Il naît en 1926 dans le douar d'El Ksar près de Zahana (ex. Saint Lucien) à 32 km d'Oran.
Il y fit ses études primaires, obtint son certificat d'études et s'inscrit dans un centre de formation professionnelle l’école de formation des métiers de chaudronnerie, électricité et soudure située au sous-sol du marché karguentah (centre ville d'Oran, aujourd'hui [Quand ?] place Zeddour Mohamed Brahim Kacem) où il apprit le métier de soudeur. Il a travaillé à la cimenterie de la Cado à Saint-Lucien1. Par ailleurs, on saura qu’Ahmed Zabana a joué à l’ASM Oran en équipe réserve.
En 1949, Ahmed Zabana adhère au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Son dynamisme ne tarda pas à attirer sur lui l'attention de la police française qui l'arrêta le 2 mars 1950. Il fut condamné par la justice coloniale à trois ans de prison et trois ans d'interdiction de séjour.
Dès sa libération, il reprit ses activités politiques avec autant d'ardeur que par le passé et participa aux préparatifs du déclenchement de la guerre de libération nationale. Dans la nuit du 1er novembre 1954, il organisa avec un groupe d'insurgés l'attaque contre le poste des gardes forestiers d'Oran.
Après la dissolution du Comité Révolutionnaire pour l’Unité et l’Action le 5 juillet 1954, Zabana fut désigné par Larbi Ben M'hidi en tant que responsable de la zone de Saint Lucien (Zahana) Banlieue d'Oran (actuellement Daïra de Zahana), chargé de préparer la Révolution avec tout le nécessaire en munitions et hommes.
En application des ordres reçus, il organisa la réunion de Saint Lucien (Zahana) à laquelle assista le martyr Abdelmalek Ramdane et à l'issue de laquelle Ahmed Zabana se vit attribuer les missions suivantes.
1954 : Ahmed Zabana a tenu une réunion avec son groupe de combattants au cours de laquelle furent réparties les missions et définis les objectifs ainsi que le point de ralliement à Djebel El Gaada : structuration et entraînement des groupes, choix des éléments adéquats aptes au commandement des hommes et inspection des positions stratégiques en vue de choisir les endroits susceptibles de constituer des bases pour la Révolution. Ahmed Zabana réussit ainsi à constituer des groupes à saint Lucien (Zahana), Oran, Ain Témouchent, Hammam Bouhadjar, Hassi el Ghalla, Chaabet, et Sig. Il chargea ces groupes de collecter les cotisations pour l'acquisition d'armes et de munitions. Avec Abdelmalek Ramdane, il dirigea les opérations d'entraînement militaire ainsi que les techniques pour tendre des embuscades, lancer des incursions et fabriquer des bombes. Ghar Boudjelida (grotte de la chauve-souris) qui se trouve à El Gaada dans la banlieue d'Oran était le P.C (poste de commandement) du secteur [réf. nécessaire] de Saint-Lucien au début de la révolution algérienne (Zone 4 Willaya 5 ).
Au cours de la réunion présidée par Larbi Ben M'hidi le 30 octobre 1954, la date du déclenchement de la Révolution, les objectifs à attaquer la veille du premier novembre furent définis avec précision.
1954 : la bataille de Ghar Boudjelida à El Gaada, le 8 novembre 1954 au cours de laquelle Ahmed Zabana fut capturé par les troupes françaises après avoir été atteint de deux balles il fut prisonnier et conduit d'abord à l'école communale d'El Gaada en attendant de l'acheminer vers l'hôpital. L'instituteur pied-noir, Monsieur Casé, montra le blessé et ses compagnons déposés devant la porte du garage de l'école (fondée en 1905) à ses élèves, en leur disant : « voilà ce qui vous arrivera si vous suivez les rebelles ». Ensuite, Ahmed Zabana fut incarcéré à la prison d'Oran le 3 mai 1955, Le 19 juin 1956, il fut transféré vers la prison Barberousse (Serkadji) pour y être guillotiné.
Jugé sommairement et condamné à mort2, il fut le premier condamné depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l'échafaud, dans l'enceinte de la prison de Barberousse, sur les hauteurs d'Alger.
Son exécution ainsi que celle de Ferrade avaient été réclamées par les milieux colonialistes dits « ultra », qui en firent un motif de satisfaction [non neutre]. Mais l'événement provoqua dans l'opinion algérienne un mouvement de colère si puissant qu'il ne tarda pas à se traduire par une série d'actions anticolonialistes. C'est ce climat d'effervescence qui prépara la bataille d'Alger.
La guillotine avec laquelle fut exécuté Ahmed Cabana se trouve au musée central de l'armée3.
Le musée national Ahmed Zabana.
Le musée des Beaux Arts d'Oran, Musée Demaeght du nom de son fondateur, fut renommé « Musée Ahmed Zabana » et comprend une importante collection d'œuvres des peintres de l'École d'Alger et notamment des Prix Abd-el-Tif (1907-1961), la deuxième au monde après le Musée National des Beaux Arts d'Alger (MNBA).
Il est enterré dans le village de sa région natale à Zahana.
Ahmed Zahana, plus connu sous le nom de Zabana, est un indépendantiste algérien ayant participé au déclenchement de la guerre de libération du 1er novembre 1954 dans la région d'Oran. Condamné à mort à la suite de l'assassinat dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954 du garde forestier François Braun, il est le premier indépendantiste algérien guillotiné, le 19 juin 1956, dans la prison de Barberousse à Alger. Considéré en Algérie comme un héros, sa ville natale et plusieurs lieux dans la ville d'Oran ont été renommés à son nom.
Prix Goncourt 2016 du premier roman, Joseph Andras retrace les derniers jours de Fernand Iveton,le seul Européen guillotiné pendant la guerre d’Algérie, qui fut militant communiste.
De nos frères blessés, de Joseph Andras. Éditions Actes Sud, 144 pages, 17 euros. Fernand Iveton n’a tué personne. Il avait tout juste 30 ans lorsqu’il a été torturé et condamné à mort pour avoir posé une bombe dans son usine. Nous sommes à Alger, en 1956. La guerre sans nom a commencé deux ans plus tôt. Français d’Algérie anticolonialiste, délégué CGT, membre du Parti communiste algérien rallié au FLN, il veut alerter l’opinion sans intention de tuer. L’explosif est désamorcé, ne faisant ni dégât ni victime. Fernand Iveton est mort le matin du 11 février 1957, avec deux de ses camarades algériens, après une journée de procès sommaire et une demande de grâce rejetée par le président René Coty et François Mitterrand, alors garde des Sceaux. « Iveton demeure comme un nom maudit (…). On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça », écrivent l’historien Benjamin Stora et le journaliste François Malye dans François Mitterrand et la guerre d’Algérie, cité en exergue.
« Je ne suis pas musulman (…) mais je suis algérien d’origine européenne »
On ne sait presque rien de l’auteur, Joseph Andras, sinon qu’il a 32 ans et vit en Normandie. Premier roman dense au lyrisme tenu, De nos frères blessés est écrit d’un seul souffle, suivant pas à pas les derniers jours d’un condamné qui lit les Misérables dans sa cellule et refuse au pied de l’échafaud le secours de la religion. Libre-penseur jusqu’au bout. Le rythme heurté, les phrases hachées épousent la rapidité de l’action, laissent deviner le cœur battant de Fernand attendant sous la pluie la Panhard bleue de Jacqueline Guerroudj, celle qui va lui remettre la bombe au tic-tac fiévreux. Les mots précis restituent jusqu’à l’odeur de la chair brûlée par les électrodes des tortionnaires. En quelques scènes qui entrecoupent un récit nerveux, l’auteur retrace avec une profonde humanité l’itinéraire d’un homme mort pour ses idées : la douce rencontre au bord de la Marne avec sa femme, Hélène, l’enfance en Algérie dans le quartier du Clos-Salembier, l’engagement à 20 ans, après avoir entendu le récit des violences perpétrées par les colons et les miliciens, « des histoires à ne plus dormir. Des gens brûlés vivants avec de l’essence, les récoltes saccagées, les corps balancés dans les puits ».
Fernand Iveton rêvait d’une Algérie qui « finisse, de gré ou de force, par reconnaître chacun de ses enfants, d’où qu’ils viennent, lui ou ses parents et grands-parents ». Pour dire le lien organique qui le liait à cette terre, Joseph Andras ponctue son texte de phrases calligraphiées en arabe, une langue qu’il tente d’apprendre avec ses amis algériens. « Je ne suis pas musulman (…) mais je suis algérien d’origine européenne », écrit Fernand Iveton dans sa cellule, « ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur ». Une position intenable en temps de guerre. Alors que France-Soir le qualifie de « tueur » et Paris-Presse de « terroriste », seul l’Humanité exige sa libération. « Tu es français, tu as mis une bombe, pour eux c’est impardonnable », lui dit l’avocat Joë Nordmann, résistant, celui qui a remis à Aragon pendant l’Occupation des documents du Parti communiste. « Marianne monnaie sa nuit aux trois couleurs », écrit Joseph Andras. Deux jours après la décapitation, Albert Smadja, l’un des deux avocats commis d’office, sera arrêté et transféré au camp de Lodi afin, comme le précise le livre de la journaliste Nathalie Funès, cité dans les notes finales, de « faire taire ceux qui peuvent dénoncer la répression, entrer en contact avec les militants arrêtés (…) se mettre en travers de l’accusation dans les procès ». L’histoire de Fernand Iveton, mort la même année que Maurice Audin, se heurte à ce que l’historien Jean-Luc Einaudi a nommé « le silence de l’État ». Symbole de la mauvaise conscience des autorités françaises et d’une Justice indigne, elle est restée dans les mémoires grâce à un texte de Jean-Paul Sartre, publié en 1958 dans les Temps modernes et aux témoignages des survivants.
Ce roman puissant s’achève sur un bref poème qui dit, en quelques lignes, la douleur, la colère et l’espoir suscités par le récit d’une vie brève et fracassée. « En nos corps fortifiés / Que vive notre idéal / Et vos sangs entremêlés / Pour que demain, ils n’osent plus / Ils n’osent plus nous assassiner. »
Sophie Joubert
Il faut en finir avec les sous-entendus qui viennent de gauche ou des donneurs de leçon, de savoir si son action était légitime ou pas, peu importe, le peuple algérien était en état de légitime défense. Fernand Iveton n’était ni un terroriste, ni un assassin, c’était un véritable patriote, un combattant de la libération nationale. Pour notre peuple c’était un héros.
En souvenir de notre camarade de combat, voici le poème d’Annie Steiner, héroïne de la guerre de libération, sur l’assassinat de Fernand Iveton :
" Puis le coq a chantéCe matin ils ont osé.Ils ont osé vous assassinerEn nos corps fortifiésQue vive notre idéalEt vos sangs entremêlésPour que demain ils n’osent plusIls n’osent plus nous assassiner."Ce matin ils ont oséIls ont osé vous assassinerC’était un matin clairAussi doux que les autresOù vous aviez envie de vivre et de chanterVivre était votre droitVous l’avez refuséPour que par votre sang d’autres soient libérés. »
Liès Sahoura
Albert Camus malgré l'affaire Iveton et la guillotine
Camus aussi fait référence à la Résistance lorsqu’il adresse Les Justes à France Mitterrand “entre l’année 1954 et 1955”, estime Piasa. Sur cet exemplaire, Camus a rayé le titre pour inscrire : "A Monsieur le Ministre de l'Intérieur, en souvenir d'une juste cause, et avec l'hommage déférent d'Albert Camus." A l’époque, Mitterrand était membre du gouvernement de Pierre Mendès France et la guerre d’Algérie éclatait tout juste.
Camus aurait-il pu envoyer la même dédicace à François Mitterrand seulement six ou sept ans plus tard ? En 1954, les deux hommes n’étaient pas intimes. Mais on apprendra plus tard, une fois achevée la Guerre d’Algérie, que Camus avait tenté, en vain, de plaider la cause du seul condamné à mort français liquidé pour son soutien au FLN et à la cause de l’indépendance algérienne : le Français Iveton (souvent mal orthographié, avec un Y).
Iveton sera guillotiné le 11 février 1957, sur le sol algérien, dans la cour de la prison Barberousse d’Alger. Militant communiste, il s’était chargé d’abandonner une bombe dans un appentis de son usine de gaz, en novembre 1956. La bombe était prévue pour ne faire que des dégâts matériels et Iveton avait été confondu. Les autorités s’étaient affichées inflexibles. Pas la moindre instruction de l’affaire et un procès bâclé en dix jours devant un tribunal militaire présidé par un magistrat volontaire : au terme de deux jours d’audience ponctués tant par les hurlements de haine des badauds que par un grand silence des cadres du parti communiste.
Le PCF, qui alors n’avait pas renoncé à l’Algérie française, n’avait pas levé le petit doigt pour défendre l’un des siens et Iveton était mort à 31 ans. De son vivant, les soutiens publics à Iveton se révèleront modestes, (re)découvre-t-on à la lecture de De nos frères blessés, le très beau récit que fit récemment Joseph Andras de cette affaire (chez Actes Sud). Pas de quoi, en tout cas, infléchir l’exécutif.
Quand Iveton tombera sous la guillotine, le ministre de la Justice s’appelait François Mitterrand. Quelques mois plus tard, on découvrira qu’au moment-même où Iveton était condamné à mort, Albert Camus était en train d’écrire un texte contre la peine de mort. Cet essai intitulé Réflexions sur la guillotine sera publié dans La Nouvelle Revue française en juin/juillet 1957. Paru seulement une poignée de semaines après la mort d’Iveton, le texte de Camus n’est pas complètement explicite. Celui qui se verra attribuer le Nobel de littérature à la fin de cette même année mentionne bien le cas Iveton, mais sans donner son nom et un peu à bas bruit.
Cet essai contre la peine de mort sera republié, la même année, sous forme d’un petit recueil, aux côtés de deux autres textes sur la peine capitale, signés Arthur Koestler et Jean Bloch - Michel. Ironie de l’histoire, Gallimard, l’éditeur de Camus, ressortira bien plus tard (en 2011) une sélection de textes de Camus sur la peine de mort, publiés sous forme de “Hors série littérature”. Et c’est à Robert Badinter, le ministre de la Justice de François Mitterrand et l’homme de l’abolition de la peine de mort, que l’éditeur confiera la préface.
Dans Réflexions sur la guillotine, Albert Camus écrivait au sujet de l’affaire Iveton, en 1957 : “Mais il est trop tard et il ne reste plus qu’à se repentir ou à oublier. Bien entendu, on oublie. La société, cependant, n’en est pas moins atteinte. Le crime impuni, selon les Grecs, infectait la cité.” Aucun exemplaire dédicacé de l’essai ne figure au catalogue Mitterrand mis en vente cette semaine.
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