~~« Il n’y a pas que les hommes, les dieux meurent aussi en Algérie, toutes nos bonnes vieilles idoles d’Occident avec leurs grands principes.
Ils avaient régné sur les cités helléniques, sur Périclès, Platon et les jeux olympiques, sur le sénat romain et les juristes en toges, sur les catacombes et les cloitres romains. Ils avaient été la chevalerie et la trêve de Dieu, le panache d’Henry IV et les petits marquis de Fontenoy, les dieux en carmagnole de 1789 et ceux casqués de bleu des tranchées de Verdun, les dieux de Montaigne et de Pascal, de Bossuet, de Diderot, de Voltaire et de Saint-Just, dieux à la triple républicaine, marqués de la fleur de lys ou de l’abeille des Bonaparte, les dieux de Notre-Dame et de la Grande Loge, de Péguy et d’Anatole France .
En vieillissant, ils avaient pris du ventre des manies de vieillards égoïstes, confinés dans des asiles. Souvent, il nous arrivait de les tourner en ridicule et plus souvent encore de les oublier. Mais de les voir agoniser sur la terre d’Afrique nous rappelle soudain combien ils nous étaient encore indispensables ; ils faisaient toujours partie de nous-même.
Car la guerre d’Algérie n’est pas une guerre comme les autres. Elle fait table rase de beaucoup de nos illusions ; elle n’exige ni vainqueur ni vaincu mais va bien plus loin dans ce qu’on nomme le sens de l’histoire. Elle chasse les nomades de leurs tentes et les envoie dans les camps de regroupement ; elle entoure de barbelées les mosquées et les églises, transforme les écoles en casernes et les casernes en écoles. Elle laisse les soldats à leur solitude et leur désespoir, incertains, désemparés mais serrant contre eux leurs mitraillettes comme si elles étaient désormais leur seule justification et leur seule certitude.
Rebelles et force de l’ordre en arrive insensiblement à livrer le même combat et de la même manière, un combat sans pitié et sans trêve, un combat sans issue qui ne connait ni le jour ni la nuit, qui se déplace au-delà du Bien et du Mal, dans le monde glacé de l’efficacité. » (Jean Lartéguy)
~~L’extrait d’un ouvrage à l’odeur passionnelle, pour un film sur l’Algérie qui sera diffusé mercredi sur la chaine histoire.
Un film de Patrick Buisson sur la France et son Algérie (celle de Bugeaud et de ses soldats-paysans qui avaient façonné ces étendues sableuses par l’épée et la charrue en y important l’élégance française comme Rome dans l’Antiquité) qui retrace la vaillance de soldats qui déchirés par l’Indochine allèrent défendre un idéal civilisationnel sur une terre conquise par le fer et le Livre au siècle dix-neuf. Un Film qui remet à l’honneur les figures éternelles que sont Hélie Denoix de Saint-Marc, Bigeard… ainsi que les hommes dont la France a su taire les noms pour détruire la mémoire d’une guerre consignée volontairement à l'obscur.
Et pourtant, dans les sables brulants du Sahara, nombreux furent ses enfants qui y ont combattu.
A ne jamais effacer, les âmes endormies de l’Algérie, qui tombaient, s’étaient vouées à poursuivre les desseins ancestraux de la civilisation occidentale en Afrique du nord, sur cette terre défrichée par les ancêtres au coût de la sueur, de la gloire, de la croyance, de la bravoure, de l’audace, de la dignité, des traditions et d’un rêve partagé par la grandeur du commun.
Rédigé par HERNAULT et publié depuis Overblog
http://sabre-et-esprit-au-combat.over-blog.com/2016/04/les-dieux-meurent-en-algerie.html
L'Algérie
Écrasée par l'azur
C'était une aventure
Dont je ne voulais pas
L'Algérie
Du désert à Blida
C'est là que j'étais parti jouer les p'tits soldats
Un beau jour je raconterai l'histoire
A mes petits enfants
Du voyage où notre seule gloire
C'était d'avoir vingt ans
L'Algérie
Avec ou sans fusil
Ça reste un beau pays
L'Algérie
Paroles: Serge Lama.
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