Maintes fois proposée, maintes fois nominée ! Et surtout maintes fois recalée tout juste sur cette fatidique ligne d'arrivée ! Pourquoi ? Et pourtant Assia Djebbar produit du bon texte littéraire depuis plus d'un demi-siècle déjà dans ce pur et très dur Français des années soixante du siècle dernier.
Pour rappel, elle est déjà académicienne depuis 2005, remplaçant au pied levé le titulaire du fauteuil, en l'occurrence Monsieur Georges Vedel. Et dire que tout ce beau et très fourni palmarès ne lui a servi finalement à rien, face à cette guigne qui la poursuit dès le mois d'octobre de chaque année, la privant injustement de cette suprême consécration du prix Nobel qui aurait fait d'elle ce deuxième titre arabe et Algérien, après celui décroché par Naguib Mahfoud, l'égyptien, en 1988, et Albert Camus, l'Algérien de condition ( ?!), un certain 10 décembre 1957. Déjà académicienne de longue date et toujours en activité, très prolifique, enrichissant ses belles collections et patrimoine culturel exceptionnel, avec notamment la sortie de son dernier-né « Nulle part dans la maison de mon père », cette plume algérienne de renom cherche à définitivement coller son nom au-dessus du fronton de la « Maison des lettres et des arts de Stockholm ». A y figurer sur son registre doré et éternel pour servir de vraie référence aux jeunes générations, en franchissant le seuil de sa porte et surtout avec succès ces nombreux écueils qui font souvent que cette porte de la célébrité lui soit constamment fermée au nez. A bien considérer certaines « vérités » occultées ou volontairement « tues » et autres aspects de la question posée, on est tenté de croire qu'il s'agit bel et bien d'une malédiction, laquelle continue encore de frapper de plein fouet l'auteur comme son pays de naissance(?!). Bien sûr que non, vous répondra l'autre plume algérienne laquelle a pour nom Rachid Boudjedra, lui qui a eu dans un passé assez récent à bien s'exprimer sur les modalités d'attribution du prix Nobel en question ! En fait, dit-il, le mérite du prix Nobel de la littérature ne se situe que rarement dans la suprématie du texte de l'auteur pour l'occasion primé ou récompensé. Le choix ainsi fait a surtout rapport avec le contexte et la conjoncture du moment, à l'heure de son attribution, faisant parfois allusion à d'autres prétextes qui font décaler les Arabes et les indigènes de condition au dernier rang de ces toutes subjectivités considérables, bien ou mal considérées. Sinon comment expliquer cet échec latent au moment même où tout le monde croit dur comme fer en cette heure de vérité ? En cette belle étoile de l'auteure très souvent plébiscitée ?
La bonne logique toute seule, surtout celle qui s'articule autour du texte littéraire, lequel s'inspire de la seule beauté de la métaphore des œuvres de l'auteur, est incapable de répondre à cette épineuse question. La seule réponse jusque-là donnée en public et anonymement, à chaque occasion ressassée, est qu'Assia Djebbar doit encore repasser ?! Pourquoi… ? Personne ne le sait… ? La preuve… La pauvre… ! Détentrice de ce riche patrimoine et grand palmarès –une riche bibliothèque ambulante, une vraie légende vivante, en quelque sorte, l'auteure attend toujours son heure… ! Se levant toujours de bonne heure… !De vérité et de grande consécration !
Dommage… ! C'est bien dommage qu'Assia Djebbar soit à chaque fois recalée ! Presque ignorée ! Que c'est dur d'être Arabe, Amazigh, Berbère ! D'être Algérien, indigène, à la fois, dans sa peau d'autrefois et celle d'aujourd'hui ! Incontestablement Assia Djebbar, sans la moindre bavure ou même rature aurait mérité le titre des grands Nobélisés. La littérature en est témoin de ce que je dis. Sans parti pris ni chauvinisme envers ce grand serviteur de la littérature d'expression française.
Et sur ce chapitre-là, autant l'Algérie que l'Académie française, ont, chacune de son côté ou les deux réunies pour la bonne cause, sans conteste, toutes les deux échoué. Peut-être que cette malédiction lui vient ou provient de son propre nom ? Camp David a bien su porter chance à Naguib Mahfoud. L'Académie Française volera-t-elle au secours de son locataire, ce titulaire du fauteuil numéro cinq, plus précisément, en quête d'une bonne et toute honorable considération ? L'espoir reste encore permis tant que ce Nord de la planète terre a toujours su bien tirer grand profit de ce génie du Sud de ce même univers. Rendez-vous est donc pris pour la prochaine année. Sera-t-elle, enfin, la bonne… ?
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par Slemnia Bendaoud
Universitaire et écrivain.
Il est, entre autres, l'auteur de « Emigrés Algériens : les chances d'un retour sans détour » paru en juin 2009 chez Edilive, France.
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