L’arme secrète du FLN
Comment les nationalistes algériens s’y sont-ils pris, alors qu’ils étaient militairement écrasés par l’armée française, pour amener de Gaulle et le gouvernement de la France à accepter l’indépendance ? La réponse se trouve bien au-delà des frontières de l’Algérie.
Fondé sur une recherche dans les archives et sur des entretiens menés en Europe, en Afrique du Nord et aux États-Unis, ce livre montre que la « révolution » algérienne était de nature résolument diplomatique et que ses luttes les plus décisives se sont déroulées sur la scène internationale. Les meilleures armes des Algériens furent des rapports sur les droits de l’homme, des conférences de presse et des congrès de la jeunesse, qui livrèrent bataille sur le front de l’opinion mondiale et des lois internationales, bien plus que sur celui des objectifs militaires conventionnels.
Vers la fin du conflit, le GPRA avait rallié une majorité contre la France aux Nations unies, gagné la reconnaissance des conférences internationales, et même été accueilli par 21 coups de canon dans certains capitales du monde. Appuyés par les armées rebelles et les responsables réfugiés au Maroc ou en Tunisie, soutenus par des pays aussi divers que l’Arabie saoudite et la Chine communiste, ils vinrent à bout d’un gouvernement désormais obsédé par l’impact de la guerre sur sa réputation à l’étranger.
Un exemple qui allait inspirer Mandela et l’ANC, ou encore Arafat et l’OLP
Retour sur la guerre d’Algérie
Yves Courière fut l’un des premiers qui, dans les années qui suivirent les accords d’Evian, entreprit d’écrire une histoire de la guerre qui venait de s’achever dans la douleur. Il bénéficiait pour ce faire d’une connaissance directe du terrain et des événements, puisqu’il avait arpenté l’Algérie en guerre en tant que reporter, recevant pour ce travail le prix Albert Londres en 1966. Son Histoire de la guerre d’Algérie en quatre forts volumes parus entre 1966 et 1971 (rééditée et toujours disponible, en deux volumes, aux éditions Fayard) rencontre un immense succès, s’écoulant à plus d’un million d’exemplaires. C’est pour prolonger ce travail fondateur qu’il s’associe au réalisateur Philippe Monnier pour produire, en 1972, le premier documentaire retraçant l’histoire de ce conflit.
Cinquante ans après la fin de la guerre, et quarante ans après la sortie du film de Courrière, les Editions Montparnasse proposent une nouvelle édition de ce dernier. Bien sûr, la connaissance et la perception du conflit ont depuis cette époque beaucoup évoluées. Le film qui essayait d’écrire l’histoire en réunissant les archives alors disponibles, est devenu à son tour un objet d’histoire et une archive à part entière. On gagnera donc à le voir en parallèle avec les nombreuses productions télévisuelles auxquelles a donné lieu la célébration du cinquantenaire des accords d’Evian. On sera frappé de mesurer à quel point, tant sur le fond que sur la forme, il était novateur. On prendra également la mesure de l’ampleur du travail accompli depuis par les historiens, qui permet d’offrir un récit plus complexe d’un conflit qui en subsume en fait de nombreux autres.
Ce travail d’actualisation est facilité par les abondants compléments de programme (plus de 2h30) proposés dans cette nouvelle édition. On y écoutera notamment, outre la parole d’Yves Courrière, celle des historiens Raoul Girardet, Benjamin Stora, Pierre Vidal-Naquet et Georges Fleury.
Les commentaires récents