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Dans la biographie qu’il écrivit sur son ami Albert Camus, l’écrivain Jean Grenier évoque le voyage qu’ils entreprirent tous deux en Bretagne.
C’est le 4 août 1947 qu’ils partent en direction de Rennes. Ils y passent la nuit et prennent le lendemain la direction de Saint-Malo dans une campagne couverte de genêts et de bruyères et font une longue halte à Combourg. Devant les grilles du château, ils demandent à visiter la chambre de Chateaubriand : « laquelle ? » demande leur interlocutrice. Stupeur des deux écrivains pour qui la hiérarchie aristocratique n’a guère de sens. Déception : le parc est défiguré par des constructions sans charme et la maison a subi des transformations faites sans grand discernement.
Malgré tout, Camus trouva dans Combourg et Saint-Malo cette "impression de grandeur" qu’il aimait et qui lui rappelait Chateaubriand. Par contre, Camus le méditerranéen ne goûte guère les marées avec leurs énormes reflux et l’apparition trop parcimonieuse du soleil. Il est également surpris par le culte rendu aux morts, qu’il trouve démesuré, trop ostentatoire.
Le voyage se poursuit avec leur ami breton, l’écrivain Louis Guilloux qui les emmena à Tréguier visiter la maison d’Ernest Renan, l’église de belle pierre grise et son cloître. Camus pensait encore à Chateaubriand et à son style ample, coulé, confiant à Jean Grenier : « Je voudrais tremper ma plume, l’assouplir. »
- Camus et Jean Grenier
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- Christian BROUSSAS
- Le jeudi 1er décembre 2011.
Albert Camus retournera en Bretagne pour se rendre sur la tombe de son père, mort à la guerre en 1914 et enterré au cimetière militaire de Saint-Brieuc. C’est à l’occasion de recherches sur sa famille pour écrire son dernier roman Le Premier homme, qu’il entreprit ce voyage. Il y retrouva à cette occasion son vieil ami Jean Grenier, alors retiré dans les Côtes d’Armor, dont il écrivit dans son roman : « Grenier, que j’ai reconnu comme un père, est né là où mon vrai père est mort et enterré. »
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