Comme beaucoup d'étudiants à mon époque j'ai connu le sort de Maurice Audin dès 1958, quelques mois seulement après sa disparition sous la torture pratiqué par des centurions de l'armée française, rappelant le sort des héros de la résistance sous l'occupation nazie. Il aura fallu attendre plus de 60 ans avant que le jeune président de la République Emmanuel Macron au nom de la France reconnaisse sa culpabilité dans l'élimination de ce jeune militant pour l'indépendance de l'Algérie. Le geste et la lettre du président de la République à Madame Maurice Audin a été comparé à juste titre à celui de Jacques Chirac à propos de la culpabilité des français de la collaboration sous le régime de Pétain dans la rafle du Vel d'Hiv des juifs des 16 et 17 juillet 1942. Maurice Audin mérite que la mémoire de son nom laisse une trace dans les rues de Paris sur une ligne d'autobus à proximité de l'hôtel des Invalides comme pour le général de Bollardière, grand résistant, compagnon de la Libération qui demanda à être relevé de son commandement en Algérie pour ne pas avoir à cautionner les pratiques de la torture. Mais là ne doit pas s'arrêter le regard de l'histoire sur la guerre d'Algérie et de ses victimes. Comment expliquer le silence de la France d’aujourd’hui sur le sort des appelés du contingent qui au nombre de 1.3 million furent envoyés de 1956 à 1962 combattre la rébellion Algérienne et y laissèrent plus de 15.000 d'entre- eux morts au combat.
Ces jeunes hommes de 20 ans dont l'enfance avait connu l'occupation Allemande n'étaient pas concernés par le sort des pieds noirs descendant des colonisateurs de l'Algérie et qui revendiquaient la propriété de cette terre étrangère au nom de la France. A eux de trouver un modus vivendi avec le peuple algérien revendiquant sa souveraineté sur l'Algérie, leur pays. Ces jeunes soldats dans leur majorité en débarquant venant de Marseille et de Port-Vendres dans les ports algériens ne connaissaient de ce peuple que le souvenir populaire des tirailleurs algériens qui avaient combattu sur le mont Cassino durant la campagne d'Italie en 1944 aux cotés des soldats de la France libre. Les hommes du contingent, la troupe, mobilisés dans la guerre d'Algérie souvent plus de 2 ans y connurent les affres de cette guerre coloniale à laquelle ils n'étaient pas préparés et qui ne relevait pas de leur devoir de défendre la patrie.
Il est temps que les derniers vétérans de cette guerre d'Algérie agés de 80 ans et plus, soient entendus aux cotés des historiens, hommes politiques et journalistes commentateurs qui œuvrent pour lever la chape de plomb sur la mémoire enfouie de leur participation forcée à cette guerre coloniale.
Au président Macron de relever ce défi en leur donnant la parole.
Par LOUIS BULIDON 30 SEPT. 2018
https://blogs.mediapart.fr/louis-bulidon/blog/300918/les-oublies-de-la-guerre-dalgerie
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