Un monarque sage et clairvoyant
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Juba II est un roi berbère de la Maurétanie (partie occidentale de la Berbérie, à partir de l'actuel Maroc, en passant par tout le nord de l'actuelle Algérie, jusqu'aux frontières de l'actuelle Tunisie). Fils de Juba Ier, il est né vers 52 av. J.-C. et mourut vers 23 ap. J.-C. Durant tout sa vie il a règné sous la tutelle romaine à partir de sa capitale Caeserea (Césarée, en honneur à son bienfaiteur, mais appelée aujourd’hui Cherchell au centre-nord de l’Algérie, à environ 30 km à l’est de Tipaza).
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Un aguellid berbère élevé à Rome
Après la défaite de Juba I (qui a vécu de 85 à 46 avant l’ère chrétienne), par le dictateur romain, le célèbre Jules César, ce dernier avait fait une entrée triomphale à Zama (centre de la Tunisie). C'est dans l'habitation de l'aguellid défunt que le général romain décida du partage de l'Afrique et du sort de la famille royale de l’infortuné roi vaincu.
Juba II était alors âgé de cinq ans à peine et il fut envoyé en otage à Rome où il figura, par la suite, selon les coutumes militaires et politiques latines au triomphe de César derrière Vercingétorix de Gaule et Arsinoé, sœur de Cléopâtre la grande reine d’Égypte qui connaîtra le même sort plus tard.
Juba II est élevé dans une captivité dorée par Octavie, la sœur d'Octave-Auguste, le futur empereur romain sous le règne duquel l’Empire romain a atteint son apogée. Le jeune berbère s'attira l'amitié de son protecteur qui lui offre des occasions de se distinguer et de s'élever au rang des autres princes. Entre autres, Octave lui accorda le droit de cité romaine et Juba prenit, alors, les noms et prénoms de son protecteur : Gaius Iulius et il les transmettra plus tard à ses affranchis, mais il s'abstiendra de le porter après avoir reçu, plus tard, le titre de roi et d’aguellid de Mauritanie.
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Soldat dans les légions romaines
Sans doute, Juba II avait participé dans les légions romaines à la campagne menée par ses alliés romains en Orient de l’année 31 à 29 avant l’ère chrétienne contre Cléopâtre et le chef militaire romain, Marc-Antoine, qui était le mari de la célèbre reine égyptienne. Il devait sûrement participer aux campagnes militaires de Rome en Espagne de 26 à 25 où Octave apprécia sa fidélité et son adresse. C'est au retour de cette campagne qu'il reçoit en récompense une partie des États de Bocchus et Bogud, en Afrique du Nord, en plus de ce qu'il restait du royaume de son père.
Cléopâtre Séléné, fille de la grande Cléopâtre, dernière reine d'Égypte et de Marc-Antoine, qui avait été élevée avec son frère jumeau Alexandre Hélios par la sœur du grand empereur. C'est cette même Octavie, épouse répudiée de Marc-Antoine, qui avait élevé Juba II. Cléopâtre Séléné est couronnée à son tour en raison de son ascendance maternelle. Puis, elle est officiellement associée au pouvoir sans qu'il y ait, toutefois, partage territorial d'autorité. Ce territoire, malgré certaines amputations au profit des colonies romaines installées sur ordre du Sénat (début d’une véritable colonisation des terres d’Afrique pour en exploiter les multiples richesses) s'étend donc de océan Atlantique à l'ouest, à l'embouchure de l'Ampsaga (Oued El Kébir) à l'est et comprend les régions de Sétif au sud ainsi qu'une partie des territoires de la tribune qui porte le nom de Gétules du sud-est algérien et tunisien.
Avénement sur le trône de Mauritanie
Le rétablissement de ce vaste royaume, supérieur en superficie à celui de Massinissa dans ses grands jours (et qui était très vaste déjà), ne constitue pas pour autant un recul dans la politique coloniale romaine. Il marque seulement une pause. Auguste abandonna moins à Juba II la propriété que l'usufruit de son royaume, disposant des territoires, les divisant ou les morcelant à sa guise, sans que le roi numide ne manifeste la moindre résistance, tellement son esprit, par l'éducation qui lui avait été dispensée, était obnubilé par l'obédience à Rome et tout en admiration pour sa puissante tutelle.
Néamoins, son fond berbère ne disparut pas, et Juba II s'intéressa tout de même à ses origines et à l'étude du libyque et du punique (langue usitée à Carthage), langues de culture de ses ancêtres. Cet intérêt d'ordre culturel n'est pas accompagné d’un grand patriotisme et Juba ne ressentira probablement pas ce sentiment patriotique pour lequel luttèrent et moururent tant de Numides et de Maures.
En renonçant à l'annexion de la Maurétanie, l'empereur romain savait ce qu'il faisait : avec Juba II à la tête de ces vastes territoires où se sont enracinées de nombreuses colonies romaines indépendantes du roi, il pouvait, sans crainte, confier l'administration des indigènes à un chef «indigène» qui, plus habilement que des fonctionnaires romains, saurait maintenir la paix en faveur de l’Empire romain. L'Afrique continuera, donc à pourvoir Rome de ses produits divers en général et agricoles en particulier comme les céréales, l’huile, le cheptel, le fer, le bois etc.
Les Grecs (dont ilmaîtrisait bien la langue) lui érigèrent une statue auprès de la bibliothèque du gymnase de Ptolémée à Pausanias. Le règne de Juba II est marqué par son sens de la démocratie et l'attention qu'il eut pour son peuple.
Son fils et successeur Ptolémée de Maurétanie qui lui succèda et poursuivit en partie la politique de son père, mais n'héritera pas des vertus de celui-ci.
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Un homme de science et de lettres
Les loisirs que lui laisse l'administration de son royaume, Juba II les consacre à l'étude et bientôt, il acquièrt dans les sciences et dans les lettres une grande réputation non usurpée.
Toujours désireux de connaître ses origines, il fait remonter sa généalogie jusqu'à Hercule qui épousa la Libyenne Tingé (Tendja) veuve d'Antée de la légende grecque.
BGrand batisseur, il a fait construire de nombreux édifices publics, des places ou forums, des théâtres, des thermes, des temples, des jardins publics… Beaucoup de vestiges confirment la grandeur de Juba II qui possédait une grande puissance de travail et d'assimilation (sculpture, architecture…). Son œuvre est d'une grande valeur mais, malheureusement, n'a pas été conservée par le temps bien qu'elle ait permis à plusieurs écrivains grecs et latins d'y puiser leur documentation tant elle était riche en informations.
Il expédia de nombreux copistes dans les capitales du monde civilisé autour du Bassin méditerranéen pour lui rapporter les découvertes des penseurs de l'époque. Par ailleurs, il organisa des expéditions chargées de découvrir les sources du Nil qui étaient un sujet d’une grande énigme et d'étudier l'archipel des Canaries habitées, également, par des autochtones berbères.
Il avait écrit un traité sur son pays natal intitulé Libyca en trois volumes, contenant diverses connaissances en géographie, en histoire naturelle, en mythologie, ety en croyances de toutes sortes…
Juba II avait laissé de nombreux écrits sur les Assyriens, la Péninsule arabique, les plantes, ainsi que sur l’histoire romaine…
Il est connu des Grecs et des Romains en tant que savant, artiste, homme de lettres, auteur de plusieurs traités sur les lettres, la peinture, le théâtre, l’histoire, la géographie et la médecine. Il est à l’origine de la découverte de l’euphorbe (à laquelle il a donné ce nom, qui était celui de son médecin personnel) et son traité sur cette plante inspirera, plus tard, plusieurs médecins grecs.
Ses manuscrits sont autant de références pour plusieurs historiens grecs, tels que Tite-Live, Alexandre de Milet, Diodore de Sicile. Pline l'Ancien qui le cite dans ses livres dit de lui «qu’il était encore plus connu pour son savoir que pour son règne».
Son épouse, Cléopâtre Séléné, n'oubliera jamais, elle, ses origines grecques et égyptiennes, et elle obtient du roi son époux qu'ils soient tous deux ensevelis dans un édifice funéraire semblable aux pyramides d'Égypte.
Cela amèné l’aguellid à faire construire ce tombeau proche de Tipaza appelé de nos jours (sans doute à cause de l'inclusion ultérieure de fausses portes ornées de croix) le «Tombeau de la Chrétienne». En réalité, il s’appelle le Tombeau royal mauritanien. Ce superbe monument allie le tumulus funéraire berbère à la pyramide égyptienne par sa forme extérieure (forme cylindrique couvrant une base carrée et coiffée d'un cône en gradins) et il est visible à de dizaines de kilomètres à la ronde.
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09-11-2008
Mihoubi Rachid
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