Parution
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Albert Camus
1) La Peste
Paris : Gallimard, coll. "Folioplus classique", 2008.
Texte intégral + dossier par Mériam Korichi
Lecture d'image par Bertrand Leclair
Présentation de l'éditeur
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« C'est moi qui remplace la peste », s'écriait Caligula, l'empereur dément. Bientôt, la « peste brune » déferlait sur l'Europe dans un grand bruit de bottes. France déchirée aux coutures de Somme et de Loire, troupeaux de prisonniers, esclaves voués par millions aux barbelés et aux crématoires, La Peste éternise ces jours de ténèbres, cette « passion collective » d'une Europe en folie, détournée comme Oran de la mer et de sa mesure.
Sans doute la guerre accentue-t-elle la séparation, la maladie, l'insécurité. Mais ne sommes-nous pas toujours plus ou moins séparés, menacés, exilés, rongés comme le fruit par le ver ? Face aux souffrances comme à la mort, à l'ennui des recommencenments, La Peste recense les conduites ; elle nous impose la vision d'un univers sans avenir ni finalité, un monde de la répétition et de l'étouffante monotonie, où le drame même cesse de paraître dramatique et s'imprègne d'humour macabre, où les hommes se définissent moins par leur démarche, leur langage et leur poids de chair que par leurs silences, leurs secrètes blessures, leurs ombres portées et leurs réactions aux défis de l'existence.
La Peste sera donc, au gré des interprétations, la « chronique de la résistance » ou un roman de la permanence, le prolongement de L'Étranger ou « un progrès » sur L'Étranger, le livre des « damnés » et des solitaires ou le manuel du relatif et de la solidarité - en tout cas, une œuvre pudique et calculée qu'Albert Camus douta parfois de mener à bien, au cours de sept années de gestation, de maturation et de rédaction difficiles...
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Albert Camus
2) La Chute
Paris : Gallimard, coll. "Folioplus classique", 2008.
Texte intégral + dossier par Sophie Doudet
Lecture d'image par Alain Jaubert.
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E x t r a :
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Quand on examine le tout attentivement, sans idée préconçue, on ne tarde pas à constater que l'univers n'a aucun sens. Aucun. Albert Camus, qui maîtrisait avec une dextérité belle à voir et à entendre le parler écrit, appelait ça «le silence déraisonnable du monde». Camus, d'ailleurs, fut en son temps un sacré joueur de soccer, gardien de but du Racing universitaire d'Alger. Imaginons un instant qu'il fût passé chez les professionnels et eût mené une longue carrière, au football par exemple: ç'aurait donné des entrevues d'entracte pas piquées des lombrics. «Aujourd'hui, maman est morte et puis euh.» Mais non, on sait bien, il n'y a pas de Prix Nobel de littérature dans la Ligue nationale de foot. Même pas proche.
En passant, comme il y a tout dans le cyberespace, on y trouve un document montrant Camus qui assiste à un match de foot.
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http://tinyurl.com/2e5je7
L'image est un peu floue, mais c'est la faute de l'univers qui n'est pas plus clair qu'il ne le faut lui-même.
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Ding ! Année Du Rat -en Chine-, ANNEE DE TOUS LES DANGERS !
L'année du rat » m'interpelle, elle succède à l'année du cochon qui illustrait bien l'extension de la pornographie dans nos mœurs, je veux ici parler de mes mœurs.
Je me suis demandé ce qu'évoquait pour moi « le rat » ? Chacun peut se poser cette même question
MON « RAT » A MOI :
La première image forte, très forte, inscrite depuis mon enfance est littéraire.
Ainsi débutait « LA PESTE » d'Albert CAMUS, qui depuis ma première lecture adolescente me fit lier cette image du « rat mort » au péril qui s'annonce et que personne ne veut identifier… « Ils sortent, on en voit dans toutes les poubelles, c'est la faim ! » dit un passant dans le premier chapitre…
En quelques jours l'horreur couvre la ville et deviendra révélatrice de l'immense diversité des comportements humains ; grandeur ou misère, héroïsme ou lâcheté, tourbillon de nos imprévisibles attitudes…
La « peste noire » d'Oran était bien sur aussi l'allégorie de la « peste brune » qui ravageait l'Europe. Le « rat mort » de Camus signait déjà la venue de la « bête immonde » de BRECHT, celle que l'on combat ou que l'on flatte selon son courage et selon sa perception du péril…Depuis cette lecture je savais que la vision du « rat mort » recense nos conduites et qu'il ne suffit pas de pousser la bête vers l'égout, sauf à consentir y sombrer un jour aussi. Sale rat !
J'ai bien sur croisé d'autres rats dans ma vie, si j'ose m'exprimer ainsi, aucun n'a éffacé cette image primitive de l'indice du mal, image aveuglante dans son évidence, décrite par CAMUS.
Il y eut pendant mes années de jeunesse et vers la fin de la guerre d'Algérie cette insupportable contamination du langage de certains pieds noirs ou militaires qui réduisaient un peuple à quelques invectives infâmes ; les « fels » (fellaghas), mais aussi les « bougnouls » ou les… « ratons ». J'avais déjà lu Camus et Frantz Fanon et ces mots me donnaient la nausée… Ce raton là était le « rat » de notre mémoire coloniale, miroir de notre abjection qui ronge encore les esprits dérangés d'une partie de la classe politique en France.
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Le dernier « rat » de ma mémoire est Mickey Mais ce rat là le Mickey emblème d'un univers factice n'est qu'un petit rat sympathique, il nous invite à regarder battre les cils de Minnie pour oublier l'ombre de Picsou qui dirige le monde…Ce « rat Mickey » est une insulte faite au peuple qui croyait avoir élu un président et retrouve un animateur de parc d'attraction ; mais attention on visite désormais aussi les abords de Guantanamo comme un parc d'attraction comme les autres…
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Peut-être que le « RAT » sera « homme de l’année » en UNE de quelque prestigieux magazine…Pourquoi pas, si « Tout devient possible » ? Nous risquerions alors d’oublier qu’il peut aussi propager la peste, noire ou brune, comme dans le siècle tragique dont nous ne sommes sortis que pour oublier ce qu’il aurait pu nous enseigner…
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