de Guy Pervillé
Que voilà une synthèse nécessaire faisant le point des connaissances sur la guerre d’Algérie. Rien « d’iconoclaste » dans la démarche du grand spécialiste du conflit.
Cet ouvrage illustre tout simplement la rigueur de l’historien dans une approche critique de l’historiographie, Ce qui conduit parfois à quelques répétitions et longueurs comme ces 35 pages consacrées à la seule question du 17 octobre 1961 à Paris. Malgré l’absence de cartes, outre une chronologie et une bibliographie-modèle, cette somme comporte des notes scientifiques fournies pour chaque fin de chapitre.
En introduction, Guy Pervillé rappelle combien il est encore difficile pour les Français de considérer la guerre d’Algérie comme un sujet d’histoire en raison de la permanence de la « guerre des mémoires ». Le travail inlassable des historiens des deux côtés de la Méditerranée est encore trop peu connu des politiques et de l’opinion. Articulé en quatre parties, cet ouvrage devrait intéresser tous les enseignants.
En effet, la première partie est le récit explicatif de « l’aventure française en Algérie » depuis François 1er. Et de rappeler qu’une des raisons de l’expédition d’Alger, en 1830, est la reprise de la guerre de courses à partir de 1821 en raison de la révolte grecque contre l’Empire ottoman. L’érudition de l’auteur lui permet d’exhumer des faits très peu connus telle, en 1913, cette première perception du nationalisme au Maghreb (distinct du mouvement des «Jeunes Algériens ») signé par un journaliste de Constantine, André Servier, Le Péril en l’avenir.
Dès 1944 il confie à des proches qu’il est favorable à l’association entre la France et l’Algérie et que toute notion d’autonomie conduira à l’indépendance. C’est bien le discours du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination qui constitue le tournant politique du conflit algérien.
La question des harkis est abordée avec sérénité. Guy Pervillé montre la responsabilité de certains chefs du FLN/ALN en amont : 19 mars, à Saint-Denis-du Sig, en Oranie, premier massacre ; 10 avril 1962 directive de la wilaya 5 sur la vengeance différée après la proclamation de l’indépendance qui verra « le jugement final devant Dieu et devant le peuple qui sera seul responsable de leur sort ».
Toute aussi riche est la deuxième partie consacrée aux « événements et leur réécriture ». Les différentes approches du 20 août 1955 sont développées et les études partielles et partiales critiquées. Guy Pervillé rappelle que « la bataille d’Alger » a bien commencé en 1956 et qu’en janvier 1957 il s’agit d’une grève politique et non insurrectionnelle.
Longs développements, non pas sur la façon dont les 24 000 personnes arrêtées l’ont été, ce qui est à présent bien connu et en marge de la légalité républicaine, mais quid des 3 024 disparus d’Alger et de sa région selon Paul Teitgen et ses proches que l’auteur a interrogés ? Il estime que la question n’est pas encore tranchée. Analyse aussi des plus pertinentes quant à l’importance des manifestations des 7 au 10 décembre 1960, lors du dernier voyage du général de Gaulle en Algérie. Par leur ampleur, elles surprennent le GPRA et les chefs des wilayas.
L’auteur relate aussi la querelle des historiens à propos du 17 octobre 1961 et souligne la valeur scientifique des travaux de Jean-Paul Brunet. Il précise aussi que l’instrumentalisation de cette triste journée est à l’origine de La Marseillaise sifflée le 6 octobre 2001 après la distribution de tracts. Même acuité d’analyse pour Charonne (8 février 1962) et le 19 mars 1962 qui n’est en rien « la fin de la guerre d’Algérie ».
Spécialiste des accords d’Evian, le professeur émérite rappelle qu’ils ne sont qu’une simple étape vers l’indépendance pour les signataires du FLN. Ce qui conduit à leur échec total et aux drames de l’on sait de cette terrible année 1962 d’Oran à Alger, sans oublier les lourdes responsabilités de l’OAS.
Publié à la suite de la synthèse de Remi Dalisson, Guerre d’Algérie, l’impossible commémoration, (janvier 2018), ce livre, dans sa 3e partie, rend compte de la persistance de mémoires antagonistes. Rien n’est oublié de divers types de mémoires et de commémorations pour les Français d’Algérie, les harkis, les anciens combattants algériens des deux guerres mondiales, les illusions perdues du PCA (Parti communiste algérien), les actions des démocrates-chrétiens tel André Mandouze, sans oublier la nébuleuse des « libéraux »… Une des originalités concerne l’étude des scissions à l’intérieur des forces politiques françaises. Hormis le PCF et les groupuscules anarchistes et trotskistes, c’est en 1955 que la gauche se déchire.
A droite, pendant l’été 1957, lors du débat Raymond Aron, Jacques Soustelle et Edmond Michelet, la guerre devient une pomme de discorde. L’auteur souligne aussi que la guerre civile algérienne, MNA contre FLN, à l’inverse d’une idée reçue, ne laisse pas indifférente l’opinion publique métropolitaine. Très riche, le dernier chapitre de cette partie concerne la mémoire algérienne de la guerre d’indépendance, un peu plus libre depuis 1989. Elle intéresse aussi les historiens français depuis l’interrogation sur la nation algérienne qui n’est qu’une vue de l’esprit en 1830. De sorte que la guerre d’Algérie par les débats qu’elle suscite reste un sujet d’une brûlante actualité.
Inattendue, la dernière partie constitue un témoignage personnel relatif à « L’histoire et la mémoire » qui rappelle les contradictions de la politique mémorielle. En distinguant les diverses générations d’historiens (y compris algériens tels Mahfoud Kaddache ou Mohammed Harbi), Guy Pervillé a le mérite de mettre en perspective historique le travail des historiens, dont certains ont glissé vers l’arène politique.
On conçoit que le scientifique prône une histoire dépassionnée. Et ce, sur le modèle du colloque international consensuel tenu à l’Ecole normale de Lyon, en juin 2006, sous la direction du regretté Gilbert Meynier et de Frédéric Abécassis, Pour une histoire critique et citoyenne, au-delà des pressions officielles et des lobbies de mémoire, le cas de l’histoire algéro-française.
En bref, à l’image de la conclusion générale, un ouvrage courageux d’une profonde réflexion historienne qui fera date. Pour que la guerre d’Algérie finisse enfin, il faut que chacun d’entre nous se sente concerné et découvre enfin le travail des historiens plus que d’écouter des mémoires qui s’ostracisent l’une l’autre.
Guy Pervillé, Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, Paris, Vendémiaire, novembre 2018, 670 p., 26 euros.
http://www.lematindalgerie.com/histoire-iconoclaste-de-la-guerre-dalgerie-et-de-sa-memoire-de-guy-perville
Voici la présentation à lire sur la quatrième de couverture :
"La guerre d’Algérie a pris fin officiellement en mars 1962, avec les accords d’Evian qui prévoyaient, notamment, l’amnistie pour tous les combattants. Or force est de constater que, près de soixante ans plus tard, elle se poursuit, à travers des affrontements mémoriels où les historiens ont souvent été sommés de prendre parti.
Est-il possible aujourd’hui d’écrire une histoire dépassionnée de ce douloureux processus de décolonisation, et des traces qu’il a laissées dans les mémoires collectives ? Est-il possible de ne rien céder aux récits militants, aux récits sélectifs, à la volonté de faire silence autour de certains événements, à l’emportement de la polémique, à l’intime conviction ? Est-il possible de ne pas choisir son camp quand on écrit l’histoire ?
C’est à ces questions essentielles pour la légitimité même de la discipline que tente ici de répondre Guy Pervillé, spécialiste incontesté d’une période à laquelle il a consacré l’ensemble de ses travaux. Conduit par cette seule certitude qu’il n’y a pas de cause qui puisse prévaloir sur la recherche de la vérité.
Guy Pervillé est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse-le Mirail, spécialiste de l’histoire de l’Algérie coloniale ainsi que de la guerre d’Algérie. Il a notamment publié La guerre d’Algérie(Que-sais-je ?, 2007), Atlas de la guerre d’Algérie (Autrement, 2003), ainsi que chez Vendémiaire La France en Algérie, 1830-1954 (2012) et Oran 5 juillet 1962, leçon d’histoire sur un massacre (2014)".
Un premier et bref compte rendu se trouve dans un article consacré par la revue L’Histoire aux publications récentes concernant la guerre d’Algérie : "Algérie, chantiers ouverts. De nouvelles publications témoignent de la vitalité de la recherche sur ce pays", L’Histoire n° 454, décembre 2018, p 80 :
" (...) Guy Pervillé, lui, continue de s’interroger sur les liens entre mémoires(s) et histoire. Après le récit des relations entre la France et l’Algérie(1830-1962) et le passage en revue des grands enjeux historiographiques, il aborde les affrontements mémoriels. Dans la dernière partie, il se livre à un essai d’auto-histoire, s’accusant - de façon touchante - de naïveté pour avoir cru que la guerre d’Algérie pouvait être un sujet comme un autre." (...)
Christelle Taraud, membre du Centre d’histoire du XIXème siècle (Paris-I, Paris IV)
On trouve, depuis le 7 novembre dernier, un premier compte rendu détaillé par Adam Craponne sur le site "Grégoire de Tours" (https://www.gregoiredetours.fr/autres-civilisations/civilisations-islamiques/guy-perville-histoire-iconoclaste-de-la-guerre-d-algerie-et-de-sa-memoire/) :
" En fait Guy Pervillé avance, dans sa conclusion, que les conséquences de la Guerre d’Algérie pèsent encore sur le destin de ce dernier pays et qu’en France certains auraient presque tendance à croire que les hostilités n’ont jamais cessé entre ces deux pays des deux côtés de la Méditerranée (un certain discours contre les Maghrébins ou plus largement contre les musulmans, renouvelant d’ailleurs les détails destinés à entretenir la haine, ceci étant une réflexion personnelle).
Il n’est pas sûr, les antagonismes passant d’une génération à l’autre malheureusement, que dans le grand public des deux pays, on soit prêt à accepter un discours historique".
Et aussi un résumé très détaillé sur le site "Les Clionautes" par Christiane Peyronnard (https://clio-cr.clionautes.org/histoire-iconoclaste-de-la-guerre-dalgerie-et-de-sa-memoire.html).
Puis un compte rendu anonyme placé le 17 décembre 2018 sur le site sur le site Guerres et conflits (http://guerres-et-conflits.over-blog.com/), et sous le titre "Dépasser les passions" :
"Un ouvrage qui va marquer l’historiographie de la guerre d’Algérie car, au-delà du simple récit chronologique des évènements, l’auteur s’attache avec un soin particulier à rechercher les fondements de mémoires antagonistes persistantes et à évaluer les rapports entre mémoire(s) et histoire.
Le livre est ainsi organisé en quatre grandes parties nettement distinctes : un rappel des relations entre la France et l’Algérie dans le temps long ("L’aventure française en Algérie : un récit explicatif"), la guerre d’Algérie elle-même entre 1954 et 1962 ("Les évènements et leur réécriture"), une approche de mémoires profondément contradictoires, métropolitaine, pied-noir, anciens combattants, algérienne(s), etc. ("Mémoires antagonistes") et une originale dernière partie consacrée à la bibliographie et aux historiens de la guerre d’Algérie, avec la place parfois envahissante du politique ("L’histoire et la mémoire dans le cas de la guerre d’Algérie : un témoignage personnel"). Chaque partie se termine sur un appareil critique de notes de référence et sur une conclusion partielle. Les responsabilités politiques ne sont jamais tues et les errements autour des accords d’Evian soulignés. La conclusion finale tente de faire le tri entre devoir de mémoire, devoir de justice et devoir d’histoire, entre engagement politique et engagement d’historien. Le livre se termine sur plus de 35 pages de références, sources et bibliographie, véritable mine où pourrons piocher tous ceux qui veulent aller plus loin.
Un livre qui se termine sur le constat (un peu désabusé) d’un verrouillage du discours public par les autorités algériennes, une "langue de bois" qui interdit pour l’instant tout progrès dans l’apaisement des mémoires".
Mais depuis le 13 décembre, le compte rendu le plus détaillé se trouve dans le quotidien algérien Le Matin d’Algérie(http://www.lematindalgerie.com/histoire-iconoclaste-de-la-guerre-dalgerie-et-de-sa-memoire-de-guy-perville) :
"Que voilà une synthèse nécessaire faisant le point des connaissances sur la guerre d’Algérie. Rien « d’iconoclaste » dans la démarche du grand spécialiste du conflit.
Cet ouvrage illustre tout simplement la rigueur de l’historien dans une approche critique de l’historiographie, ce qui conduit parfois à quelques répétitions et longueurs comme ces 35 pages consacrées à la seule question du 17 octobre 1961 à Paris. Malgré l’absence de cartes, outre une chronologie et une bibliographie-modèle, cette somme comporte des notes scientifiques fournies pour chaque fin de chapitre.
En introduction, Guy Pervillé rappelle combien il est encore difficile pour les Français de considérer la guerre d’Algérie comme un sujet d’histoire en raison de la permanence de la « guerre des mémoires ». Le travail inlassable des historiens des deux côtés de la Méditerranée est encore trop peu connu des politiques et de l’opinion. Articulé en quatre parties, cet ouvrage devrait intéresser tous les enseignants.
En effet, la première partie est le récit explicatif de « l’aventure française en Algérie » depuis François 1er. Et de rappeler qu’une des raisons de l’expédition d’Alger, en 1830, est la reprise de la guerre de courses à partir de 1821 en raison de la révolte grecque contre l’Empire ottoman. L’érudition de l’auteur lui permet d’exhumer des faits très peu connus telle, en 1913, cette première perception du nationalisme au Maghreb (distinct du mouvement des « Jeunes Algériens ») signé par un journaliste de Constantine, André Servier, Le Péril de l’avenir.
A noter également que le 1er août 1942, témoin du racisme inhérent au régime de Vichy, une pancarte apposée à l’entrée de la plage de Zéralda, « Interdit aux juifs et aux arabes », est à l’origine d’une vive protestation conduisant à la rafle de 40 Algériens dont 25 meurent asphyxiés dans les caves de la mairie. Sans pouvoir préciser le nombre de morts (« des milliers ») relatifs à la sanglante répression suivant le 8 mai 1945, thème repris en deuxième partie, Guy Pervillé détruit de main de maître la légende du complot colonialiste.
Il souligne comment la question de la « repentance », à travers l’instrumentalisation de la Fondation du 8 mai 1945, est en fait tardivement évoquée par le FLN, en 1959, puis sert d’exutoire sur fond de guerre civile en 1990-1995. Fine analyse aussi des contradictions du gouvernement Guy Mollet, en 1956, empêtré dans une intensification de la guerre, tout en recherchant une hypothétique « pacification » et des contacts avec l’adversaire du Caire à Rome via Belgrade. Belles pages également sur la politique du général de Gaulle.
Dès 1944 il confie à des proches qu’il est favorable à l’association entre la France et l’Algérie et que toute notion d’autonomie conduira à l’indépendance. C’est bien le discours du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination qui constitue le tournant politique du conflit algérien.
La question des harkis est abordée avec sérénité. Guy Pervillé montre la responsabilité de certains chefs du FLN/ALN en amont : 19 mars, à Saint-Denis-du Sig, en Oranie, premier massacre ; 10 avril 1962 directive de la wilaya 5 sur la vengeance différée après la proclamation de l’indépendance qui verra « le jugement final devant Dieu et devant le peuple qui sera seul responsable de leur sort ».
Toute aussi riche est la deuxième partie consacrée aux « événements et leur réécriture ». Les différentes approches du 20 août 1955 sont développées et les études partielles et partiales critiquées. Guy Pervillé rappelle que « la bataille d’Alger » a bien commencé en 1956 et qu’en janvier 1957 il s’agit d’une grève politique et non insurrectionnelle.
Longs développements, non pas sur la façon dont les 24 000 personnes arrêtées l’ont été, ce qui est à présent bien connu et en marge de la légalité républicaine, mais quid des 3 024 disparus d’Alger et de sa région selon Paul Teitgen et ses proches que l’auteur a interrogés ? Il estime que la question n’est pas encore tranchée. Analyse aussi des plus pertinentes quant à l’importance des manifestations des 7 au 10 décembre 1960, lors du dernier voyage du général de Gaulle en Algérie. Par leur ampleur, elles surprennent le GPRA et les chefs des wilayas.
L’auteur relate aussi la querelle des historiens à propos du 17 octobre 1961 et souligne la valeur scientifique des travaux de Jean-Paul Brunet. Il précise aussi que l’instrumentalisation de cette triste journée est à l’origine de La Marseillaise sifflée le 6 octobre 2001 après la distribution de tracts. Même acuité d’analyse pour Charonne (8 février 1962) et le 19 mars 1962 qui n’est en rien « la fin de la guerre d’Algérie ».
Spécialiste des accords d’Evian, le professeur émérite rappelle qu’ils ne sont qu’une simple étape vers l’indépendance pour les signataires du FLN. Ce qui conduit à leur échec total et aux drames de l’on sait de cette terrible année 1962 d’Oran à Alger, sans oublier les lourdes responsabilités de l’OAS.
Publié à la suite de la synthèse de Remi Dalisson, Guerre d’Algérie, l’impossible commémoration, (janvier 2018), ce livre, dans sa 3e partie, rend compte de la persistance de mémoires antagonistes. Rien n’est oublié de divers types de mémoires et de commémorations pour les Français d’Algérie, les harkis, les anciens combattants algériens des deux guerres mondiales, les illusions perdues du PCA (Parti communiste algérien), les actions des démocrates-chrétiens tel André Mandouze, sans oublier la nébuleuse des « libéraux »... Une des originalités concerne l’étude des scissions à l’intérieur des forces politiques françaises. Hormis le PCF et les groupuscules anarchistes et trotskistes, c’est en 1955 que la gauche se déchire.
A droite, pendant l’été 1957, lors du débat Raymond Aron, Jacques Soustelle et Edmond Michelet, la guerre devient une pomme de discorde. L’auteur souligne aussi que la guerre civile algérienne, MNA contre FLN, à l’inverse d’une idée reçue, ne laisse pas indifférente l’opinion publique métropolitaine. Très riche, le dernier chapitre de cette partie concerne la mémoire algérienne de la guerre d’indépendance, un peu plus libre depuis 1989. Elle intéresse aussi les historiens français depuis l’interrogation sur la nation algérienne qui n’est qu’une vue de l’esprit en 1830. De sorte que la guerre d’Algérie par les débats qu’elle suscite reste un sujet d’une brûlante actualité.
Inattendue, la dernière partie constitue un témoignage personnel relatif à « L’histoire et la mémoire » qui rappelle les contradictions de la politique mémorielle. En distinguant les diverses générations d’historiens (y compris algériens tels Mahfoud Kaddache ou Mohammed Harbi), Guy Pervillé a le mérite de mettre en perspective historique le travail des historiens, dont certains ont glissé vers l’arène politique.
On conçoit que le scientifique prône une histoire dépassionnée. Et ce, sur le modèle du colloque international consensuel tenu à l’Ecole normale de Lyon, en juin 2006, sous la direction du regretté Gilbert Meynier et de Frédéric Abécassis, Pour une histoire critique et citoyenne, au-delà des pressions officielles et des lobbies de mémoire, le cas de l’histoire algéro-française.
En bref, à l’image de la conclusion générale, un ouvrage courageux d’une profonde réflexion historienne qui fera date. Pour que la guerre d’Algérie finisse enfin, il faut que chacun d’entre nous se sente concerné et découvre enfin le travail des historiens plus que d’écouter des mémoires qui s’ostracisent l’une l’autre.
J.-C. J.
http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=431
Lire aussi à ce sujet :
Les commentaires récents