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Jean Daniel revient sur le conflit qui oppose deux de ses amis, Catherine Camus, fille de l’écrivain, et l'historien Benjamin Stora.
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Un conflit, qui devient vulgairement public sépare deux amis, Catherine Camus, fille de l’écrivain, et Benjamin Stora. J’aurai voulu me taire. Ce serait une ingratitude.
Un jour de l’an dernier, l’historien spécialiste aujourd’hui consacré de l’Histoire et des Conflits maghrébins, m’a rendu visite. Je suis son ainé de quarante ans ou presque. J’ai pour ses travaux la plus haute estime. Il a de son côté de la considération pour tout ce que j’ai vécu dans nos patries communes et qu’il s’est attaché à reconstituer. Avec Mohamed Arbi, il est devenu une référence.
Il a voulu m’informer qu’il avait accepté de présider et d’organiser une manifestation d’hommages pour célébrer le centenaire de la naissance d’Albert Camus.
"Cet étranger qui nous ressemble"
Il savait qu’avec l’écrivain Roger Grenier, nous étions les seuls survivants parmi ceux qui avaient fréquenté l’auteur de "l’Homme révolté". Il allait jusqu’à voir en moi, depuis longtemps, le camusien le plus fidèle dans les pensées et les comportements. Il a eu la délicatesse de m’informer qu’il avait choisi pour le cycle des manifestations qu’il organisait, un titre très proche de l’un de mes livres : "Cet étranger qui nous ressemble". Hors j’apprends que ; dans des conditions insupportables, on l’a tout simplement dessaisi des responsabilités au profit de Michel Onfray, auteur d’un livre sur Camus. "L’Ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus" (Editions Flammarion).
Je n’ai rien contre ce philosophe qui se veut libertaire et qui souvent y parvient. Les deux tiers d’un grand article que j’ai publié sur son dernier livre lui sont très favorables. Je m’insurge contre l’accusation d’antisémitisme dont il est la victime au prétexte qu’il manifesterait un excès d’enthousiasme pour un historien, Jean Soler, qui refuse de placer les monothéismes à l’origine de l’humanité et même de la pensée et de la morale. Je prends acte des propos élogieux qu’il a tenus sur Benjamin Stora, mais j’estime qu’il n’aurait jamais dû accepter de profiter du mauvais coup qu’on vient de faire à l’historien du Maghreb. Quant à mon amie Catherine Camus, je refuse, telle que je la connais, de penser qu’elle ait pu accepter d’être mêlée à de tels procédés.
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