Pendant le mois sacré de Ramadhan en période estivale, les activités du secteur du tourisme dans la wilaya de Tipasa ne fonctionnent plus, allant jusqu’à la fermeture temporaire des complexes touristiques. Ce n’est pas le cas pour les activités commerciales.
La ville de Cherchell est l’exemple parfait de ce mois dans lequel tout est permis. C’est une image hideuse qui s’offre aux citoyens jeûneurs. L’incapacité, la complicité et l’insouciance des responsables locaux malheureusement avaient accentué les pratiques illégales en ce mois de piété et de solidarité. Cherchell en ce mois de Ramadhan, 52 ans après l’Indépendance, vit sous le règne de l’omerta. Les institutions qui sont impliquées directement dans le respect de la bonne gestion et dans l’application des lois en toute transparence , notamment dans les activités commerciales , sont invisibles. Le jour comme la nuit en ce mois de Ramadhan les activités commerciales fleurissent partout.
Les promesses et les engagements de Amara Benyounès, Ministre du Commerce, ne sont pas tenus. Pire encore, cette situation désastreuse s’aggrave d’année en année. Les rues et les trottoirs sont littéralement pris d’assaut par une incroyable faune de vendeurs durant la matinée avant de disparaître à quelques minutes de la rupture du jeûne , laissant place à des amas d’ordures dans lesquels les petits mammifères rongeurs, les chats , les chiens errants et les mendiant se côtoient dans l’obscurité. Après le f’tour , d’autres trottoirs et des rues sont jonchés par des tables et des chaises qui seront aussitôt occupées par les clients.
La circulation des véhicules devient pénible. Après la prière de « taraouih », c’est un autre commerce qui a pris cette année de l’ampleur . Il s’agit des grillades. Des jeunes commerçants ne se gênent plus d’installer leurs « frigos », leurs « grills » et du charbon sur les trottoirs. Ne se gênant plus des dangers qui risquent de produire des accidents , ces gargotes nocturnes alimentent leurs équipements en énergie électrique à partir des poteaux des lampadaires. Ils installent des tables et des chaises sur les trottoirs. Les grillades dégagent des fumées denses. Ces commerces provoquent des encombrements de véhicules.
Par mesure de sécurité , après le f’tour , les responsables de l’Académie Militaire de Cherchell (AMC) ferment à leur tour la route qui longe ses bâtiments jusqu’au lendemain. Cela n’est pas du goût des familles à bord de leurs véhicules qui empruntent habituellement ce chemin afin de contourner le parcours encombrant du centre ville. Avant l’aurore, une fois le travail achevé , les « grill-trottoirs » sont soigneusement recouverts par des toiles ou du plastic , en toute sécurité. Toute ces activités commerciales , illégales et anarchiques qui se pratiquent dans l’impunité se déroulent durant ce mois sacré de Ramadhan .
Les veillées d’antan du mois sacré de Ramadhan avaient totalement disparu. Le commerce propre exercé dans le passé a fondu face à l’informel et l’incroyable complicité et incompétence des gestionnaires des affaires publiques locales. Cherchell ; à l’instar de nombreuses localités de la wilaya de Tipasa ; a perdu ses repères et ses traditions devant l’invasion des énergumènes incultes d’une part et d’autre part à cause de la passivité et l’indifférence de ses autochtones.
Il suffit d’aller se recueillir au cimetière, pour se rendre compte que les morts aussi n’ont pas échappé à ce climat délétère. Cet espace jonché de tombes depuis des décennies offre aujourd’hui un décor de désolation . En l’absence du sérieux et de la rigueur dans le travail , Cherchell se déculture dans l’indifférence totale , au moment où d’autres scandales sont soigneusement étouffés. Dans cette atmosphère bizarre , le nombre des fidèles qui convergent vers les multiples mosquées étonnent plus d’un. Pourtant, l’Islam demeure une religion qui éduque le citoyen, de surcroit durant le Ramadhan. Quelle contradiction !
M'hamed Houaoura
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