En 1960 je faisais mon service militaire en Algérie. L'armée française avait décidé que les autochtones devaient avoir une carte d'identité française pour mieux contrôler leurs déplacement dans les villages de regroupement. Comme il n'avait pas de photographe civile, on me demande de photographier tout les gens des villages avoisinants : Ain Terzine, Bordj Ekliriss, le Merdour, le Meghnine, Souk el Khmeris.
J'ai ainsi photographié prés de 2000 personnes, en grande majorité des femmes, à la cadence de 200 par jour.
Dans chaque village, les populations étaient convoquées par le chef de poste. C'est le visage des femmes qui m'a beaucoup impressionné.
Elles n'avaient pas le choix. Elles étaient dans l'obligation de se dévoiler et de se laisser photographier. Elles devaient s'asseoir sur un tabouret, en plein air, devant le mur blanc d'une mechta.
J'ai reçu le regard a bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente.
Je veut leurs rendre témoignage..
Marc Garanger
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