Un jour « Ahmama » découvrit un œuf étrange et imagina qu’elle devrait le prendre à dos de veau. Elle pensa le prendre et le préserver comme si elle avait trouvé une véritable fortune.
Elle scruta les environs d’une manière inquiète, regardant à gauche puis à droite et ensuite elle se précipita vers le lieu ou se trouvait l’œuf. Elle le prit et alla le cacher entre deux rochers.
Qu’adviendrait-il si l’œuf se cassait et qu’elle apprenait ce qu’il contenait ? Est-ce qu’elle supporterait cette nouvelle ?
Les jours passèrent, Ahmama ne cessait de visiter les lieux ? L’œuf éclôt un jour, et il en sortit un être vivant, ressemblant à une vipère.
Oh ! Combien son étonnement fut grand ! Mais Ahmama continua régulièrement ses visites sans avoir aucune crainte.
Les jours passèrent, la petite vipère grandissait de plus en plus, jusqu’à devenir géante, pouvant menacer la sécurité des habitants dans leur vie, dans la vie de leurs animaux et même menacer leur pâturage.
Terrorisés, les habitants finirent par choisir de combattre la vipère par les moyens qu’ils possédaient.
Après de nombreux combats, les villageois eurent raison d’elle, ils l’étendirent sur le sol et elle ressembla à un véritable dinosaure dangereux. Ils voulurent en finir avec elle par le feu.
Ils préparèrent un grand bûcher ou les fagots de bois furent entassés les uns sur les autres. Le corps de la bête fut recouvert par les branchages de bois sec et ils y mirent le feu, dans une ambiance de fête ou les chants des enfants n’ont pas tari.
La fumée s’éleva dans le ciel emportant avec elle l’odeur acre du brûlé. Subitement, me ciel s’assombrit d’une nuée d’abeilles venant de toutes les directions qui s’abattit sur le cadavre, dévorant et suçant les quelques parties du monstre restées encore non brûlées par le feu. Les fleurs de la région, même, perdirent leur arome.
C’était la plus grande catastrophe qu’avait connue l’homme depuis qu’il était en vie : le poison se mélangeait au miel.
Une question se posa donc. Périrons-nous tous si nous goûtions au miel des abeilles mélangé au poison de la vipère ?
Partout, dans toutes les discussions, sur leurs lèvres, nous n’entendions que l’interrogation sur le désastre. Ils séparèrent réfléchissant à une possible solution pour éviter l’hécatombe. Ils dirent :
« Il est nécessaire que quelqu’un soit volontaire pour effectuer l’expérience malheureuse que nous sommes tenus de vivre : il s’agit donc de vie ou de mort. Mais qui pourrait se dévouer à subir l’atroce mort qui viendrait du poison que les abeilles déposeront dans les alvéoles de la ruche ; Qui mettrait en danger sa vie ?».
Après, un court instant parcouru par un silence effrayant ressemblant à une éternité, quelqu’un osa dire : « la réponse est chez le vieux « Bourak » à qui nous administrerons le miel récolté chez ces abeilles pour voir l’effet l’expérience. Le vieux « Bourak » est au bout d’une vie malheureuse, sur le point de rejoindre l’au-delà».
Tous poussèrent un cri de joie et de soulagement, il continua :
« S’il mourait empoisonné, il serait délivré d’une pénible vie que la pauvreté cruelle n’a cessé de rendre de plus en plus difficile, et ainsi, nous aurions réalisé notre expérience et nous connaitrions la réalité ».
Lorsqu’arriva la période de la cueillette du miel, les villageois recherchernt le vieux Bourak, ils le retrouverent vec le thorax fragile, ayant perdu la vue, devenu bossu, édente avec des cheveux blancs et n’ayant point d’amis.
Le miel empoisonné fut donc donné au puvre vieux. Tout le monde attendit l’arrivée brutale de la mort que les etres de ce monde lui avaient imposée. Est-ce que la vie voudrait de lui ?
Le vieil aveugle recouvrit la vue. L’assistance ne crut point ses yeux, meme le vieux commença à douter. Depuis ce moment, il emprunta un nouveau corps : il devint jeune, avec des cheveux noirs, son dos se redressa et sa bouche se garnit d’une très belle dentition. Le printemps de sa vie reécut dns un corps comme u jour de la résurrection.
Tout le monde s’étonna y compris le vieux lui-même. Qui dit :
« Dieu a plusieurs soldats dans le miel et ceci est la récompense de toute personne qui croit en lui ».
Et il continua en disant :
« Il a eu raison celui qui a dit : craint Dieu, tu verras des miracle ».
Les villageois regrettèrent leur acte et présentèrent des excuses au vieux Bourak qui ne les accepta que difficilement en disant : O ! Bandes de criminels, vous avez voulu ma mort ?
Ils baissèrent la tête et laissèrent le vieux continuer à les maudire : « je demande le prix du sang selon la loi divine ».
L’un d’entre eux rétorqua avec la tête toujours baissée : « demande ce que tu veux ».
Le vieux Bourak répondit alors : « ma redevance ! Ahmama Mon mariage avec Ahmama la plus belle des filles. »
Le père de Ahmama qui était parmi l’assistance acquiesça de la tête. Le vieux (devenu très jeune) se maria avec Ahmama et s’installa sur la rive de la rivière. De leur noce, ils eurent plusieurs enfants qu’ils nommèrent « Ouled Abdi ».
Le temps passa, la beauté de Ahmama flétrissait de plus en plus et son corps prenait de l’age malgré les applications de toutes les crèmes et les plantes qu’elle savait mélanger pour en tirer une onction spéciale pour le rajeunissement.
Le temps ne pardonne pas. Est-ce que l’herboriste peut rénover ce que le temps a terni ? Ahmama vieillissait malgré toutes les potions qu’elle fabriquait seule, à partir de certaines plantes.
Le vieux rajeunissait de plus en plus jusqu’à avoir la corpulence et la vigueur d’un jeune d’une vingtaine d’années.
Notre jeune chercha donc une jeune fille, plus belle qu’Ahmama. Il s’installa avec « Touba », sa nouvelle femme sur l’autre rive, juste en face de la progéniture d’Ahmama. Il eut de nombreux enfants qu’il nomma « Touwaba » ;
Le fleuve qui séparait les frères ennemis devint alors le témoin numéro un de cette guerre fratricide qui s’empara des deux clans. Une guerre sans merci, éclata entre les frères ennemis. Ils s’entredéchirèrent comme des animaux. Les mères finirent aussi d’être de la partie.
Le père resta bouche bée, ne sachant quoi faire, et quel parti prendre. Toute sa descendance hérita de cet état d’esprit qui fut plein d’inquiétude et de révolte. Le temps finit par calmer cette querelle O, combien difficile. Les deux groupes se boudèrent pendant un long moment. Ils restèrent fâchés jusqu’au moment ou un peuple étranger, venant d’autres contrées, au-delà des mers, vint les coloniser.
Les deux tribus finirent par comprendre que la seule façon de défendre le pays était l’union. Donc, les deux tribus se rassemblèrent en une seule tribu et firent un seul corps pour combattre l’ennemi et défendre leur territoire.
Rabah Khedouci et A. Bent el-mamoura
(Conte populaire algérien)
Je m’en vais de sitôt cueillir mes rêves d’enfant,
Oubliés par le temps, couverts de ses nuages.
Même si j’y vais d’un pas quelque peu hésitant,
Je sais bien qu’ils m’attendent depuis déjà longtemps
A l’orée de ce voyage.
Soyez au rendez-vous, rêves du meilleur âge,
Chargée de déboires, mon âme vous attend.
Venez guérir mon cœur fané de nostalgie,
Nostalgie des jours purs, d’amour et d’insouciance.
Atténuez en moi toute la mélancolie
Accaparant le cœur en délire, en folie,
Et mon âme à outrance.
Rêves, venez à moi effacer mes souffrances,
Dans mon exil, je n’ai plus que vous pour amis.
Venez à mon secours en traversant le temps,
Souvenirs inaccessibles, combien désirés :
Rêves de ma jeunesse ou souvenirs d’enfant,
Courses débridées, sous le ciel des printemps,
Ou larcins jamais avoués,
Prenez ma mémoire, de vos graines tatouées,
Survolez mes vallées, semez-la chemin faisant.
Puisez de mes pleurs, arrosez toutes mes plaines,
Que puissent y pousser mes espoirs écartelés.
Bercez mes montagnes des soupirs de mes peines
Et de tous mes rêves frustrés.
Dites aux miens que, de mon exil, j’ai récolté
Des amas de mépris et des gerbes de haines.
Que ne donnerais-je pour revivre ma terre,
Effacer à jamais la trace de mes départs,
Fuites de lâcheté, même sans en avoir l’air,
Ce ne sont que de faux départs.
Mes jours, suite de rêves menteurs et chimères,
M’apprennent à mes dépens que le temps se fait tard.
Les années m’ont entraîné dans leur grand tourbillon,
Je ne m’en suis aperçu, pris de ce vertige
Que procure la vie de ses jeux de guenon,
Qui deviennent vite hantise.
Souvenirs flétris et mémoire en confusion,
Voilà ce que j’en garde comme un vestige.
Makhlouf Bouaich
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