Adieu la diva
Warda El Djazaïria est décédée, jeudi au Caire, à l’âge de 72 ans, victime d’une crise cardiaque, selon plusieurs médias électroniques.
Son corps sera rapatrié à Alger aujourd’hui, selon d’autres sources. La diva algérienne venait de participer à une campagne patriotique de l’opérateur de téléphonie mobile Nedjma avec sa chanson Mazalwaqfine.
De mère libanaise et de père algérien, la grande chanteuse, née en France, a été adoptée par l’Egypte. Forte d’un répertoire de plus de 300 chansons, Warda El Djazaïria a vendu plus de 20 millions d’albums à travers le monde, rappelle le site TSA.
L’enterrement aura lieu demain, samedi, au cimetière El Alia (Alger).
Adlène Meddi
Bouteflika veut que la célèbre chanteuse algérienne soit enterrée dans son pays.
La célèbre chanteuse algérienne Warda al-Jazairia est décédée ce soir d'une crise cardiaque au Caire, à l'âge de 73 ans, selon des informations rapportées par la chaîne panarabe al-Arabiya. Le président algérien AbdelAziz Bouteflika a demandé à ce que la chanteuse, née en 1939 d'un père algérien et de mère libanaise, soit enterrée en Algérie. Mais Warda sera enterrée au Caire.
Surnommée la "Rose algérienne", Warda avait comencé sa carrière de chanteuse à Paris dans un établissement appartenant à son père. Elle commence très jeune avec des reprises de chansons des plus grands, les Egyptiens Oum Koulsoum, Mohamed Abdelwahab et Abdelhalim Hafez, avant d'interpréter ses propres chansons sur des airs composés par Sadeq Thuraya, son mentor tunisien.
Connue dans le monde arabe pour ses chansons patriotiques durant la guerre d'Algérie, Warda commence à travailler en Egypte où elle collabore avec des grands de la musique, comme Abdelwahab.
Après l'indépendence de l'Algérie, elle retourne au pays et se marie en 1962.
Dix ans plus tard, elle s'installe en Egypte où elle interprète quelques unes de ses chansons les plus connues et joue dans plusieurs films. Elle atteint l'apogée de sa carrière après sa rencontre avec Baligh Hamdi, compositeur de renommée, qui devient son époux.
Avec plus de 300 chansons, cette diva de la chanson d'amour a vendu plusieurs dizaines de millions d'albums à travers le monde. Une de ses chansons, "El Ghala Yenzad", fait l’éloge de la famille du Prophète, mais aussi de l'ancien leader libyen Mouammar Kadhafi. A cause de cette chanson, la chanteuse algérienne avait été interdite en Égypte durant trois années. Warda avait dû intervenir auprès de Jihane Sadate, la femme du président égyptien à l'époque, afin que ce dernier daigne lever cette interdiction.
Trois mois avant sa mort, elle avait adressée une lettre ouverte aux officiels de la chaîne qatarie al-Jazira, la critiquant pour sa couverture du printemps arabe.
"Vous avez tué des milliers de Libyens et vous continuez de faucher un grand nombre d’innocents en Syrie (…) Vous jurez n’avoir porté aucune arme, et moi je vous réponds que vous avez l’arme de destruction massive la plus puissante : les médias. Si vous faites un mauvais usage des médias, vous tuerez les fils de l'arabisme", aurait-elle écrit selon différents médias qui ont rapporté l'histoire. "Si vos maîtres touchent leur salaire du pétrole, vous touchez les vôtres du sang arabe parce que vous êtes des marionnettes dans leurs mains sales, et plus vous mentez, lancez des fatwas et faites perdre la vie aux gens, plus vous êtes payés !", aurait également écrit Warda en s'adressant à al-Jazira.
Les anges ont cueilli Warda
Lorsqu’elle chantait, les mélomanes étaient aux anges. À présent, ce sont les anges mélomanes qui doivent être ravis de sa présence parmi eux.
Warda al-Jazairia , l’un des derniers monstres sacrés du panthéon musical arabe est parti sur la pointe des pieds. Des millions de fans pleurent la «Rose d’Algérie» et l’accompagnent aujourd’hui à sa dernière demeure.
Après une enfance parisienne (elle est née à Puteaux, Paris, en juillet 1940, d’un père algérien, Mohammad Ftouki, et d’une mère libanaise de la famille Yammout), elle a eu trois terres d’accueil et d’amour : le Liban, l’Égypte et l’Algérie. Le public libanais l’a connue élégante comme une Parisienne, chaleureuse comme une Beyrouthine, drôle comme une Cairote et bosseuse comme une Algérienne. Mais à chacune de ses visites à Beyrouth, invitée notamment par le Festival de Baalbeck (en 2005 et en 2008), elle aimait réitérer son amour pour sa seconde patrie, le Liban, où elle a tenu l’un de ses derniers concerts en septembre 2011.
Une rose de l’espèce des «cœurbivores», elle a souvent été comparée à la géante Oum Kalsoum. Mais la discrète réfutait toute ressemblance, aussi honorifique soit-elle, et revendiquait son droit à « être moi-même, tout simplement ».
Elle apparaissait, sur scène ou devant les journalistes, la main sur le cœur (ce cœur si gros qu’il l’a lâchée, finalement) prés duquel elle avait suspendu, en médaillon, une prière «Macha’Allah» et un œil pour conjurer le mauvais sort. Car la vie n’a pas été très tendre avec la diva du monde arabe. Côté santé, d’abord, avec deux grosses opérations au cœur et au foie l’ayant éloignée un certain temps de la scène. Mais aussi sur le plan de la vie privée qui «clashait» parfois avec les exigences d’une carrière internationale. Une carrière qu’elle a entamée très tôt, à l’âge de onze ans, lorsqu’elle a commencé à chanter au Tam-tam, un établissement du Quartier latin appartenant à son père. Elle s’est fait alors connaître pour ses chansons patriotiques algériennes. C’est d’ailleurs suite à ces chansons qu’elle s’est trouvée obligée de quitter la France pour Beyrouth en 1958. Avec sa voix chaude et vibrante, sans oublier son engagement pour la cause algérienne, elle commence à se faire un prénom. Deux rencontres vont lui ouvrir, dès 1959, les portes du Caire. La première aura lieu au Tanios, le fameux «casino» de Aley. Deux soirs d’affilée, un visiteur de marque vient l’écouter. Flairant le talent de la jeune femme, le compositeur Mohammad Abdel Wahab la prend sous son aile et l’initie au chant classique. Il met en musique pour elle une «qassida » du «prince des poètes», Ahmad Chawqi, Bi-omri kullo habbetak. Premiers succès. Helmi Rafla, célèbre réalisateur de comédies musicales, vient en personne lui faire signer un contrat. Elle tournera sous sa direction Amirat al-Arab et al-Maz, qui font d’elle la coqueluche des Cairotes. Puis c’est au tour du compositeur exclusif d’Oum Kalsoum, Riad al-Sombati, de lui ciseler le bijou La’bat el-ayyam. Vers la fin des années 50, elle chantera devant Nasser, qui la reçoit en tant qu’ambassadrice de la cause algérienne. En 1962, elle décide de rejoindre la patrie qu’elle n’a jamais vue et interrompt sa carrière artistique.
Un jour de 1972, le coup de téléphone d’un fan pas comme les autres va être à l’origine de son come-back. Houari Boumediene veut qu’elle donne un récital pour le 10e anniversaire de l’indépendance du pays. Ce qu’elle fait, accompagnée d’un orchestre égyptien. Suite à cela, son mari demande le divorce; c’est ainsi qu’elle décide de consacrer sa vie à la musique. Elle retourne ensuite au Caire où elle épouse en secondes noces Baligh Hamdi, le compositeur attitré des dernières années d’Oum Kalsoum. Dans les années 90, le jeune compositeur Salah Charnoubi la propulse également au sommet avec Batwannès bik et Haramt ahibbak. En 1994, elle est montée sur la scène algérienne dans une mise en scène de Caracalla pour fêter le 50e anniversaire du début des combats. À cette occasion, Bouteflika lui avait octroyé l’ordre du Mérite national.
Après une longue absence, elle fait un come-back triomphant à Baalbeck en 2005. Puis en 2008. Où près de 3 000 fans l’applaudissent à tout rompre, charmés par sa présence chaleureuse et sa voix prompte à donner des frissons.
Cueillie par les anges, Warda – des millions d’albums à travers le monde pour un répertoire musical comprenant plus de 300 chansons – est entrée assurément dans le panthéon des immortels de la chanson arabe.
AFP
Adieu la diva
Sidi Ghilès (Tipaza) :
le souvenir parfumé de Warda
Tipaza: Warda El Djazaïria crée un événement à Sidi Ghilès
L'icône mondiale de la chanson arabe, Warda El Djazaïria,Warda accompagnée du chanteur Baâziz (à droite).
Tipaza: Warda El Djazaïria crée un événement à Sidi Ghilès
Warda était venue dans la petite ville de Sidi Ghilès le vendredi 29 mars 2012, pour tourner le clip Mazal wakfine, produit par l’opérateur de téléphonie mobile, Nedjma, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.
L’arrivée de la star avait été marquée par des youyous et des applaudissements nourris. Les familles et les jeunes de Sidi Ghilès, de Cherchell et des localités voisines avaient envahi la placette où devait se tourner le clip.
A sa descente du véhicule, elle était déjà entourée et prise en charge, afin de l’aider à effectuer juste quelques pas pour regagner la tente plantée au milieu de la cour d’une ex-école primaire en quête d’aménagement et de confortement.
L’attente fut longue. La marée humaine qui convergeait vers la placette de Sidi Ghilès grossit au fil des minutes. Warda a retrouvé finalement son visage d’artiste, son charme, sa beauté, à la suite de la séance de maquillage. Son fils, Adel, ne cessait de faire des va-et-vient pour mettre au point le dispositif, en collaboration avec l’équipe technique. Son épouse surveillait son fils, intervenait de temps à autre auprès de l’entourage de sa belle-mère, sans jamais oublier d’immortaliser ces moments magiques dans le tournage de ce clip de Nedjma. Le look et la coiffure de la belle-fille de Warda ne sont pas passés inaperçus.
Warda s’apprête à quitter la tente. Elle est superbe et ravissante. Elle murmurait quelques mots à son entourage. La star, fatiguée, s’engouffre dans le véhicule en compagnie du chanteur Bâaziz. Lentement, le véhicule noir avance d’une trentaine de mètres pour s’arrêter au pied du kiosque à musique érigé au milieu de la placette. Soutenue, Warda s’installe sur une chaise posée dans le kiosque à musique.
Elle fait des signes aux citoyens très nombreux, admiratifs et déjà ivres de bonheur. Un événement qui restera gravé dans les esprits de ces jeunes, ces femmes et ces vieux.Emportés par la musique du clip, les figurants venus de tous bords exécutent les pas selon les signes du réalisateur. Warda est obligée de marquer des pauses.
Le temps d’embrasser amoureusement son petit-fils, discuter avec les techniciens, sa belle-fille et son fils Adel. Un léger vent souffle. Warda regarde dans la direction de ses proches. Rapidement, on l’ensevelit sous une légère écharpe blanche pour la protéger. La placette ne désemplit pas. Après plusieurs essais, le crépuscule commence à s’installer. Warda devait quitter Sidi Ghilès alors qu’elle était vraiment mal en point. Plusieurs plans avaient été filmés pour les besoins du clip
L’équipe du tournage avait programmé un détour à Hadjret-Ennous pour achever le clip. Warda El Djazaïria part sous bonne escorte. Une journée inoubliable. Un vendredi ensoleillé. Des moments de rêve que les habitants de Sidi Ghilès n’oublieront pas.
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M'hamed Houaoura
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L'Algérie pleure sa chanteuse Warda
enterrée au carré des moujahidine
L'Algérie a réservé un accueil solennel et rempli d'émotion à la dépouille de sa diva Warda El-Jazaïria, qui a été enterrée samedi au cimetière El-Alia d'Alger, pour y reposer dans le carré des moujahidine aux côtés des hommes les plus importants du pays.
Fait rarissime pour une personnalité non politique, une haie d'honneur de la Protection civile a accueilli au cimetière le cercueil de "La Rose Algérienne", suivi par son fils Ryad, la gorge nouée, incapable de s'exprimer tant l'émotion était forte. Il avait toujours vécu auprès de la cantatrice de la chanson arabe, dont le père était algérien et la mère libanaise.
Sa mise en terre dans le carré des moujahidine (combattants indépendantistes) a été accompagnée de centaines de youyous de femmes qui ont assisté à cette cérémonie d'habitude réservée aux hommes, selon le rituel musulman dans ce pays.
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia et le frère du président Abdelaziz Bouteflika, Saïd Bouteflika, marchaient en tête du cortège, avec à leurs côtés notamment, le conseiller et ami d'enfance du roi du Maroc Mohamed VI, Fouad el-Himma.
"Je suis totalement effondrée. La rose de l'Algérie s'est fanée, je me sens comme morte", pleure Khalfa Benamar, 61 ans, venue spécialement de Bejaïa, à 250 km à l'est d'Alger.
"Je n'ai pas pu m'empêcher de l'accompagner au cimetière. Sa voix m'a bercée dans mon enfance et elle a tellement donné au pays", déclare Samia Mabrouk, une Algéroise de 40 ans.
Chanteuse à 11 ans au Quartier Latin
Mourad, 40 ans, fonctionnaire, déplore la "perte d'un symbole de toute l'Algérie".
Warda est morte à 72 ans d'une crise cardiaque jeudi au Caire, où étaient déjà décédées les ambassadrices de la chanson arabe devenues éternelles, la Syrienne Ismahane et l'Egyptienne Oum Koulsoum.
Son corps, ramené à Alger par avion spécial, avait été accueilli vendredi soir à l'aéroport par plusieurs ministres.
Dans la matinée, son cercueil, entouré de plusieurs femmes de la protection civile, est resté quelques heures dans une salle du Palais de la Culture pour recevoir un dernier hommage de ses compatriotes.
Un homme d'une trentaine d'années, originaire d'Ain Defla, à 140 km au sud-ouest d'Alger, est arrivé en pleurant et criant "Warda, Warda" devant le cercueil, pris d'une crise d'hystérie, avant de perdre conscience. Il a tout de suite été évacué.
"Une semaine avant sa mort, je l'avais rencontrée au Caire. Elle était impatiente de retourner en Algérie pour s'y établir et participer aux 50e anniversaire de l'indépendance", a raconté à l'AFP, ému, l'ambassadeur d'Algérie en Egypte, Nadir Arbaoui.
En prévision de ces cérémonies, elle avait enregistré "Mazal Ouakfin" ("Nous sommes encore debout"), que la radio passe aujourd'hui en boucle, avec des témoignages, tandis que la télévision retransmet ses concerts.
Toute la presse algérienne lui rend hommage samedi avec des dizaines de photos en une où elle apparaît souriante et heureuse. Le quotidien arabophone El-Khabar lui consacre cinq de ses 24 pages.
A onze ans déjà, elle chantait dans le café parisien de son père, le Tam Tam, et elle a continué à chanter pour tout le monde arabe, pour l'indépendance de l'Algérie, ce qui l'avait obligée à quitter la France en 1958, quatre ans avant la libération de son pays.
La ministre de la Culture Khalida Toumi a rappelé dans un discours prononcé au Palais de la Culture samedi que Warda "n'avait jamais hésité à offrir sa voix et même ses revenus à l'Armée de libération nationale".
Le président Abdelaziz Bouteflika lui avait aussi rendu un hommage ému vendredi. Elle qui a "dédié son art entièrement" à l'Algérie, selon les mots du chef de l'Etat, "est décédée en Egypte loin de sa patrie".
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AFP
Tu es toujours parmi nous
De Warda El Djazaïria, je garde le souvenir d'une grande dame. D'une Algérienne authentique qui portait son Pays dans son coeur. Cette Algérie avec laquelle elle partagea les peines et les joies et célébra les victoires.
«L'Impossible Machi H'na» !
Tout au long du tournage qui a duré plusieurs jours, Warda a fait preuve de persévérance, de patience et de perfectionnisme afin de produire un spot de qualité. Malgré quelques signes de fatigue, elle n'a pas trébuché un seul instant.
Elle a prouvé, une fois encore, sa grandeur, son humanité et son amour pour ses compatriotes.
A Sidi Ghiles (Cherchell), lieu de tournage du spot «Mazal Wakfin», elle répondait avec le sourire à toutes les sollicitations des nombreux citoyens qui voulaient l'approcher et immortaliser cet instant avec la Diva de la chanson arabe. C'était le vendredi 30 mars 2012.
La disparition de Warda, la Reine du «Tarab el Arabi», est une immense perte pour nous tous, mais c'est la volonté de Dieu que nous devons accepter.
Repose en paix Grande Dame.
«Mazalti Maana»
«A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons»
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