Il nia l’existence du peuple algérien mais il devint son premier président ! Il revendiqua longuement l’assimilation à la France avant de devenir son ennemi irréductible et diriger contre elle les armes. Il surgissait aux moments des naissances politiques inattendues, aux seuils de toutes les ruptures historiques. Convaincu par Abane Ramdane «qu’il fallait faire parler les mitraillettes», il était là quand la patrie l’appela. Artisan des consensus impossibles, il avait la culture nécessaire à l’analyse et la démarche qui unissait les rangs et relançait les élans collectifs. Il tenait le fil intelligent pour recoudre les déchirures des élites, les médecines idoines pour redonner du souffle aux poumons de la révolution, les baumes utiles pour les grandes blessures populaires, il était le pharmacien de la patrie retrouvée. Le premier président du GPRA nous a quittés, le 24 décembre 1985.
L’Algérie à la fin du 19e siècle
A la fin du 19e siècle, l’Algérie, colonie française, vivait l’accélération de la politique de colonisation foncière et d’assimilation administrative. Le pays saignait sous la férule des nouveaux colons dont les abus étaient protégés par l’Etat providence du régime civil.
La terre était la richesse essentielle et toute la vie tournait autour du mouvement de dépossession des indigènes de leurs territoires ancestraux et leur attribution aux nouveaux colons venus des contrées françaises ruinées par la guerre de 1870 et les maladies nouvelles comme le phylloxera. Le domaine colonial s’élargissait par le séquestre et engloutissait le Beylik, le Habous, les forêts, et les terres de parcours des tribus. Le paysan algérien confiné sur les terres pauvres, abattu par l’impôt, s’appauvrissait à mesure que s’enrichissait le colon. La paupérisation et la misère absolues étaient l’interface de l’assimilation. Une clientèle de l’administration coloniale se forma dans les communes de plein exercice (centre européens) et dans les communes mixtes (zones indigènes autour d’un centre de vie européen) autour d’une caste d’élus et de fonctionnaires coloniaux ayant la mainmise sur l’essentiel des ressources.
Un corps d’auxiliaires indigènes se développait à mesure que s’éteignaient les grandes familles des puissantes tribus, à mesure que le faisceau des lois coloniales déconstruisait l’ordre tribal algérien et organisait le déracinement culturel et social. Les liens de type clientéliste personnalisés, des rapports de domestication, attachaient ces auxiliaires indigènes aux élus et aux fonctionnaires coloniaux. Les auxiliaires dans toute leur variété jouaient le rôle de tampon sociopolitique et administratif avec les autochtones contre la protection et la rémunération que leur versaient les seconds. Les Caïds, les Aghas, les Bachaghas et le petit personnel à leurs ordres, étaient la courroie de transmission et d’installation de l’ordre colonial ( Charles Robert Ageron donne entre 200 et 1000 Francs annuels en 1910 dans le même temps le revenu annuel du paysan indigène ne dépassait pas 100 fr ).
Cheikh, Caïd, Agha et Bachagha
Les conseillers municipaux dans les communes de plein exercice étaient nommés par les préfets, alors que ceux des communes mixtes étaient proposés par le maire pour s’occuper plus spécialement d’un douar ou de la population musulmane d’un centre européen. Au nom de l’assimilation, le titre d’adjoint administratif a remplacé ceux de caïd ou de cheikh qui ont perduré dans l’usage commun, car les attributions restaient globalement les mêmes : assurer la surveillance et la police indigènes, aider les agents du Trésor dans le recouvrement des « impôts arabes » et surtout informer les officiers d’état civil. Des agents subalternes dans les deux types de communes portaient des titres variés pour des missions plus ou moins bien définies : comme agent de police en ville ou garde-champêtre dans le bled, chaouch, khoja, collaborateurs du maire ou de l’administrateur et kebir, amin, dhamen, ouakkaf sous les ordres de l’adjoint administratif indigène comme chefs de fraction tribale ou hommes de main.
Ces agents auxiliaires de police indigène étaient rémunérés par l’administration coloniale mais ils étaient autorisés à se partager le 1/10e des « impôts arabes » perçus. Ils étaient les interfaces des abus coloniaux. Les caids, adjoints administratifs français, à compter de 1871, étaient promus pour bonne carrière et haute fidélité au rang d’Agha, ou de Bachaghas.
Une enfance de fils de Caïd
Au moment de la naissance de Ferhat Mekki Abbas, le 24 août 1899, sous la colonisation française, le hameau de Bouafroune faisait partie du douar de Chahna, dans la commune mixte de Taher, administrativement dépendante de l’arrondissement de Bougie dans le grand département de Constantine qui englobait un tiers du pays, de la Kabylie à la frontière tunisienne. La tribu des Beni Amrane, à laquelle appartient la famille des Abbas-Mekki, possédait l’essentiel de la plaine de Tassoust à l’est de Jijel, c’était une fraction importante du arch des Bouhamdoune. Aujourd’hui, Bouafroune est dans la commune montagneuse d’Oudjana de la wilaya de Jijel, sur les hauteurs de Taher, en contrebas des montagnes de Texenna et Beni Afer.
A la naissance de Ferhat, le père Saïd (Ben Ahmed) était déjà Caïd de Chahna et Beni Siar (commune mixte de Taher) depuis 9 ans. Il sera Chevalier de la légion d’honneur depuis le 6 juillet 1918 sur proposition du ministre de la guerre « après avoir accepté de faire partie de la mission algérienne envoyée au grand Cherif de la Mecque le 10 mai 1918 », officier en 1927 après avoir « obtenu un nombre notable d’engagements dans l’armée et aux travailleurs coloniaux », comme le montre son dossier d’archives au ministère de la guerre. Saïd Abbas sera hissé au grade d’Agha honoraire le 23 juillet 1929, après 46 ans de loyaux services, et décoré du grade de Commandeur de la légion d’honneur le 8 mai 1931. On peut lire sur le brevet de sa légion d’honneur une recommandation spéciale du préfet de Constantine : « Son élévation au grade de commandeur de la légion d’honneur serait pour ce vieux et loyal serviteur de la France, la suprême récompense », constat suivi d’un écrit à la main: « Avis particulièrement favorable, mérite exceptionnel, personnalité indigène de premier plan, d’un loyalisme exemplaire ».
La famille de Saïd Abbas Mekki, avec ses 10 enfants dont Ferhat est le cadet, ainsi adossée à l’administration coloniale, ne connaissait ni affres de la misère indigène, ni crainte pour l’avenir des enfants. Elle avait choisi son camp, choix qui dénotera singulièrement sur l’imaginaire du jeune Ferhat Abbas qui durant toute sa jeunesse et une partie de son âge adulte revendiquera et se battra légalement pour le statut de Français à part entière. Il sera particulièrement aveuglé sur l’existence du peuple algérien qu’il refusera de voir et qu’il cherchera en vain « même dans les cimetières. »
Enfant, Ferhat fréquentera néanmoins par atavisme, comme tous les gamins de son époque, l’école coranique et apprendra ses premiers versets à la mosquée de son lieu de naissance. Mais le père, qui voulait doter ses enfants de l’instruction qui leur permettrait d’être les égaux des français, disait : « Le seul héritage que je veux vous léguer et que personne ne pourra vous enlever, c’est l’instruction.» La religion était le passé et la science c’était l’avenir. Ferhat rejoindra l’école primaire indigène franco-musulmane de Taher.
Egalité, fraternité, sans liberté
Très doué, assidu et bien organisé, Ferhat, enfant d’une famille de dix, recevra une éducation française sous la surveillance de son fonctionnaire de père. Il sera progressivement éloigné de la société indigène qu’il décrira dans son livre « Le jeune algérien » avec une grande distance, prenant l’image de sa grand-mère pour illustrer cette société misérable en déshérence comme un lointain cauchemar à oublier : « Là-bas, dans un douar lointain, dans une chaumière de bois, près d’un kanoun enfumé, sommeille ma grand-mère, son chapelet à la main. Cent ans de souvenirs, de labeur et de misère pèsent sur ce corps usé, ratatiné et flétri. Des marmots barbouillés de terre l’accablent de leur tendresse ; plus loin dans d’autres chaumières, les hommes rentrent pieds nus, pouilleux et misérables. Un lien irréductible m’unissait à ces êtres simples qui m’aiment et que j’aime : leur sang est mon sang. »
En parlant de ce monde misérable, qu’il disqualifiait dans ses écrits, il utilisait le passé comme pour marquer la nécessaire rupture avec cet univers qui n’est plus le sien et auquel seul le sang le lie. Il exprimera son admiration enfantine pour la force, la puissance et la discipline de l’ordre français dans de nombreux écrits, notamment dans cet autre article : « L’un des souvenirs de mon enfance a été la rentrée de la collecte des impôts. A l’époque où j’allais à l’école coranique, sans chaussures, une chemise et une gandoura sur le dos, semblable à tous les enfants du douar, l’une de mes grandes joies était de voir venir tous les ans, à la mi-septembre, le khasnadji escorté des cavaliers de la commune mixte pour ramasser les impôts. Ils demeuraient chez nous une dizaine de jours, et c’était une distinction de voir ces Français et tout ce monde. »
Ajoutant dans sa description la scène de torture à laquelle étaient soumis les paysans qui ne pouvaient payer leurs impôts : « Il y avait aussi un autre spectacle, de douleur celui-là, sur lequel mes yeux d’enfant se sont ouverts : les pauvres paysans qui ne pouvaient pas s’acquitter de leur contribution étaient quelquefois exposés au soleil, la tête nue et les bras derrière le dos… Il m’est arrivé de voler de l’argent à ma mère pour libérer ces prisonniers qui ne manquaient parfois que de deux ou trois francs. Cela m’attristait et me rendait malheureux.»
Est-ce de cette enfance de fils de caïd spectateur des exactions de l’administration coloniale que s’est constitué son besoin de lutter pour l’égalité, voire la fraternité avec les Français, dont la civilisation est tant idéalisée par ses écrits de jeunesse ? Sans doute ! Il combattra sa vie durant, avec les armes juridiques et politiques que lui offrait la loi inique coloniale contre l’injustice pour l’égalité et la fraternité ! Mais il ne sera convaincu de l’impossibilité de la liberté dans l’ordre colonial qu’après des décennies de désillusions.
Sergent français en 1924
Il grandira dans le rejet du monde indigène misérable, rejet qui se décline en une négation des siens et aspirera de toute son énergie à être un égal du citoyen français en droits.
Bon élève, il bénéficiera d’une bourse et entrera en 1914 au lycée Luciani de Skikda, où il fera d’un trait ses études secondaires. Il dira dans un de ses articles tout son respect au livre et toute son admiration à la Révolution française : « Nos livres représentent la France comme le symbole de la liberté. A l’école, on oubliait les blessures de la rue et la misère des douars pour chevaucher avec les révolutionnaires français… les grandes routes de l’histoire. » Reçu au baccalauréat, il est convoqué sous les drapeaux et accomplit son service militaire de 1921 à 1924. La durée était de trois ans pour les indigènes contre dix-huit mois pour les Européens d’Algérie. Il ne sera pas discriminé et en tant que Français, il terminera comme sergent, grade hors de portée des indigènes de l’époque. Il sera employé en tant que civil secrétaire de gestionnaire à l’hôpital de Constantine, puis à Jijel. Durant son séjour à Constantine, il se cultivera à grande vitesse avalant de nombreux livres, les écrits des classiques de la littérature française.
Malgré son éloignement de la société indigène, il la traversait et la voyait, elle frappait sa conscience encore en formation. La misère, l’ignorance, les maladies, et l’opprobre colonial l’interpellaient. Ils se sédimentaient dans sa conscience de jeune attiré comme un papillon par les lumières françaises, au propre comme au figuré. Malgré cet attrait irrésistible, il ne pouvait être insensible à l’injustice subie par les siens. Les valeurs de la Révolution française, symbole du triomphe de la liberté et du progrès pour l’être humain, n’étaient visiblement pas faites pour les indigènes dont l’indicible quotidien était insupportable à voir ni à accepter. Ces lectures des classiques français forgeront les bases de son auto- éducation politique et de son humanisme futur. En dépit de son appartenance sociale aisée, il sera de plus en plus sensible à l’injustice subie par les indigènes. Ce viatique intellectuel constituera le ferment de sa lente mais progressive rupture avec les règles du système colonial. Le jour où il découvrit enfin l’existence de sa vraie patrie, il répondit à son appel.
Kamel Abencerage, étudiant en pharmacie
Après la quille militaire en 1924, l’université d’Alger lui ouvrit ses portes pour de longues études en pharmacie. Il s’immergea dans les milieux intellectuels français qu’il voulait considérer comme sien. Il savait le prix de l’effort pour s’y intégrer. Il fallait être bien supérieur à la moyenne pour y être admis. Son extraction indigène ne lui facilitait pas les choses, il fallait se cultiver vite et bien. Parallèlement aux études pharmaceutiques, il suivait des cours de littérature auprès du professeur Felix Gautier et des cours de philosophie et d’histoire en tant qu’auditeur libre dans la même université. Conscient qu’il lui fallait aussi le poids politique du nombre pour être représentant d’un courant revendicatif légal, il devint rapidement le porteur du courant assimilationniste dont la revendication principale était l’égalité de l’indigène et du citoyen français. Il fut naturellement élu vice-président en 1926-1927 de l’Amicale des étudiants d’Afrique du Nord dont il devint le promoteur avant d’en prendre la présidence en 1927. Houria Ameur, première étudiante musulmane fit son entrée au conseil d’administration de l’Amicale sur proposition de Ferhat Abbas. Responsabiliser la femme était un signe de la maturité politique de ce dernier et de la cohérence de sa pensée.
Durant cette période, il fonda une revue estudiantine illustrée (Tilmid) et organisa des visites de groupes de l’Amicale à travers tout le pays. Ferhat Abbas publia aussi, en 1926- 1927, dans l’hebdomadaire Ettakadoum une série d’articles. Ce tremplin lui ouvrit l’audience des journaux et des revues à l’extérieur du milieu universitaire où il écrivait sous le pseudonyme de Kamel Abencerage (Kamel, en référence au dirigeant turc Mustafa Kemal Atatürk et Abencerage, nom de la dernière dynastie maure d’Andalousie). Dans le courant de la même année, il fit évoluer l’amicale des étudiants en association pour investir le Mouvement de la Jeunesse Algérienne, militant pour l’égalité des droits entre Algériens et Français dans le cadre de la souveraineté française.
En 1930, l’administration française fête un siècle de colonisation. C’est le triomphe du capitalisme agraire français et la fin des insurrections de la paysannerie algérienne écrasée, réduite en masse mendiante, sans guide et sans élite. En publiant son livre « Le jeune algérien » juste après cette kermesse coloniale, Ferhat Abbas donna à son époque une filiation moderniste et s’affirma comme guide d’une future élite algérienne. Le principal message de ce livre était l’exigence de l’égalité entre citoyens vivant sur la terre d’Algérie.
« La France c’est moi »
Fraichement reçu docteur en pharmacie, il s’installa en 1933 à Sétif. Son officine devint rapidement un forum des idées politiques toutes tendances confondues et son charisme l’imposa comme figure politique régionale incontournable. Dés 1934, il s’affirme comme leader, meneur de foules, en organisant une marche populaire à Sétif pour dénoncer avec courage l’occupation de la Libye par les troupes de Mussolini. Il est élu conseiller municipal à Sétif en 1935, puis conseiller général de Constantine, le chef lieu du Département. Il adhère à la Fédération des élus musulmans du Nord constantinois présidée par le docteur Bendjelloul et devient son porte-parole. Il donnera une autre âme à son journal « L’Entente », dans lequel il publia le controversé article «La France c’est moi », écrivant : « Je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas… J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les vivants et les morts, j’ai visité les cimetières, personne ne m’en a parlé. On ne bâtit pas sur du vent, nous avons une fois pour toutes écarté les nuées et les chimères pour lier définitivement notre avenir avec celui de l’œuvre de ce pays… Personne d’ailleurs ne croit à notre émancipation politique. Dans l’émancipation des indigènes, il n’y a pas d’Algérie française durable.»
Avec cette position, pour le moins sans équivoque, il dessine son domaine de définition politique en se déclarant ouvertement partisan de l’assimilation de « l’élément indigène dans la société française », demandant notamment la suppression du code de l’indigénat. La dernière phrase « dans l’émancipation des indigènes, il n’y a pas d’Algérie française durable », qui en soi est tout un programme, sera progressivement occultée par ses adversaires politiques qui l’attaquent violemment. Dans le cadre du Congrès musulman, il participe, avec les élus et aux côtés des oulémas et des communistes, à l’élaboration d’une «Charte revendicative du peuple algérien», dont la revendication essentielle était la mise en œuvre du projet Blum-Violette relatif à l’émancipation des Algériens musulmans dans le cadre des lois de la République française.
Les premiers pas politiques
En 1938, il fonde son propre parti, l’Union Populaire Algérienne, dont le programme est construit sur l’idée d’égalité des droits des Algériens et des Français dans le cadre constitutionnel français. Sa tribune politique sera le journal « L’Entente », organe de la Fédération des élus des musulmans du département de Constantine. La France était sous le régime de Vichy, et les gouvernements successifs de la 3ème République ne voulaient aucun changement dans les colonies. Cet immobilisme confortera l’opposition des représentants des Européens d’Algérie dans leur refus de toute remise en cause du statut des « indigènes ». Abbas se voit fermer toutes les portes, les colons mettent un terme à ses espoirs d’égalité dans le cadre de la souveraineté française. Le déclenchement de la Seconde guerre mondiale en 1939, amènera Ferhat Abbas à s’engager dans la lutte antifasciste et à geler les activités de l’UPA. Le 10 avril 1941, il adresse un mémorandum au Marechal Pétain connu sous le titre de « Rapport au maréchal Pétain» dans lequel il dénonce la condition de ses coreligionnaires et la mise à l’écart de leurs élites. L’armée des Alliés débarque à Alger en novembre 1942. Ferhat Abbas prend contact avec Robert Murphy, le représentant du président américain Roosevelt, pour exposer la question coloniale. Le 20 décembre 1942, il lui remet un mémoire connu sous le titre «Message aux autorités alliées» dans lequel il revendique l’affranchissement politique des Algériens musulmans, un nouveau statut abolissant le système colonial et la tenue d’une conférence permettant aux représentants de toutes les organisations musulmanes de définir cette vision politique. L’administration coloniale et le général de Gaule dans la métropole voient d’un très mauvais œil cette initiative, cette atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie, « ce coup de poignard dans le dos ». Il sera puni deux ans plus tard. L’administration coloniale avait la rancune tenace.
Les Amis du Manifeste et de la Liberté
L’année suivante, il rédigea, en compagnie de l’avocat Me Boumendjel, le Manifeste du peuple algérien publié le 10 février 1943, dans lequel il fait le bilan de 112 années de colonisation et il demande « l’application du principe d’autodétermination et la mise en place d’un Etat algérien autonome ». Par cette tonalité nouvelle, le discours de Ferhat Abbas opère un tournant décisif dans ses positions politiques. Ce texte est suivi en mai 1943, d’un autre document appelé «L’additif» qui, au grand dam des autorités coloniales, est approuvé et signé par des élus représentant l’administration. Dans le but de faire connaître Le Manifeste, Ferhat Abbas crée le journal L’Egalité. L’additif est un projet de réformes dans lequel il avance l’idée de la « souveraineté de la nation algérienne ». Le projet est alors soumis à la Commission des réformes économiques et sociales musulmanes tout juste créée par le gouverneur général de l’Algérie française, Marcel Peyrouton. Le général de Gaule, chef du Comité français de la libération nationale, assigne Ferhat Abbas à résidence à Tabelbala (In Salah) de septembre à décembre 1943 après que le général Georges Catroux ait bloqué le projet et rejeté les initiatives prises par Ferhat Abbas. Dans le décret du 7 mars 1944, le général de Gaulle permet l’accession de dizaines de milliers de musulmans à la citoyenneté française, et constitue des assemblées locales comptant deux cinquièmes d’élus indigènes. Encouragés par cette réponse du général de Gaule, les nationalistes forment le 14 mars 1944, à Sétif, à l’initiative de Ferhat Abbas l’association des Amis du Manifeste de la Liberté (AML). Le peuple algérien que Ferhat Abbas n’avait pas encore rencontré à l’époque où il rédigea sa lettre « La France c’est moi », fait son apparition dans sa rhétorique politique, traduisant un revirement radical dans sa pensée et sa pratique politique. Les statuts de ce mouvement expriment ouvertement la revendication de la reconnaissance de l’identité algérienne et de l’indépendance de l’Algérie.
La répression du 8 mai 1945
Les manifestations populaires inédites du 8 mai 1945 dans les Hauts Plateaux du Sétifois, seront un coup d’accélérateur dans le combat politique de Ferhat Abbas qui changera de nature sous les coups de boutoir de la répression aveugle de l’armée française. Après les émeutes, l’AML est dissoute et Ferhat Abbas accusé d’être parmi les instigateurs du mouvement insurrectionnel est arrêté et condamné à un an de prison. Libérés en 1946, Ferhat Abbas et Chérif Saâdane, son compagnon de cellule, fondent au mois de mai l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). Ferhat Abbas lance un texte « Mon Testament politique» où il appelle la jeunesse française et la jeunesse algérienne à prendre conscience d’une cohabitation dans l’egalité. Il y évoque le devenir de l’Algérie et la sortie du système colonial inique. Cet appel est porteur de toute la doctrine de l’UDMA nouvellement créée. En juin, le parti obtient onze des treize sièges du deuxième collège à la seconde Assemblée constituante et Ferhat Abbas est élu député de Sétif. Ce parti regroupe les notables nationalistes algériens modérés qui maintiennent le principe d’une collaboration avec la France en vue d’aboutir à la création d’un Etat algérien. Début août 1946, il participe à l’intergroupe des députés d’Outre-mer avec, entre autres Senghor, Reseta et Gueye, dans le cadre de ce groupe parlementaire, il rencontre Ho Chi Minh à Paris.
Légaliste jusqu’au bout, il ancre son combat pacifique contre le système colonial à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Il fera avancer l’idée de « La République algérienne », où Français et indigènes cohabiteraient dans le cadre des lois françaises. Il dira dans une célèbre allocution s’adressant aux décideurs français : « Nous autres primitifs avons eu la patience de vous écouter, ayez la générosité de nous entendre ». On ne l’a pas entendu ! Son projet sur le statut de l’Algérie est rejeté par deux fois. Il démissionnera de l’Assemblée en 1947, avec tous les élus UDMA.
1947, les dernières illusions francophiles
Ferhat Abbas n’avait plus d’illusion, même si son extraction bourgeoise le retenait encore dans l’élitisme et le combat entriste. Il durcira sa ligne politique, ce qui se traduira dans la ligne éditoriale de son journal hebdomadaire « l’Egalité », qui devient « Egalité , République Algérienne » en février 1948, puis devant l’égalité impossible dans le cadre colonial, Ferhat Abbas s’engage résolument pour « République Algérienne » comme titre pour son journal. C’était tout un symbole ! Lui qui a lutté pour l’égalité depuis sa prime jeunesse, arriver à évacuer ce mot de son blason politique était un véritable tournant, une rupture assumée avec le régime colonial. Ferhat Abbas ne se fait plus d’illusions. Les autres forces du mouvement national, avançaient vers l’indépendance. La répression et les assassinats de masse du 8 mai 1945 furent décisifs dans la prise de conscience nationale que désormais pour vivre il fallait mourir. C’était le temps du credo « Vaincre ou Mourir » ! On ne pouvait plus concevoir une cohabitation dans la férocité du système colonial déshumanisé. Le débat au sein des élites s’engageait progressivement dans la réflexion sur l’indépendance et les moyens de la réaliser. A partir de 1948, la décantation s’opérait dans le mouvement national, l’idée d’indépendance lancée par les initiateurs de l’Etoile nord-africaine (ENA) dans les années 20 s’imposait comme l’ultime voie de renaissance pour le peuple algérien enseveli sous les décombres du système colonial esclavagiste.
1948, la fraude électorale de Naegelen
Le système colonial était verrouillé. Le négationnisme était son idéologie et l’exclusion sa pratique. Aucune réforme émanant de l’intelligentsia musulmane n’était acceptable, même celle prônant l’assimilation. Ferhat Abbas finira par le comprendre, s’étant battu légalement à tous les échelons du système, conseil municipal, conseil départemental, assemblée nationale… La nouvelle Assemblée nationale adopte en novembre 1947, le nouveau statut de l’Algérie, accepté par les Européens mais rejeté par les nationalistes. Les anciennes délégations financières se reconstituent en Assemblée algérienne élue par deux collèges électoraux ayant un seul acquis : l’autonomie financière. Au printemps 1948, ont lieu les premières élections pour désigner les membres de l’Assemblée algérienne. Le gouverneur général Naegelen organise une « fraude scientifique » en faisant élire un maximum de candidats acquis à l’administration dans le collège musulman. Les nationalistes dénoncent ces manœuvres, mais la fraude à la Naegelen fera école jusqu’en 1954. Les autorités coloniales ferment l’œil et n’offrent aucune ouverture. Dès lors, les nationalistes algériens durcissent leur discours, et Ferhat Abbas réclame l’indépendance au début des années cinquante. Cette surdité naturelle du régime colonial, ce rejet systématique de ses avances, poussent Ferhat Abbas à se rapprocher des courants indépendantistes animés par le PPA-MTLD. Le premier rapprochement entre les nationalistes eut lieu durant l’été 1948. Les élites de l’UDMA, du MTLD, du PCA et des Ulémas constituent, en août 1951, un Front algérien pour la défense et le respect de la liberté. Ferhat Abbas jouera un rôle clé dans le consensus inter-partisan concrétisé par ce nouveau front des libertés. Le FADRL tiendra une année. Les luttes intestines du MTLD vont miner le projet. Deux tendances du principal mouvement nationaliste, s’y affrontent, celle des partisans du vieux leader Messali Hadj, qui veut créer un rapport de force avec des actions de masse et celle du comité central du parti, légaliste, qui refuse cette voie née du culte du chef.
Ferhat Abbas et le 1er Novembre 1954
Dés l’année 1952, les événements s’accélèrent dans le mouvement national. Le temps de maturation a duré trois décennies. Les illusions de l’assimilation, de l’égalité citoyenne, portées par l’UDMA, le louvoiement des Oulémas musulmans qui voulaient « Rester sous l’aile protectrice de le France autant que faire se peut », lelégalisme des « centralistes » ont donné dans le mur de la colonie européenne intransigeante. Au sein du Front algérien de défense et de respect des libertés démocratiques (F.A.D.R.L.) activent les militants structurés dans l’Organisation secrète (O.S.). Ils fondent rapidement un Comité révolutionnaire d’unité et d’action (C.R.U.A.) et préparent les actions armées du premier novembre 1954, qu’ils revendiqueront le jour venu au nom du Front de libération nationale (F.L.N.). Le légalisme a fait ses jours. Il faut aller vers la lutte armée et obtenir l’indépendance. Le déclenchement de l’insurrection en novembre 1954 aiguise les contradictions et modifie profondément la situation. De nouveaux rapports de force s’installent. Le mouvement national se retisse. La réaction française au coup d’éclat des « enfants de la Toussaint » fut rapide. « C’est une affaire de petits bandits et de terroristes », soutiendra le gouvernement français comme ligne officielle, un problème d’ordre public, avant de mettre sur le dos de « l’ennemi extérieur » l’initiative du déclenchement de l’insurrection armée du FLN. Le peuple qui soutient ces révolutionnaires subira une répression innommable. Le socialiste François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur, affirme que « l’Algérie, c’est la France » ! Il envoie des troupes « pour maintenir l’ordre« . Plus de place à une solution négociée, à force d’avoir verrouillé le dialogue et fermer les portes, il n’y a plus d’interlocuteurs. Même les légalistes, les assimilationnistes, les pro-français regardent du coté du FLN. Sous la houlette de Ferhat Abbas, les militants de l’UDMA voteront à l’unanimité le soutien au FLN dés 2 novembre 1954, à la suite d’une réunion tenue dans le local du journal ‘’La république Algérienne ». Ferhat Abbas mettra les moyens humains et logistiques de l’UDMA au service du FLN. En attendant l’évolution de la situation sur le terrain. Des années plus tard la majorité de ces militants nationalistes, revenus des illusions du légalisme rejoindront le FLN.
L’empreinte de Abane Ramdane
Ferhat Abbas reçoit chez lui à Sétif, en mai 1955, Abane Ramdane et Amar Ouamrane, qui le persuadent de rejoindre le FLN. Abane lui laisse le choix de l’utilité et de l’urgence. Abbas renforcera alors la délégation extérieure. Puis lors d’une conférence de presse tenue dans la capitale égyptienne le 25 avril 1956, il annonce publiquement son ralliement au FLN.
Emprisonné en tant que chef de l’OS, Abane est libéré de prison au début de 1955. Il est tout de suite requis par Krim et Ouamrane. On lui dit: « Le FLN a besoin de toi ». Abane va s’attacher à changer la nature du Front de libération nationale. Il était persuadé que la guerre allait se gagner sur le terrain de l’opinion, il fallait mobiliser l’opinion populaire, et surtout l’opinion influente. Il pense au tribun Ferhat Abbas, homme de consensus et d’expérience rodé dans les rouages politiques des instances coloniales. Il prend contact avec les tendances historiques du nationalisme algérien (UDMA, Oulémas, PCA, Centralistes, etc, avant de mettre en place les fondements doctrinaux, les structures organiques du FLN et les liens avec les bases sociales. Il décide des règles de recrutement au sein du FLN. Tous les partis devaient se dissoudre dans le FLN, les militants rejoindront le Front à titre individuel. Il était sans doute le seul à avoir fait une lecture dynamique et pertinente de la Proclamation du 1er Novembre et il décida de la mettre en pratique. Il donnera progressivement une identité au FLN après l’étincelle de Zighoud Youcef le 20 août 1955 relançant l’action armée populaire. La consécration de tout cet effort d’implication de toutes les énergies du mouvement national dans la guerre fut le Congrès de la Soummam du 20 aoûtt 1956. Une plateforme de 32 chapitres est rédigée, où un projet de société est élaboré : on fait la guerre pour l’indépendance et le changement social total du pays. Le congrès sortira avec une transformation totale du FLN, avec des organes de direction: le Conseil National de la Révolution Algérienne(CNRA) de 34 membres (17 suppléants) et le Comité de Coordination et d’Exécution (CCE) de cinq membres, comme nouvelle direction du FLN à la place de la direction originelle des six membres fondateurs.
Aucune cohabitation n’était encore possible avec le système colonial déshumanisé qui redouble de férocité et dont la machine répressive broie le peuple algérien. Le débat au sein des élites nationalistes était tranché, une lame de fond les porte vers l’indépendance et la réflexion sur les voies et moyens de la réaliser. Après le soulèvement de Constantine conduit par Zighoud Youcef le 20 aout 1955, la guérilla de l’ALN s’intensifie de plus en plus. Dans la même année, les autorités coloniales tentent, avec le gouverneur général Jacques Soustelle, des réformes timides, mais qui ne dénoncent pas l’ancienne politique d’assimilation. Les Européens d’Algérie se braquent et les refusent. Jacques Soustelle essaiera de tracer une alternative locale au FLN dite « La troisième voie ». Il entreprend une série de consultations auxquelles prendront part des représentants de l’UDMA, un avocat proche de Messali Hadj, un ancien membre du Comité central du MTLD et un vice-président de l’association des Oulémas. L’UDMA initie la mention célèbre dite des «61» réclamant les négociations directes avec le FLN. En France, le gouvernement de Guy Mollet reconnaît « la personnalité algérienne » dans un premier temps. Il ouvre même des négociations informelles avec le FLN qui s’avéreront n’être qu’une diversion. La France donnera la priorité à l’action militaire devant la montée en puissance de l’Armée de libération nationale (ALN) algérienne.
Premier président du GPRA
Le 24 février 1956, l’UDMA cède son local d’Alger (place Lavigerie) à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), nouvellement créée par le FLN en réponse à la création le 14 février de l’USTA par les messalistes. L’UDMA choisit publiquement son camp. Ferhat Abbas rejoint le FLN en avril 1956. Quelques jours plus tard, il annonce la dissolution de l’UDMA. Son ralliement, en tant que guide charismatique des élites bourgeoises culturellement liées à la France, est un succès politique important pour le FLN. Dès le 20 août 1956, à l’issue du Congrès de la Soummam, Ferhat Abbas devient membre titulaire du Conseil national de la révolution algérienne (1er CNRA), puis entre au Comité de coordination et d’exécution (CCE) lors du congrès du deuxième CNRA en 1957. Homme de consensus et fédérateur des énergies potentielles algériennes, Ferhat Abbas est désigné premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) lors de sa création le 19 septembre 1958. Son charisme et son poids politique étaient un gage de sérieux : ils faisaient de cette désignation un signe en direction de la communauté internationale, notamment des Américains et des Soviétiques, mais surtout de la France, en vue d’éventuelles négociations. Ferhat Abbas présidera les deux premiers gouvernements provisoires. A la tête du GPRA, il impulsera une bataille diplomatique et un combat multidimensionnel pour gagner l’opinion nationale et internationale. Il réussira à conduire les changements de socle du FLN, les principales mutations qui mèneront à la négociation et aux accords d’Evian. En août 1961, considéré comme n’étant pas assez ferme face au gouvernement français, il est contraint de démissionner du GPRA. Il sera remplacé par Benyoucef Benkhedda. En mai 1962, il publie « La nuit coloniale », ouvrage déconstruisant les ressorts de l’ordre colonial et son combat politique de l’intérieur du système contre le faisceau des lois esclavagistes résumé par le code de l’indigénat.
Ferhat Abbas et l’indépendance
À l’indépendance de l’Algérie, une grave rivalité fratricide (dite crise de l’été 62) opposera le GPRA de Benkhedda et l’Etat-major général du colonel Boumediene auquel s’adosse le groupe de Tlemcen conduit par Benbella. Ferhat Abbas, contre toute attente rallie le 16 juillet 1962 les partisans d’Ahmed Ben Bella tout en désapprouvant le principe de parti unique. L’ancien légaliste, aimanté par le groupe de Tlemcen. A-t-il cédé à la pulsion de revanche ? s’est il vengé de Benkhedda et des légitimistes du FLN qui l’avaient écarté du GPRA ? Dans une déclaration au journal Le Monde, il justifie sa démarche putschiste : « La destitution de l’Etat-major est inopportune. Elle a rendu public un conflit interne au moment où nous avons besoin de clarifier toutes les situations pour rentrer unis au pays… Nous n’avons pas de militaires mais seulement des militants en uniforme qui demain formeront les meilleurs cadres politiques du FLN, les meilleurs artisans de la construction et le plus fort instrument de notre réunion.»
Succédant à Abderrahmane Farès comme président de l’exécutif provisoire, Ferhat Abbas est élu, au mois de septembre 1962, premier président de l’Assemblée constituante de l’Algérie indépendante faisant fonction de chef de l’État à titre provisoire. Le 25 septembre 1962, il proclame la naissance de la République algérienne démocratique et populaire.
Conscient que le groupe de Tlemcen l’utilisait comme enjoliveur organique, il démissionnera le 13 août 1963. Il adressera une lettre aux députés où il explicitera les raisons de sa démission et son profond désaccord avec le projet de constitution établi par le Bureau politique en symbiose avec le gouvernement. Sa dénonciation de la concentration des pouvoirs et de ses auteurs, qu’il accuse d’«aventurisme et de gauchisme effrénés», lui vaudra d’être exclu du FLN et emprisonné à Adrar. Il ne sera libéré que quelques jours avant le coup d’Etat du 19 juin 1965 réussi par le colonel Boumediene. Comme à son habitude, Ferhat Abbas capitalise par écrit les événements vécus. Après sa sortie de prison à la mi juin 65, il entreprend la rédaction de deux ouvrages : L’Autopsie d’une guerre et L’Indépendance confisquée.
Contre la Charte Nationale
Le « groupe des quatre » composé d’anciens nationalistes retirés de la vie politique, de Benyoucef Benkhedda, de Hocine Lahouel, anciens du PPA-MTLD, de Mohamed Kherredine, ancien chef des Oulémas musulmans et de Ferhat Abbas, ancien de l’UDMA puis du FLN, considéré par le pouvoir de l’époque comme l’instigateur et le coordinateur, dénoncera en mars 1976, dans une lettre adressé au peuple algérien, le despotisme et l’autoritarisme du régime, fustigeant le « pouvoir personnel » et rejetant la Charte nationale élaborée et imposée par Boumediène. Le groupe des quatre, exigera dans son document public des mesures urgentes de démocratisation et de politique sociale. Ferhat Abbas fut encore une fois assigné à résidence surveillée durant quatre ans. L’assignation sera levé avec l’avènement du président Chadli Benjeddid au début des années 80. Il sera même décoré de la Médaille de résistant le 30 octobre 1984. Il mourra le 24 décembre 1985 rongé par une maladie chronique contractée durant son premier emprisonnement à In Salah, et sera enterré au carré des martyrs à El Alia, à la périphérie de la capitale.
Qui est la femme de Ferhat Abbas ?
Marcelle Stœtzel, de parents alsaciens est née en Algérie à Bouinan en 1909. Elle fut arrêtée et emprisonnée après les événements du 8 mai 1945, dans le sillage de Ferhat Abbas. Dans son livre « Les présidents Algériens », Badr-Eddine El Mili écrit : « Ferhat Abbas marié avec Marcelle Stœtzel, de parents alsaciens, née en 1909 à Bouinan. C’est dans l’appartement de cette dernière, rue Sigolène à Sétif, que Ferhat Abbas rédigea le Manifeste du peuple algérien avec son ami, le pharmacien Mohammed El Hadi Djemam. Arrêtée le 8 mai 1945, Marcelle Stœtzel fut emprisonnée successivement à El Harrach, à Akbou et à Relizane. A sa libération, en mars 1946, elle convola avec Ferhat Abbas au cours d’une cérémonie religieuse présidée par Cheikh Mohammed Bachir El Ibrahimi, à Kouba, en présence d’Ahmed Francis.» (Déclaration de Nassim Abbas, neveu de Ferhat Abbas, cité par Saoudi Abdelaaziz dans le quotidien Le soir d’Algérie)
Ouvrages de Ferhat Abbas
-Le Jeune Algérien, éditions La Jeune Parque, Paris, 1931.
-Le Manifeste du peuple algérien, éditions Libération, Alger, 1943.
-J’accuse l’Europe, éditions Libération, Alger, 1944.
-La nuit coloniale, éditions René Julliard Paris, 1962.
-Autopsie d’une guerre, l’Aurore, éditions Garnier, Paris, 1980.
-L’indépendance confisquée, éditions Flammarion, Paris, 1984
-Le jour se lèvera (livre paru à titre posthume). Alger-Livres, 2010
https://www.algeriemondeinfos.com/2018/12/20/portrait-ferhat-abbas-pharmacien-de-patrie-retrouvee-2eme-partie-rachid-oulebsir/
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