Droudkel en «une» américaine
.
.
Une interview audio avec transcription en langues arabe et
anglaise et un très long article dans le New York Times, l'un des journaux les
plus influents aux Etats-Unis et dans le monde: Abdelmalek Droudkel, chef du
GSPC, a reçu hier une couverture qui fait rêver les chefs d'Etat.
C'est sans précédent pour un mouvement local internationalisé par voie de presse sous le label d'Al-Qaïda et qui aujourd'hui reçoit son baptême, si recherché, d'ennemi des Américains. Ainsi donc, cet illustre inconnu de l'Américain moyen rejoint dans la célébrité les «cheikhs» Oussama et Ayman ou le terrible Zarqaoui. Si en Algérie, le ministre de l'Intérieur a longtemps répugné - et il continue d'ailleurs à le faire - à parler de la désormais célèbre Al-Qaïda du Maghreb, pour se contenter de ce qu'il connaît, le GSPC, voilà qu'on est dans une nouvelle complication.
Le GSPC, mouvement djihadiste local, devient «américain», après être devenu «international» par la grâce d'un communiqué d'adoubement d'Ayman Eddhawihiri. La nébuleuse d'Al-Qaïda a si largement servi la politique guerrière américaine qu'on ne peut qu'être circonspect sur les raisons purement médiatiques de l'intérêt du grand New York Times pour le sieur Droudkel.
C'est qu'il est connu que sans être les serviteurs grossiers de l'Administration ou des services américains, les journaux américains, et davantage pour les plus importants d'entre eux, font partie de ce qu'on appelle l'establishment, celui qui fixe les lignes et les priorités. Objectivement, et en dépit des exagérations aux finalités douteuses, le GSPC cause surtout du tort à l'Algérie, il n'en cause pas aux Américains. Il y a donc un questionnement légitime sur les raisons qui font que le New York Times fasse entrer le GSPC - alias Al-Qaïda du Maghreb - dans les chaumières des Américains, déjà saturées par la présence envahissante et très fantasmée d'Oussama Ben Laden ou d'Ayman Eddhawihiri.
Il serait bien entendu ridicule d'affirmer que le New York Times puisse être un instrument docile de la Maison-Blanche ou de la CIA. Pour paraphraser le fameux slogan, en matière de presse, cela ne se passe pas comme ça chez McDonalds. Cela se passe bien autrement. Les journaux puissants aux Etats-Unis font partie de la sphère dirigeante américaine, cette sorte «d'Etat profond» qui décide des grandes priorités et qui désigne les buts et les ennemis.
Le grand New York Times a par exemple, quitte à s'amender par la suite, trop paisiblement relayé et défendu les mensonges grossiers de l'Administration américaine sur les présumées armes de destruction massive irakiennes. S'il s'est amendé par la suite, c'est bien parce que les choses sont devenues trop évidentes. Mais en termes d'action, le journal avait accompli son «devoir patriotique» en avalisant les mensonges.
C'est à cette aune qu'il faut décoder cet intérêt,
absolument démesuré, au regard de la menace que le GSPC représente pour les
Etats-Unis. De là à penser qu'il va devenir un «argument» de la politique US à
l'égard de l'Algérie, il y a un pas qui peut être facilement franchi...
.
.
par K. Selim
2-6-2008
.
.
.
.
.
Le journal américain New York Times, dans son édition du jour, publie une interview audio de Abdelmalek Droudkel, chef du GSPC, devenu Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). C’est la première fois que Droudkal accord une interview à un journaliste occidental : il répond, via une cassette transmise par un intermédiaire, en arabe à des questions posées par écrit par un journaliste du New York Times.
Dans cet entretien exceptionnel, Droudkel affirme que son mouvement est directement aidé par le réseau terroriste Al-Qaida, sans préciser la nature de l’aide reçue. « Nous et Al-Qaida sommes un seul corps et il est tout à fait naturel qu’on se renforce mutuellement avec tous les moyens », a-t-il souligné. Il explique également que son mouvement possède des sympathisants en Europe et dans d’autres pays musulmans. Selon Droudkel, la majorité des terroristes qui opèrent en Algérie sont des Algériens. Mais, a-t-il précisé, un nombre signifiant de «combattants» proviennent d’autres pays voisins : Mauritannie, Libye, Maroc, Tunisie, Mali et Niger.
Dans cet entretien, le chef du GSPC se montre particulièrement virulent à l’égard des Etats-Unis. Il accuse Washington de piller les richesses de l’Algérie, d’avoir installé une base militaire dans le sud du pays et ouvert un bureau du FBI à Alger. Selon lui, l’ambassade américaine à Alger a presque les mêmes missions que celle des Etats-Unis en Irak, en se mêlant notamment de la politique algérienne. « Nous nous sommes retrouvés sur la liste noire de l'administration US, accusés de terrorisme. Puis nous nous sommes aperçus que l'Amérique construisait des bases militaires dans le sud de notre pays, organisait des manœuvres, s'emparait de notre pétrole et prévoyait de prendre notre gaz ».
Dans ce contexte, l’AQMI «n'hésitera pas à frapper les Etats-Unis quand nous le pouvons et où nous le pouvons, où que ce soit dans le monde. » "Tout le monde doit savoir que nous n'hésiterons pas à frapper les Etats-Unis quand nous le pouvons et où nous le pouvons, où que ce soit dans le monde», a-t-il ajouté.
Plus globalement, Abdelmalek Droudkal promet de nouvelles attaques contre les intérêts occidentaux en Algérie et dans la région du Maghreb. Au passage, il réaffirme la responsabilité de son mouvement dans les dernières opérations terroristes : attentat du 11 décembre contre le siège de l’ONU à Alger, attentat contre l’ambassade d’Israël en Mauritanie, enlèvement de deux touristes autrichiens à la frontière algéro-tunisienne…
Selon des «officiels militaires américains», cités par le New York Times, l'AQMI dispose en Algérie de 300 à 400 combattants, principalement cachés dans les montagnes à l'Est d'Alger, ainsi que d'un réseau de soutien estimé à quelque 200 personnes dans le reste du pays.
Article : toutsurlalgerie.com
.
.
.
Ding !
Certains
Algériens sont tellement ridicules qu'on se demande pourquoi ils n'en
meurent pas, par hygiène. Le chroniqueur l'a déjà écrit: là où
Zawahiri, le numéro 2 d'El Qaïda est chirurgien, issu de la bourgeoisie
alexandrine, les meilleurs émirs de notre tragédie n'ont pas dépassé le
stade manuel du tôlier. On comprendra alors pourquoi, aujourd'hui, et
selon le «New York Times», l'actionnaire principal du GSPC n'hésite pas
à menacer de frapper l'Amérique, en Amérique même, à partir des deux
dunes qui lui servent de camouflage de lézard. Avec quoi le fera-t-il ?
Avec les poignées de sable qui faisaient «exploser» les chars russes en
Afghanistan selon la mythologie des années 80? Lorsqu'on est «arabe»,
légèrement humaniste, rétif à l'offre «indigénisante» de l'Occident
mais allergique à la conquête de la lune par les ablutions et la
fabrication du «Windows» par le henné des barbes, le genre de propos
rapportés et commentés par le journal US sur un petit pirate des
sables, noue la gorge: pourquoi les islamistes sont-ils aussi idiots
avec leurs «ennemis» et aussi rusés avec leurs compatriotes? Pourquoi
ressemblent-ils tant à des ventriloques ou des «sauvages» à ressorts,
chaque fois que l'Occident les appelle au téléphone pour leur accorder
un peu de visibilité et les faire jouer comme des singes suspendus à
des lustres? Pourquoi les djihadistes restent, à la fois, aussi naïfs
et aussi assassins malgré le temps et l'évolution biologique? Pourquoi
continuent-ils à jouer les indiens d'Hollywood alors qu'ils ne sont
même pas payés et «répondent-ils» à la lettre et la virgule près, à ce
qu'on veut les entendre dire, pour des calendriers précis et à des
moments précis? Réponse: parce que. Parce que si on enlève le tarbouche
et les babouches, il s'agit de la même logique «safari» qui partage le
monde en villes et lumières, et en jungles et buissons. Il ne faut pas
se raconter des histoires: si les «sauvages» ont disparu ou n'ont
survécu que sous le statut, justement, de «sauvages» sur commande,
c'est parce qu'ils étaient faibles, idiots, en sous nombre mais surtout
naïfs comme des dauphins piétons. Eternellement, il s'agit de la même
technique: le «sauvage» ne l'est pas, pendant des millénaires, jusqu'à
ce que débarque l'homme blanc qui le tue ou lui donne un rôle.
C'est-à-dire lui impose la sauvagerie comme statut et ses enfantillages
guerriers (danse, mime et javelots) comme fonction. D'où le Droudkel
d'aujourd'hui, son sable, son interview «de cannibale anthropologique»
dans le «New York Times», montreur de monstres, et sa mission
zoologique d'épouvantail parlant dans l'opinion des classes moyennes
US. Au box office de la propagande, il bénéficie de la «fraîcheur» des
jeunes talents et fait oublier un peu les messages usés de Ben Laden et
de son acolyte. Comme le remarqueront nos confrères qui ont commenté
cette «fabrication» dans le tas, c'est l'Algérie qui fait office
d'arrière-plan à la prise de photo de cette homme des sables mouvants.
Le pays en prend un sacré coup et le reste du monde ne va retenir,
désormais, de cette terre, que cette image de jungle sans arbres, dans
un désert sans paix.
La conclusion? Tout le monde sait que la
plus grande «bravoure» d'un Djihadiste, de l'Irak au Maroc, c'est de
vouloir tuer un Américain en faisant exploser cent arabes qui ne
faisaient que passer par-là, puis aller crier victoire sur le mal et
demander son ticket au Paradis.
Que veut Droudkel? «Défendre»
la terre d'Islam, le pétrole et l'Islam lui-même en tuant des touristes
et des guides désarmés. Que fait Droudkel? Le contraire: il aide les
Américains à terroriser les électeurs américains, il aidera à élire Mc
Caïn et mènera les foreuses et les Gi's jusqu'aux puits de pétrole le
plus enclavés de la région, la plus déserte. Merci.
par Kamel Daoud
3-7-08
.
.
.
Le projet satanique d’Al Qaida
Les ÉTATS-UNIS ISLAMIQUES DU MAGHREB
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
La Qaïda au Maghreb n'a d'autre choix que de reprendre le modèle insurrectionnel afghan : incursions sanglantes dans les villes, voitures piégées, attentats-suicides, bombes artisanales.
Stratégie de la reconquête au Maghreb ? Tel semble être l'axe prioritaire d'Al Qaïda. Un nouveau Maghreb islamique à l'ordre du jour, donc. Il aura pour nom, les Etats Unis islamiques du Maghreb. Voici un an, au lendemain des attentats sanglants d'Alger, le 11 avril 2007, le chef de cette organisation lançait cet appel dans un communiqué : « Les enfants de Okba et de Tarek sont de retour… » Référence à deux généraux qui ont fait la gloire de l'islam conquérant, Okba Ben Nafii et Tarek Ben Ziyad ; c'était il y a quatorze siècles…
Sans refaire l'histoire, un certain nombre de repères doivent être mis en évidence : ils éclairent la situation actuelle. Une chose est sûre ; c'est l'occupation de l'Irak depuis 2003 qui va être le vecteur de promotion et d'élargissement de l'islamisme radical sous la bannière d'Al Qaïda . Plus encore : un référent et un modèle qui reproduit tant l'organisation que la stratégie et l'idéologie.
Influence
L'allégeance publique de Zarqawi à Ben Laden, à la fin 2004, donne à Al Qaïda en Mésopotamie (l'Irak) une articulation et une dimension nouvelles ; c'est ce qui va lui permettre de rallier un grand nombre des jihadistes internationaux et une majorité de combattants étrangers désireux de rejoindre l'Irak. Dans le même temps, est créée une brigade spéciale de “candidats au martyre” baptisée Al Barrâ Ben Malek, du nom d'un des illustres compagnons du Prophète. Suit le Conseil consultatif des Moudjahidin en Irak en janvier 2006 avec à sa tête un émir, Abou Hamza Al Mouhajir. Un Etat islamique est annoncé, avec à sa tête, le cheikh Abou Omar Baghdadi, proclamé Commandeur des Croyants. C'est évidemment un Etat virtuel, mais il se veut le porte-parole et le défenseur de tous les mouvements islamistes en lutte.
C'est dans cette perspective qu'Al Qaïda se dirige de plus en plus vers l'Afrique. Les justifications avancées à cet égard ne manquent pas d'intérêt : recrutement de nombreux chefs et de membres actifs ; actions opérationnelles présentées comme des succès (attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie ; grande bataille en Somalie ; contrôle de certaines régions du Soudan ; opérations après le 11 septembre 2001 - Mombassa au Kenya, Djerba, Casablanca, Charm El-Cheikh, Sinaï,… état général du continent miné par les luttes tribales et les conflits, crise sociale…) De quoi mettre un exergue l'intérêt stratégique de ce continent, lié par l'Afrique du Nord à l'Europe et qui est, de surcroît, riche en ressources. En somme, comme le relève une revue islamiste, “une terre fertile pour cultiver le courant jihadiste…”
Cette vision stratégique étant clarifiée, voilà qu'a été mise sur pied la branche Al Qaïda au Maghreb. Celle-ci va ainsi fédérer tous les Islamistes en Afrique du Nord et au Sahel. Objectif prioritaire donc, la création des Etats Unis islamiques du Maghreb. C'est du gagnant-gagnant : pour l'organisation de Ben Laden, c'est un redéploiement de son influence et de son action sur une nouvelle partie du monde musulman où elle était plutôt en retrait ; pour les groupements locaux, ils acquièrent pratiquement un statut de “franchisés” liés au “Label Al Qaïda”, ce qui ne peut qu'accroître leurs activités militaires, leur notoriété et leurs possibilités de recrutement. De plus, c'est la quatrième branche armée d'Al Qaïda, après celles d'Afghanistan, d'Irak et d'Arabie saoudite.
Sur la base d'un document saisi, voici deux ans, les services de sécurité marocains ont pu mesurer le grand danger que représentent pour le Maghreb les divers groupes terroristes. En recoupant notamment la nouvelle structuration régionale groupant le GSPC algérien, le GICM marocain, le GICL libyen, le GICT tunisien ainsi que d'autres groupuscules. Et c'est en janvier 2007 qu'est annoncée officiellement la création de cette nouvelle branche d'Al Qaïda.
L’attentat de Hay El Farah à Casablanca, le 10 avril 2007.
Recrutement
.
En particulier, sont surmontées les rigidités organiques et culturelles entre les jihadistes marocains et algériens, ce qui permet au GSPC algérien - jugé plus expérimenté et plus avancé - de prendre la direction de cette entité régionale. Mais il ne faut pas pour autant s'y tromper. Al Qaïda au Maghreb n'est pas que la continuation et le prolongement de l'ex-GSPC, elle est plutôt l'expression organisationnelle et opératoire des mouvements salafistes de l'ensemble de l'Afrique du Nord.
Cela dit, quelles sont les priorités d'Al Qaïda au Maghreb ? Évidemment, le soutien à la résistance irakienne contre l'occupation étrangère - américaine pour tout dire. La dimension politique de ce combat est décisive, elle supplante l'aspect proprement religieux que sont le jihad et le martyre. Est pratiquement reléguée en arrière-plan la cause nationale, qui n'offre d'ailleurs plus de capacité de mobilisation. Rien d'étonnant à cela, parce que les combattants privilégient la question identitaire : ils se pensent comme musulmans et mettent ainsi en avant la solidarité entre les croyants. Le spécialiste de l'organisation d'Al Qaïda, Mathieu Guidère, l'a souligné dans plusieurs des ouvrages, notamment son dernier livre Al Qaïda à la conquête du Maghreb, paru aux éditions du Rocher, en septembre 2007.
Croisade
Si l'on veut affiner davantage, on peut cependant identifier deux modèles d'Al Qaïda accolés l'un à l'autre : celui de l'Afghanistan et celui de l'Irak. D'un point de vue politique et géographique, leur situation est proche de celle des Moudjahidines opérant en Afghanistan, au Pakistan et en Tchétchénie. Mais sans l'angle culturel et opérationnel, les jihadistes maghrébins partagent bien des traits et des comportements avec les combattants sunnites irakiens. N'ayant point le soutien populaire - sur lequel elle sait qu'elle ne peut pas compter - l'organisation Al Qaïda au Pays du Maghreb islamique n'a pas de capacité de mobilisation à l'irakienne face à l'occupant étranger. Alors, elle n'a d'autre choix que de reprendre le modèle insurrectionnel afghan : incursions sanglantes dans les villes, voitures piégées, attentats-suicides, bombes artisanales. Mais, suivant le modèle afghan, elle reste cantonnée dans des régions difficiles d'accès (montagnes, forêts, déserts…).
Des vidéos et des publications de l'ex-GSPC montrent bien que, depuis 2005, ce groupe assure une plateforme de formation et d'entraînement pour les jihadistes d'autres pays du Maghreb et du Sahel. Il encadre et forme aujourd'hui des combattants de cette région pour le compte d'Al Qaïda en Irak, mais aussi pour ses alliés maghrébins, sans oublier d'autres pays (Niger, Nigéria, Tchad, Mali). C'est un réseau qui a ainsi été mis en évidence par les services de sécurité algériens, marocains, tunisiens et mauritaniens et ce entre 2005 et 2007.
.
Suicides
Cette restructuration est servie par une propagande tous azimuts, à telle enseigne qu'Al Qaïda s'apparente à une véritable agence de communication efficace, instrumentalisant les faits et les événements de l'actualité internationale : déclaration du Pape Benoît XVI, le 12 septembre 2006, sur l'Islam, référence à la “croisade” du président Bush. En avance sur les appareils sécuritaires des États, Al Qaïda s'approprie l'Internet, qui diffuse toutes sortes de documents (écrits, audio, vidéo). C'est en même temps la mondialisation de la communication aux quatre coins de la planète. Ce qui permet de connecter et de faire interagir des individus et des communautés sans qu'elles aient même à se rencontrer. Ce sont des communautés virtuelles qui se sont créées et mises en place, tissant une gigantesque toile d'araignée qui n'est ni saisissable ni punissable en termes répressifs et sécuritaires.
La fonction idéologique, elle, est tout aussi importante. Derrière toute la propagande d'Al Qaïda se distingue l'idéologie de la Oumma mobilisée, combative, pour se réapproprier la mémoire du Jihad et en la faisant se libérer de l'occupation étrangère - Irak et ailleurs. D'où le défi de l'extension de l'idéologie jihadiste dans le monde musulman. En somme, le Jihad comme solution miracle. Le manuel de recrutement d'Al Qaïda le rappelle en ces termes sans équivoque : “La Oumma s'est déchirée le jour où elle a abandonné le Jihad et ne s'est rassemblée de nouveau que grâce au Jihad”.
L'anti-sémitisme et l'anti-américanisme sont les composantes de ce que l'on pourrait appeler l'“axe du mal”. Une attitude confortée ces dernières années par les dénonciations répétées du président iranien Ahmadinejad sur la présence “sioniste” au Moyen-Orient comme étant la cause de tous les maux de la région.
Par ailleurs, cette idéologie s'accompagne aussi du “martyrisme”, autrement dit cette focalisation des groupes d'Al Qaïda sur une sorte de théologie du martyre (chahada) qui serait le but ultime de la lutte armée.
D'où le recrutement de kamikazes prêts au sacrifice de leur vie au nom de la religion pour exécuter des attentats suicides. Il s'ensuit que le “martyre” est devenu l'acte d'accomplissement des deux formes du Jihad de la tradition islamique : “l'effort de l'âme” (Jihad al Nafs) et “l'effort du corps” (Jihad al Jassad).
Procès des recrues jihadistes marocains pour l’Irak.
Salé, 10 juin 2008
.
Oumma
Si bien que dans la planète d'Al Qaïda et de ses membres, le “martyre” représente aujourd'hui, dans l'imaginaire islamiste, le summum du Jihad. Ce phénomène pèse de tout son poids au Maroc. Les estimations faites placent le Royaume au premier rang des pourvoyeurs de combattants étrangers en Irak. Et des centaines de jihadistes sont sur place pour combattre les forces de l'occupation en Irak. A telle enseigne qu'Al Qaïda d'Irak a placé un Marocain, Abou Oussama Al Maghribi, à la tête du classement de ses “grands martyrs”. Rien qu'en 2006, une centaine de combattants marocains ont été arrêtés aux frontières irakiennes. Une filière de recrutement a été neutralisée par les services marocaines et espagnols à Sebta et Melilia. L'analyse dominante qui est faite est que le Maroc possède un « potentiel de martyrs » pouvant être mobilisé contre la “collaboration avec l'Occident” et le “choc des civilisations à l'intérieur même du Maroc“ entre les deux Maroc.
Pour l'heure, la tactique opérationnelle jihadiste au Maroc est celle de la “petite taille” (cibles humaines et objectifs circonscrits). Mais rien n'exclut le recours à la seconde tactique, celle pratiquée en Irak et ailleurs -en Algérie par exemple, le 11 avril 2007-, où ce sont des cibles de “grande taille” qui sont retenues (administration, casernes, camps militaires…).
.
.
..
.
.
.
Recrutés au Maroc pour des attentats en Algérie
Un réseau démantelé par la police marocaine
Dans
sa quête d'intensifier ses ramifications au Maghreb, l'internationale
terroriste Al-Qaïda vient de subir un nouveau revers avec le
démantèlement au Maroc d'un troisième réseau de recruteurs de
kamikazes, et ce depuis le début de l'année.
Selon l'agence
marocaine MAP, qui cite des sources policières, les services de
sécurité marocains ont arrêté récemment trente-cinq personnes qui
recrutaient des volontaires pour Al-Qaïda en Irak et en Algérie. Selon
ces mêmes sources, le réseau démantelé a recruté et convoyé une
trentaine de candidats aux opérations kamikazes en Irak et trois
volontaires pour la branche armée d'Al-Qaïda au Maghreb islamique
(BAQMI). Sans toutefois citer la date exacte de ces arrestations, la
MAP souligne que les interpellations ont eu lieu dans plusieurs villes
du royaume. « Les suspects projetaient également des actes terroristes
au Maroc », a aussi indiqué la source policière.
Ces
interpellations coïncident avec les vastes opérations menées dans
plusieurs villes européennes, notamment en Espagne, en France et en
Belgique, contre les réseaux de recruteurs de volontaires vers l'Irak
et les réseaux de soutien logistique aux groupes terroristes en
Algérie.
Les services de sécurité algériens avaient, à
maintes reprises, fait état de la présence de terroristes étrangers
parmi les phalanges de la branche armée d'Al-Qaïda. Ces terroristes,
recrutés par des réseaux marocains, étaient envoyés vers les camps
d'entraînement de l'ex-GSPC dans les maquis algériens.
Officiellement, il s'agit du troisième réseau terroriste démantelé au
Maroc ces six derniers mois. En février, la police avait annoncé
l'arrestation de 36 personnes appartenant à un réseau terroriste dirigé
par un Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj. Le 19 mai dernier, la police
marocaine avait démantelé un réseau terroriste de 11 personnes qui
projetaient des actes terroristes au Maroc et en Belgique. Ces 11
personnes, dont un Marocain résidant en Belgique, ont été arrêtées dans
les villes marocaines de Fès et Nador. L'agence marocaine MAP avait
indiqué que ce réseau projetait des actes terroristes au Maroc et en
Belgique. Les personnes arrêtées sont en relation « avec des filières
d'acheminement de volontaires en Irak et pour les camps d'Al-Qaïda au
Maghreb islamique, en Algérie », avait affirmé l'agence marocaine. Une
source proche du gouvernement avait indiqué que le réseau démantelé
n'avait rien à voir avec celui de Abdelkader Belliraj, composé de 35
personnes écrouées le 29 février à Salé, près de Rabat, et poursuivies
pour terrorisme. Des 11 personnes arrêtées, dont Mohamed Bekkali, un
Marocain résidant en Belgique, sept ont été placées en détention
préventive et deux sous contrôle judiciaire. Pour absence de preuves,
le juge avait décidé de ne pas en poursuivre deux.
Un
bâtiment de l'Union européenne et un hôtel bruxellois faisaient partie
des cibles de ce réseau, avait rapporté la radio belge VRT. Les sept
inculpés sont poursuivis notamment pour « constitution de bande
criminelle dans le but de préparer et commettre des actes terroristes,
atteinte aux valeurs sacrées, apologie du terrorisme et réunions
publiques sans autorisation ».
Toujours en mai dernier, le
tribunal antiterroriste marocain de Salé avait condamné à des peines
allant d'un à huit ans de prison les 29 agents recruteurs présumés pour
l'Irak, dont un Suédois d'origine marocaine. Le principal accusé,
Khalid Ould Ali ben Tahar, a écopé de 8 ans de réclusion, un autre de 7
ans, six ont eu six ans, sept se sont vu infliger 4 ans et 4 prévenus
trois ans, dont Ahmed Essafri, 54 ans, un Suédois d'origine marocaine,
marié à une Suédoise. En outre, huit autres prévenus devront passer
deux ans sous les verrous et deux accusés qui comparaissaient en
liberté provisoire ont été condamnés à un an de prison. Démantelé en
2007, le réseau était composé à l'origine de 30 personnes, dont l'une
est décédée en prison. Les 29 hommes sont poursuivis notamment pour «
recrutement de Marocains pour l'Irak » et « constitution de bande
criminelle dans le but de préparer et de commettre des actes
terroristes ». Ils étaient, selon l'accusation, membres d'une cellule
dite de Tétouan, une structure terroriste aux ramifications
internationales, spécialisée dans le recrutement et l'acheminement de
volontaires marocains pour l'Irak.
.
par D. Belaïfa
3-7-2008
.
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5106043
.
.
.
Les commentaires récents