrir maintenant. Ils reviennent. Nos frĂšres adorĂ©s, ton visage le plus beau et le plus innocent. Ils reviennent.
Entends-tu ? Ce sont tes journalistes, tes mĂ©decins, tes avocats, tes Ă©tudiants, tes architectes, tes artistes, oui tes artistes, qui entonnent le chant de la patrie. Ces gĂ©nĂ©rations que tu as formĂ©es, elles sont lĂ aujourdâhui pour te relever sous le soleil et la banniĂšre. Entends-tu ? Câest lâHistoire que tu retrouves, ce sont les nations qui te regardent, câest le monde qui tâadmire.
Entends-tu ? Câest la mobilisation de tous, câest la convergence des protestations, câest la grande fĂȘte de la fraternitĂ©. On y chante ta gloire et on cĂ©lĂšbre la renaissance. La renaissance algĂ©rienne que nous avons tant espĂ©rĂ©e, tant attendue, est lĂ . Ă portĂ©e de main. Saisissons-la !
Par Anys Mezzaour
Anys Mezzaour est un Ă©crivain algĂ©rien, auteur dâ« Entendu dans le silence » (Casbah Editions).
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