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L'Algérie t'aime
Je te confie la clé de ma ville, de mon temps
Pénètre invisible, silencieux mais présent
Foule ma terre, mes prés et mes jardins fleuris
Je te serre contre moi, je suis ta mère l'Algérie
Goutte mes fruits juteux, bois mon eau de source
Pénètre ma vie à petits pas feutrés en douce
Traverse mes rires, mes youyous, mon souffle
Mes pistes sinueuses, la mer bleue en cours
Glisse sur mes terrains, escalade mes monts.
Traverse Le blanc de l'Algérie ni peur, ni pont
Traverse ta ville, ta maison où l'on t'a vu naître
Tu aurais pu vivre, rester au pays de tes ancêtres.
Je t' aime mon tendre enfant, ne sais pas feindre
Essuies tes larmes, je ne veux pas que tu pleures
J' ai gardé ma terre avec l' amour de ton cœur
Ici ou là bas? Les âmes s'aiment et s'enlacent
Sur les dunes du désert d'amour s' embrassent
J' empreinte tes yeux bleus pour te laisser voir
Le soleil de l' Algérie effaçant ton amertume noire.
Par Fialyne
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Eldjazaïr, bladi
Même si ce regard si distant, sur moi, posé,
Créant le malaise pour parler ou causer
M'indexant de l'intrus ou de l'étrangère
Voulant m'étouffer sur la terre de mon père
Je reste fille d'ailleurs, du Maghreb d'antan
Fille de là bas mais ancrée des siècles durant.
Sur la terre de mes ancêtres, pas des colons.
Je suis paisible citoyenne d'Alger, de Poirson.
Ton Histoire mon pays est écrite sur ma peau
Et mon sang vif d'Afrique fière coule à flots.
Non, je ne changerai mes veines car je suis
Je te chéris mon beau pays, je ne te fuis
J'ai appris la vie sous la clarté de ton soleil
Nourrie de tes fruits et de tes merveilles
Pour tout cela et pour d'autres encore
Merci car je t'aime de plus en plus fort.
Par Fialyne
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Grand Alger
Alger,
Voilà Yvonne, voilà Simon
Voilà Ali ou Fatima
Sur le quai, un soleil de plomb
Avec son Marcel blanc moulant sa bedaine
Fernand moulinait la canne debout
L'eau chantante ondulait dans le port
Elle murmurait au pied du phare
Un chant doux sans sirènes
Tout au long de la baie
Le sol brûlait les pas
Le pêcheur sifflait tranquille
Il offrait son profil aux arcades de la ville.
Alger vue de la Passe
Ici et là étagées,
Alger de la Marine, Alger du Télémly
Alger de Bab-el-Oued
El-Biar ou Saint-Eugène
Belcourt, Clos Salembier,
Diar-es-Saâda
Alger, tous mes quartiers.
Alger, ses belles bâtisses
Son palais consulaire
Les boulevards sous les palmiers
Les squares et l'Amirauté
Les passants, les klaxons
Dans la grouillante rue d'Isly
Ses pavés et ses rails
Et son tramway bondé
Le tramway ralentit
Conduit par un sourire
Un jeune homme suspendu
Au charme d'une élégante
Algéroise endimanchée.
Sur les terrasses de Bab-el-Oued
Aux murs sculptés de claustra
Se suspendaient des fils tendus
Sur lesquels flottaient des tapis
Du linge et des peaux de mouton.
Des mômes sautaient de toit en toit
Depuis les espaces contiguës
Ils se coursaient sur la colline
Les terrasses chaulées et les toits
Baignés d'ombre et de soleil.
Casbah,
Sur les marches d'une ruelle
Un vieillard enturbanné
Proposait presque somnolant
Sur le sol ses marchandises
Des chéchias, des djellabas
Des burnous de laine ou coton.
Les passants de la rue fébrile
Portaient des habits tout fanés
Les femmes pressées se devinaient
Derrière un voile blanc, l'oeil farouche
Et la lèvre absente cachée,
Destinée aux alcôves
Des secrets de l'intime.
Alger,
La ville s'est parée d'arcades romaines
Elle s'affichait en arabesques
Etalait ses coupoles mauresques
Et les pointes de ses minarets.
L'Arabe et l'épouse du colon
Se croisaient sans même se connaître
Chacune dans l'aire d'une destinée
La dame en noire en parapluie
Flânait en quête de quelques emplettes
Quant à la Fatma elle vaquait
Un panier en rafia tressé
Accroché à sa ceinture
Elle travaillait pour sa survie
Pour nourrir sa progéniture.
Alger
La mer parle à tout citadin
De son sel et de ses bateaux
Elle emporte sur ses rochers
La jeunesse et ses rires
Qui se courbait sur l'eau marine
A la recherche de coquillages.
Sur le sable les parasols
Et les tissus en guise de tentes
Flottaient en liseré d'été
Devant les villas de la côte
Au Cap Matifou, les canisses
Cachaient des jardins parfumés
On s'asseyait dans l'eau de mer
Foulait la mer à perte de vue
Sur les longs sillons de sable
Que l'eau transparente offrait à la vue.
La mer boudeuse, la mer nerveuse
Sur la côte de Aïn-Taya,
Les corniches, le port de plaisance
Le sable fin et les pique-niques
Les plages de l'enfance révolue
Lapérouse, Jean-Bart et Surcouf
Devenues depuis des années
Tamenfoust, El Marsa, Aïn-Chorb.
C'est à Bérard, le Dauphiné
Et la Savoie qui s'imbriquaient
De vigneron en maraîcher.
C'est à Chéraga, dans les vignes
Entre menthe poivrée et verveine
Dans les bergeries et les champs
De géraniums et de jasmin
Qu'un peu des Alpes-Maritimes
Portait des fragrances et des sens
Aux parfumeurs de Paris...
Leïla
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ALGER de mon enfance...
Au bruissement de ton haïk de blancheur,
Mes maux bleus, aux poussières d'amertume, alarment
Les ruelles, où ma jeunesse, nue et belle, pleure
Son avenir meurtri, sous le bruit des armes.
Fantôme blanc, aux yeux hennés de désespoirs,
Rappelles-toi de l'éclat de tes atours,
Qui, dans mon cœur d'enfant, gravaient leurs mémoires
Et, à mes souvenirs, apportent leurs secours.
Vision d'ivoire lève les cieux aux mille essences,
Pour que ma nuit d'hiver se chauffe de tendresse,
Tel la plage où, perdure mon adolescence.
Alger, perle de mon enfance, souviens-toi
De la folie qui errait dans ma tristesse,
Elle vit encore pour me souvenir de Toi.
Pierre-Charles MAZELLA
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