Rencontre avec avec Albert NALLET et Djoudi ATTOUMI, Conférence-Débat, Projections et séance dédicace, ON N'EFFACE PAS LA VÉRITÉ - AVOIR 20 ANS DANS LES MAQUIS, Vendredi 30 mars 2018 de 20h à 22h – Entrée libre - 41, rue des Olivettes à NANTES.
DJOUDI ATTOUMI
Djoudi Attoumi est né en 1938 à AIT OUGHLIS ( SIDI AICH ). Il rejoint les maquis en 1956, au lendemain du congrès de la Soummam et affecté directement au P.C de la Wilaya où il eut à collaborer avec Amirouche et son équipe.
Au cours de son itinéraire au maquis, il assuma plusieurs responsabilités au sein du FLN et de L'ALN. Promu officier en avril 1961 par le Colonel Akli Md Oulhadj, il est affecté dans la vallée de la Soumman dévastée par l'opération « Jumelles », et accomplit son devoir jusqu'au cessez le feu, le 19 mars 1962. Il est alors nommé membre de la sous-commission locale de cessez le feu, composée à égalité d'officiers de l'ALN et de ceux de l'armée française, pour veiller à l'application des accords d’Evian.
Après l'indépendance, il est démobilisé sur sa demande, le 5 août 1962 et assuma les fonctions de Directeur des hôpitaux, du 1er septembre 1962 jusqu'en 1985, date à laquelle il est élu à l'assemblée populaire de la Wilaya de Bejaia dont il assure la présidence jusqu'en 1990.
Il est l'auteur d'une œuvre biographique sur le Colonel Amirouche intitulée : « le Colonel Amirouche entre Légende et Histoire » .
Djoudi Attoumi est licencié en droit et diplômé de l’École Nationale de la Santé Publique de Rennes » (France).
« Je suis envoyé directement en Algérie de 1957 à 1959. Je témoigne aujourd’hui sur cette guerre qui m’a été imposée »
ALBERT NALLET
Très jeune déjà, je milite pour un monde sans guerre. Dès 1955, j’organise et participe aux manifestations parfois interdites pour le droit des algériens à l’indépendance. A 20 ans, quand l’ordre de partir tombe, c’est une véritable déchirure.
Parti pour effectuer des opérations dites de «maintien de l’ordre », j’assiste à une vraie guerre : combats, embuscades, mises à sac de maisons, vols, viols, tortures, assassinats, déplacements et regroupements de population, napalm… Les contacts avec la population me confirment la profonde aspiration de celle-ci à se libérer de la domination coloniale. Mon idéal de jeunesse d’un monde fraternel et solidaire est sérieusement contrarié par les agissements de l’armée, aux ordres de l’État français.
Sur place, j’organise comme je peux la résistance au sein de ma propre section, malgré les ordres. En autres, à la suite d’une embuscade particulièrement tragique, je tiens un journal pour témoigner. En tout, sur les 699 jours passés en Grande Kabylie : je participe à 48 grandes opérations qui se soldent par : 82 militaires français tués, 85 blessés, 492 combattants algériens tués, 34 blessés, 11 prisonniers seulement. Je suis témoin d’exécutions et de bombardements (roquettes) de centaines de civils algériens par l’armée française et parfois par le F.L.N pour trahison. J’évite de justesse le tribunal militaire.
Pendant 27 mois, je suis marqué par la peur à tout instant d’être tué ou celle d’avoir à tuer.
A mon retour, confronté à l’indifférence quasi générale, je plonge, comme beaucoup d’appelés, dans un long silence. C’est seulement en 1997, au moment de la retraite, encouragé par des amis et mes proches, que je commence à retranscrire mon témoignage. Ne trouvant pas d’éditeur, je finis par publier mon livre « On n’efface pas la vérité. Guerre d’Algérie Grande Kabylie » à compte d’auteur en 2003. Ce dernier rencontre immédiatement un large écho. Je reçois énormément de messages de soutien. En 2006, l’éditeur Aléas publie mon livre qui reçoit le prix Rouget de Lisle en 2008.
Malgré ce formidable réseau de partages et de soutiens en France, reste en moi ce fort besoin de rencontrer les algériens. Mais ce voyage tant souhaité, ne se réalise qu’en 2006, du fait de la situation politique de l’Algérie. Avec 27 anciens appelés et Pieds-Noirs, je traverse la Méditerranée, non plus sur un bateau mais en avion. Nous sommes reçus presque comme des « ambassadeurs ». Les anciens combattants algériens et des plus jeunes nous accompagnent sur les lieux des opérations meurtrières de la guerre. Je réalise alors que je peux enfin faire le deuil. Ce moment est pour moi décisif : je peux maintenant me consacrer à la construction de l’amitié entre nos deux peuples.
Commence alors le témoignage de nos mémoires croisées. Avec mes amis, Abdelmadjid Azzi (1) et Djoudi Attoumi (2), deux anciens combattants de l’ALN (Armée de Libération Nationale), nous nous rendons dans différentes rencontres organisées et particulièrement auprès de la jeunesse, dans des lycées en France et deux fois en Algérie.
Depuis 2008, j’ai rencontré une cinquantaine de classes en France. Et depuis 2016, je fais partie de la Réserve Citoyenne de l’Éducation nationale.
Ainsi ensemble, nous formulons les mêmes vœux : « Bannissons la haine qui conduit à la guerre et construisons ensemble les rapports humains nécessaires à l’intérêt des deux peuples ».
PRÉSENTATION EN VIDÉO
MERCREDI, 28 MARS, 2018
HUMANITE.FR
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