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L’homme est, par nature, sujet à tous les désordres, à l’assouvissement de toutes les passions. A considérer l’humanité en masse et même dans sa partie la mieux cultivée, aucun frein ne peut arrêter l’homme sur la pente du dérèglement, sinon le représentant de Dieu.
«Lorsque, dit le Prophète, Dieu veut du bien à un homme, il lui établit et comme venant de lui-même, ce qui l’exhorte à faire du bien et à éviter le mal» «Sachez, créatures de Dieu, prêche l’imam Ali, que vous possédez en vous-mêmes, une sentinelle qui vous épie» «La conscience, définit le cheikh Mohammed Abdou, est le dictamen secret et spirituel (incorporel) qui ne cesse de prévenir et qui ne se trompe ni dans les avertissements ni dans l’énoncé des précautions qu’il donne» «Hélas ! gémissait le Vicaire savoyard, qui de nous n’entendait jamais cette importune voix ?» «Le déisme est l’infranchissable barrière qui préserve la conscience humaine et la met à l’abri du bigotisme des pharisiens et de l’athéisme des philosophes». «Seule la force des ordres de Dieu est capable d’empêcher les conflits d’intérêts, les empiétements sur le droit d’autrui et les maux qui en sont les conséquences» «Le grand objet, le grand intérêt, ce me semble, n’est pas d’argumenter en métaphysique, mais de peser s’il faut, pour le bien commun de nous autres animaux misérables et pensants, admettre un Dieu rémunérateur et vengeur, qui nous serve à la fois de frein et de consolation, ou rejeter cette idée en nous abandonnant à nos calamités, sans espérances et à nos crimes, sans remords.» «Le repos intime est en réalité le bien suprême que nous puissions espérer.»
«Pensiez-vous, déclare le Tout-Puissant que Nous vous avons créés en vain et que vous ne reparaîtriez plus devant nous ? «Qu’il soit glorifié, ce Dieu, le véritable Seigneur, il n’a point d’autre divinité que Lui.» «Dis : (0 Mohammed) Seigneur, efface mes péchés et aie pitié de moi ; tu es le plus clément des miséricordieux.». C’est ainsi que, nous musulmans, nous comprenons la religion et que nous jugeons la mission donnée par Dieu à ses Prophètes.
Comprendre l’apostolat des Prophètes autrement que comme celui d’éducateurs consacrés à l’humanité, leur attribuer la charge inhumaine d’imposer leur foi par le cimeterre, n’est-ce-pas attribuer à Dieu une incapacité en contradiction avec l’immensité même de son œuvre ? Vouloir démontrer que Dieu a de la sorte imposé la religion à sa créature, n’est-ce-pas abolir le principe du libre arbitre, principe sur lequel Dieu lui-même fonde son droit de nous juger dans ce monde et dans l’autre ?
«Si je n’étais point venu et que je ne leur eusse point parlé, avertit Jésus, ils n’auraient point le péché qu’ils ont ; mais maintenant ils n’ont point d’excuse pour leur péché.» «Nous n’avons point puni de peuple avant d’avoir suscité dans son sein un Prophète.» Tel est l’avertissement de Dieu à sa créature, avertissement révélé aux deux derniers Prophètes : «Afin que les hommes n’aient aucune excuse devant Dieu après l’envoi des Prophètes.» «Il vous prescrit comme religion ce qu’il avait recommandé à Noé ; celle qui t’est révélée (0 Mohammed), c’est celle que nous avons recommandée à Abraham, à Moïse, à Jésus, en leur ordonnant d’observer cette religion et de ne pas en altérer le sens par la division.»
La dernière expression de cette religion est l’Islam, do suprême but moral et social est clairement dans le verset suivant : «La piété ne consiste point à tourner vos visages (pendant la prière) du côté de l’Orient ou de l’Occident. Mais pieux celui qui croit en Dieu, au jugement dernier, aux anges, au Livre aux Prophètes ; qui, pour l’amour de Dieu, donne de son bien à ses proches, aux orphelins, aux pauvres, aux voyageurs et à ceux qui demandent la charité ; ceux qui rachètent les captifs ; acquittent la zakât (aumône) ; qui remplissent les engagements qu’ils contractent ; qui sont patients dans l’adversité, la souffrance et dans les moments de danger extrême. Voilà les croyants sincères, voilà ceux qui craignent Dieu.»
Ce
n’est pas la théorie qui fait le mérite d’une doctrine, c’est dans la
pratique que l’on peut mesurer son rôle éminemment social : «Vous
n’atteindrez la piété, dit le Prophète, qu’autant que vous dépenserez
en aumône ce à quoi vous tenez le plus» ; «tout musulman est tenu de
faire l’aumône. Mais fut-il répliqué envoyé de Dieu, et celui qui ne
possède rien ?
- Qu’il travaille de ses mains, il se rendra ainsi utile à lui-même et pourra faire l’aumône.
- Mais s’il ne trouve pas à s’occuper ?
- Qu’il aide le besogneux, le malheureux.
- Et s’il n’y en a pas ?
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Alors qu’il fasse le bien, qu’il s’abstienne de faire le mal et cela
lui sera compté comme aumône». A notre connaissance, il n’a jamais
existé de doctrine ordonnant à l’homme de travailler pour faire
l’aumône.
En ce qui concerne les rapports sociaux des hommes, les devoirs envers le prochain, Mohammed a prescrit la charité sous une forme tout à fait pratique, et partant efficace. Il a donné valeur légale au principe de l’assistance due aux faibles. Il a établi, par la voie de la plus haute autorité législative, que «les pauvres ont leur part dans la fortune des riches».
«L’institution de la zakât est aujourd’hui le seul moyen propre à remédier à la triste situation faite par l’incurie des autorités constituées aux membres honnêtes mais indigents des différentes classes sociales.» L’Islam impose, en effet, la fortune de 2,50% et par an, au profit des pauvres. Un musulman, pour être bon musulman, doit, sans aucune intervention de l’autorité, donner de bon cœur la zakat, en verser le montant dans la caisse des pauvres. Un milliard doit ainsi 25 millions par an.
Il est manifeste qu’un budget alimenté par de telles ressources supprimerait toute mendicité, toute pauvreté chez une population strictement musulmane. De plus, il aiderait à la marche de nombre d’institutions d’utilité sociale : hôpitaux, orphelinats, refuges pour veuves, asiles d’impotents et de vieillards, établissements d’éducation, d’apprentissage et autres.
«La grandeur de Mohammed, écrit Edgar Quinet, est d’avoir usurpé et dévoré d’avance toutes les révolutions de l’avenir au point de vue arabe», (lisez musulman). Et c’est pour cela «qu’on ne rencontrerait pas dans les villes arabes, ce contraste perpétuel de l’extrême opulence et de la profonde misère qui, dans les cités de l’Europe moderne, attriste les regards. Ni les mœurs douces des Orientaux, ni les préceptes du Coran, dans un temps où la loi du Prophète était scrupuleusement suivie, n’auraient pu le permettre. Le travail et la sobriété mettaient facilement l’aisance et le bien-être à la portée de tous, chez les classes inférieures.»
Si le Prophète a fait de la charité la base fondamentale de l’IsIam, il a recommandé aussi aux musulmans une perpétuelle activité : «Travaille comme un homme qui doit vivre éternellement et prépare-toi comme un homme qui doit mourir demain.» «La main la plus haute (celle qui donne) veux mieux que la main la plus la plus basse.» «Il vaut mieux que l’un de vous prenne une corde et qu’il parte vers la montagne, qu’il coupe du bois, qu’il le vende pour manger et faire l’aumône, plutôt que d’aller mendier.» «Jamais homme ne mange d’aliment meilleur que celui produit par ses mains et David, le Prophète de Dieu, se nourrissait de son travail.»
«Les neuf dixièmes de la fortune sont dans le commerce et le dixième restant dans l’élevage.»»Cultivez et multipliez les bêtes de labour, car l’agriculture est pour vous un bien béni.»»Demandez la fortune aux bas-fonds de la terre.» «Si le jour du jugement dernier arrive et que quelqu’un d’entre vous se trouve tenant un rejeton de palmier, qu’il le plante quand même».
«Jamais ne peut être atteint par l’indigence
celui qui pratique l’économie.» «L’économie est la moitié de la vie.»
En pays musulman, la mendicité est interdite à l’homme valide. Le
Mohtassib (représentant de l’ordre) doit le punir «jusqu’à ce qu’il
change de vie.» Tels sont les enseignements de l’homme unique qui a
résolu à l’avance tous les problèmes sociaux imaginables…
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(A suivre)
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La Nouvelle REépublique le 18-9-07
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