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Le devoir de mémoire
En 1961, Fatima Bedar, 15 ans, a été jetée dans la Seine l La mairie de Saint-Denis baptisera le futur jardin public en son nom.
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Mohamed Ghafir, alias Moh Clichy, était tout heureux d’annoncer la
nouvelle, lui qui après avoir milité à la Fédération de France du FLN,
se voue, depuis des années, à relancer le travail de mémoire afin que
nul n’oublie.
La bonne nouvelle est que Fatima Bedar, la jeune fille de 15 ans, jetée
dans la Seine avec son cartable en 1961, aura eu la reconnaissance
méritée de la part de la ville de Saint-Denis, où se côtoient 136
nationalités.
En effet, la mairie de cette ville vient de donner son accord en votant la dénomination du futur jardin public dans le quartier, Gare Confluence. Le vaste espace vert, qui ouvrira en 2014, s’appellera Fatima Bedar. L’acte tend à renforcer la reconnaissance publique de ce crime colonial, que François Hollande a reconnu en le qualifiant d’atrocité. Le conseil municipal de Saint-Denis a adressé une correspondance au frère de Fatima, Djoudi Bedar, dans laquelle il dénonce le crime abominable qui s’est déroulé le 17 Octobre 1961, à Paris. Il annonce, par ailleurs, «que le prochain combat sera d’obtenir la déclassification des archives de la préfecture de police, afin que toute la lumière soit faite sur les responsabilités politiques d’alors, et le rôle joué par le sinistre préfet de police, Maurice Papon». Pour rappel, Fatima Bedar, née le 5 août 1946, est issue d’une famille modeste.
C’est à l’âge de 5 ans qu’elle quitte Béjaïa pour rejoindre, avec sa mère, son père ouvrier à Gaz de France. Le 17 octobre 1961, elle participe aux manifestations, malgré les vaines tentatives de sa mère de l’en dissuader. Le 31 octobre, on retrouvera le corps de Fatima noyé dans les profondeurs du canal de Sains. Le 17 octobre 2006, après 45 ans, les restes du corps de la chahida sont ramenés au sol natal, à l’endroit qui l’a vu naître, pour sa réinhumation dans cette terre si chère à elle. Moh Clichy, qui a tenu à nous en informer, regrette que les autorités nationales n’accordent aucun intérêt à l’histoire de cette «gamine» morte pour la cause nationale.
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