Un roman de Salim Bachi. Editions Barzakh, Alger 2013. 269 pages, 750 dinars
.
L'auteur revisite Albert Camus
après l'avoir embarqué pour le Brésil (un voyage réellement effectué). Un long voyage de vingt jours en mer, côtoyant les nantis de la première, et les pauvres de la quatrième classe entassés dans des couchettes superposées. Une misère sociale qui lui rappelle son enfance et sa jeunesse en Algérie
Au fil du voyage, il pense, il se souvient, il raconte, à sa manière, l'«époque ensoleillée» d'un «paradis perdu»
L'auteur remet les pendules à l'heure, ce qui nous rend Albert Camus assez proche, d'autant qu'il s'excuse d'avoir «tué» un Arabe dans l'Etranger (Kamel Daoud qui a, récemment, signé un ouvrage sur Camus, chez Barzakh, nous en dira bien plus et nous reviendrons sur le sujet)
Et, sa maladie et ses souffrances existentielles nous le rendent presque sympathique, même s'il a été «orgueilleux et lâche» comme le décrit J-P Sartre (son ennemi intime), au moment même où, aujourd'hui, grâce à l indéniable et louable tolérance de nos intellectuels, écrivains et critiques et la pression des «euro-algériens», il revient, sur la scène éditoriale
Avis : L'écriture, les petites phrases et le talent de Salim Bachi sont bien plus intéressants pour nous que les angoisses camusiennes ; angoisses qui concernent un autre monde, un autre temps, une autre société, bien qu'il restera toujours nôtre, l'enfant de Drean (ex-Mondovi) et de Belouizdad (ex-Belcourt), quoi qu'il ait fait ou dit, quoi que l'on pense ou que l'on fasse. Un «butin de guerre» (ou, pour les nouvelles générations, comme K. Daoud, n'ayant pas connu la guerre, un «champ de créativité énorme»), ça se «récupère», ça se conserve
ça s'exploite (pourquoi pas car, il y a, bien sûr, le tourisme cultuel mais, aussi, le tourisme culturel) !
.
Belkacem Ahcene-Djaballah
Les commentaires récents